La "banque mondiale" chinoise ne prônera pas la privatisation et la dérégulation

La Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB) imposera moins de contraintes que les autres institutions internationales, comme la Banque mondiale, d'après l'agence Reuters. Une façon pour la Chine d'exprimer son scepticisme quant aux vertus des politiques libérales.
Laszlo Perelstein
Une cinquantaine de pays (dont la France, l'Italie, l'Allemagne et le Royaume-Uni) ont déjà rejoint l'AIIB.

Future rivale de Banque mondiale (BM) et de la Banque asiatique de développement (BAD), la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB) compte s'en démarquer. Si la nouvelle institution poussée par Pékin demandera aux projets d'être juridiquement transparents et de protéger les intérêts sociaux et environnementaux, rien ne concernera la privatisation ou la dérégulation des prêts, rapporte mardi 1er septembre Reuters citant quatre sources proches du dossier.

"L'AIIB suivra les conditions propres à chaque pays. Elle ne forcera par les autres à faire ceci et cela depuis l'extérieur", a expliqué une source proche des discussions internes à l'AIIB.

À travers des prêts d'ajustement, la Banque mondiale "soutient les réformes structurelles", comme elle l'explique dans son Guide de la banque mondiale. Ces prêts, qui représentent environ le quart du total des crédits de l'institution, comprennent notamment des mesures pour libéraliser l'économie, privatiser les entreprises publiques, dévaluer la monnaie ou encore augmenter les taux d'intérêts pour réduire l'inflation.

Lutte contre la domination occidentale

"En n'insistant pas sur des politiques de marché libre recommandées par la Banque mondiale, l'AIIB devrait éviter les critiques formulées à l'encontre de ses rivales, qui, de l'avis de certains, imposent des demandes déraisonnables aux emprunteurs", écrit Koh Gui Qing, correspondant à Singapour pour l'agence de presse britannique. Selon lui, cette volonté représente également "le scepticisme de la Chine vis-à-vis des vertus des politiques de marché libre défendues par l'Occident".

La création même de l'AIIB reflète la frustration de Pékin devant la domination des pays occidentaux dans les différentes institutions internationales que sont le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Une cinquantaine de pays (dont la France, l'Italie, l'Allemagne et le Royaume-Uni) l'ont déjà rejoint, faisant apparaître les États-Unis - très influents dans la BM et la BAD - isolés.

Fin mars, le secrétaire au Trésor américain, Jacob Lew, a néanmoins déclaré à son retour d'une visite en Chine que Washington était prête à accueillir l'AIIB à condition que cette institution "soit complémentaire des autres institutions financières internationales".

>> Opinion : Route de la Soie et banque asiatique : l'Europe doit s'intéresser aux projets chinois

Laszlo Perelstein
Commentaires 4
à écrit le 02/09/2015 à 15:39
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Nous pouvons compter sur la qualité des investissements et de la qualité des infrastructures... ... .. . Ne pas rire, ne pas rire, ne pas rire, ne pas rire...

le 02/09/2015 à 19:56
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Sinon, ça peut difficilement être pire que les us... Je vous sens moins rire, sur ce coup-là... Désolé (ou presque).

à écrit le 02/09/2015 à 15:38
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Dans la mesure ou c'est justement le manque de régulation des banques qui est en grande partie responsable de la crise mondiale, c'est plutôt une bonne chose qu'ils ne rentrent pas dans ce piège de la dérégulation à tout va. Autant la transparence...

à écrit le 02/09/2015 à 14:38
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Attendez, je ne comprends pas les vrais intérêts de La Tribune là-dessus. La France, ainsi comme la plupart des pays de l'UE s'est ruée vers la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB) pour figurer en tant que "membres-fondat...

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