
Sans surprise, la Réserve fédérale américaine (Fed) a augmenté ses taux d'intérêt d'un quart de point, pour les porter dans la fourchette de 2% à 2,25%, soit leur plus haut niveau depuis dix ans, à la veille de la crise financière. Il s'agit ni plus ni moins de la troisième hausse de taux décidée depuis le début de l'année et de la septième sur les huit derniers trimestres. La Fed en prévoit une autre d'ici la fin de l'année, trois de plus l'an prochain et une en 2020.
Un tel scénario porterait le principal taux d'intérêt américain à 3,375% fin 2020, soit près d'un demi-point au-dessus du niveau considéré comme "neutre", c'est-à-dire qui ne favorise ni ne freine la croissance économique.
Par cette initiative, la Banque centrale entend maîtriser l'inflation et éviter une surchauffe après le stimulus budgétaire massif décidé par l'administration Trump et alors que le marché de l'emploi est très étroit, favorisant la hausse des prix. Mais en relevant le taux de l'argent au jour le jour que les banques se prêtent entre elles, ce resserrement monétaire renchérit le coût du crédit pour les consommateurs et entrepreneurs, ce qui n'est pas du goût de l'administration.
La référence au caractère "accommodant" de la politique de la Fed retirée
Pour la première fois depuis 2011, la Fed ne qualifie plus sa politique monétaire "d'accommodante", ce qui était synonyme d'une politique monétaire à bas taux dans l'optique de soutenir la reprise. Elle n'a toutefois pas encore choisi comment caractériser sa nouvelle approche mais elle continue de plaider pour "des hausses graduelles des taux".
De ce fait, le président Donald Trump a immédiatement déploré ce relèvement du coût du crédit lors d'une conférence de presse à New York.
"Malheureusement, ils viennent juste d'augmenter un peu les taux d'intérêt parce que nous (l'économie) nous portons bien. Je ne suis pas content".
Dans le courant de l'été, Donald Trump s'en était déjà vivement pris à la Fed, fait rarissime pour un président américain en exercice. Il considère que la politique menée par Jérôme Powell, le président de la banque centrale (un républicain modéré et respecté, nommé à la surprise générale par Trump lui-même), pourraient nuire à l'économie américaine.
Pourtant, le locataire de la Maison Blanche a nommé fin août Richard Clarida à la vice-présidence de la banque centrale américaine - l'un des postes les plus en vue à la Fed, qui s'est dit "en cohésion" avec Jerome Powell.
De nouvelles prévisions économiques
En outre, la Banque centrale a révisé en nette hausse sa prévision de croissance pour cette année aux Etats-Unis, mais a laissé inchangée son estimation d'inflation de juin, qui devrait s'accélérer à 2,1%. Elle table désormais sur une croissance du PIB de 3,1% contre 2,8 anticipés en juin (puis 2,5% en 2019 et 2% en 2020).
Sur le front de l'emploi, le taux de chômage devrait s'établir à 3,7% (+0,1 point) avant de diminuer à 3,5% en 2019 et 2020.
Pour la première fois, la Fed publie aussi des prévisions pour 2021. La banque centrale s'attend à une hausse du PIB de 1,8% et une inflation de 2,1%.
(*) Un graphique de notre partenaire Statista.
(avec AFP et Reuters)
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