La Banque d'Angleterre relève ses taux pour la douzième fois pour endiguer une inflation record

Pour la 12e fois consécutive, la Banque d'Angleterre (BoE) a relevé ses taux afin de tenter d'endiguer l'inflation au Royaume-Uni, la plus élevée des pays du G7.La hausse est de 0,25 point de pourcentage et les taux s'élèvent à 4,5%.
En mars, au Royaume-Uni, l'inflation a dépassé les 10%.
En mars, au Royaume-Uni, l'inflation a dépassé les 10%. (Crédits : Reuters)

 « Tuer la bête » qu'incarne l'inflation : c'est ce qu'avait demandé fin avril le FMI aux banques européennes et c'est bien ce que la BoE tente de faire en la traquant sans relâche. Elle vient de porter une nouvelle estocade en relevant pour la 12e fois consécutive ses taux. La hausse est de 0,25 point de pourcentage, ce qui amène ce le taux directeur à 4,5%, soit un pic depuis 2008 et le début de la crise financière.

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La BoE emboîte ainsi le pas à la Réserve fédérale américaine (Fed) et à la Banque centrale européenne (BCE), qui ont toutes deux relevé leurs taux la semaine précédente. Le Royaume-Uni ne devrait d'autant pas y échapper que cette inflation, qui a dépassé 10% sur un an en mars, alimente une crise du coût de la vie qui plonge de nombreux Britanniques dans la pauvreté. Certains économistes, comme ceux de Goldman Sachs, estiment que même la BoE va devoir remonter ses taux jusqu'à 5% quitte à plomber la croissance britannique.

Fin avril, le chef économiste de la BoE, Huw Pill, avait donné le ton : « D'une manière ou d'une autre, quelqu'un doit accepter que sa situation a empiré et arrêter d'essayer de maintenir son pouvoir d'achat ». Des propos très mal reçus par les syndicats alors qu'ils luttent contre l'effondrement du pouvoir d'achat : « les travailleurs n'ont pas besoin de cours d'économie » mais d'augmentations, a ainsi réagi le patron de la fédération syndicale TUC Paul Nowak auprès de la BBC.

Vers une baisse de l'inflation à 2% ?

Au Royaume-Uni, les prix régulés du gaz et de l'électricité s'étaient envolés en avril 2022, quelques mois après le début de la guerre en Ukraine, provoquant une montée de l'inflation qui disparaîtra ce mois-ci, remarque Paul Dales, de Capital Economics. « Cette année, l'inflation CPI pourrait chuter à environ 8% en avril, contre 10,1% en mars » estime-t-il. « Dans son rapport de mai, la BoE va probablement maintenir sa prévision que l'inflation va non seulement redescendre à 2%, mais même baisser au-delà en 2024 », juge Kallum Pickering, économiste chez Berenberg, dans une note.

Ce rapport sera également le premier à intégrer dans ses projections l'effet sur l'activité économique britannique de la crise bancaire qui a secoué les banques régionales américaines et provoqué le rachat à prix cassé de Credit Suisse par UBS.En février, la BoE estimait que PIB britannique se contracterait de 0,5% en 2023 et de 0,25% en 2024.

Même si plusieurs indicateurs économiques ont depuis dépassé les attentes de la banque centrale, l'effet conjugué des conséquences de la pandémie de Covid-19, du Brexit et de l'invasion russe de l'Ukraine risque de continuer à ternir les perspectives économiques britanniques.

Une hausse des taux qui ne devrait pas s'arrêter dans toute l'Europe

Au-delà du Royaume-Uni, il ne faut pas s'attendre à une baisse des taux en Europe. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a laissé la porte ouverte à de nouvelles hausses, dans une interview parue mercredi dans la presse japonaise. Lors des neufs derniers mois, l'institution monétaire européenne a « agi de manière très délibérée et décisive afin de lutter contre l'inflation » avec sept hausses de taux d'affilée jusqu'en mai, a rappelé la responsable, dans cet entretien accordé au quotidien Nikkei. La dirigeante française a toutefois reconnu qu'il restait « encore du chemin à parcourir ». Elle suggère ainsi que les gardiens de l'euro devront encore resserrer davantage la vis du crédit, son arme favorite pour abaisser les tensions sur les prix. Elle a des soutiens. « Sur la base des données actuelles, nous devrons continuer à augmenter les taux d'intérêt plus longtemps que prévu », a ainsi écrit Peter Kazimir, le gouverneur de la Banque de Slovaquie et membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), mardi sur son blog.

Dans une interview accordée mardi à la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Joachim Nagel, le président de la Banque Fédérale d'Allemagne pousse, lui aussi, en faveur d'un maintien de la hausse des taux. Selon lui, « les taux devraient continuer d'augmenter » pour poursuivre la lutte contre l'inflation, qui a regagné 0,1 point de pourcentage en avril, à 7% en avril dans la zone euro, malgré sept hausses consécutives en neuf mois qui ont porté les taux directeurs au-delà de 3%.

De son côté, la banque centrale américaine (Fed), malgré une timide baisse de l'inflation en avril, n'exclut pas un relèvement supplémentaire des taux lors de sa prochaine réunion, selon John Williams, le président de la Fed de New York, une semaine après une réunion qui avait marqué un changement de ton et laissé prévoir une pause : « nous n'avons pas dit que nous avions fini d'augmenter les taux », a-t-il déclaré.

L'inflation en Allemagne a de nouveau reculé en avril

 L'inflation en Allemagne a de nouveau reculé en avril à 7,2% sur un an, aidée par l'accalmie des prix de l'énergie, selon des chiffres définitifs publiés mercredi. L'indicateur poursuit son repli depuis le pic de l'automne dernier à 8,8%, a indiqué dans un communiqué l'institut Destatis, qui a ainsi confirmé une précédente estimation. Sur un mois, les prix grimpent en Allemagne de 0,4%, en données non harmonisées.  Les prix des denrées alimentaires, en augmentant de 17,2% sur un an, « restent le principal moteur » de l'inflation, explique Destatis. La hausse des prix de l'énergie, qui avait explosé en mars 2022 dans le sillage de l'invasion russe de l'Ukraine, navigue elle désormais en-deçà de l'indice global des prix. Elle a atteint 6,8% en avril, après 3,5% en mars. En dehors d'un effet de base, la baisse s'explique par la mise en place d'un frein sur les prix du gaz et de l'électricité, dispositif au cœur d'un paquet de 200 milliards d'euros débloqué l'an dernier par Berlin.

 (Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 11/05/2023 à 12:26
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y a pas 2% d'inflation quand il y a un deuxieme tour salarial! ils ont suivi des cours d'economie/econometrie ou, ces gens? faire la danse du ventre autour d'un poteau pour amener la pluie, ca ne marche que dans les films d'indiens d'amerique......so...

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