La Turquie a-t-elle encore envie d’être européenne ?

Le 14 avril 1987, la Turquie déposait sa demande d’adhésion à la Communauté Economique Européenne (CEE). Elle attendra 1999 pour obtenir le statut de candidat par le Conseil Européen d’Helsinki. Aujourd'hui, le pays n’a toujours pas vu sa demande aboutir. Son « désir d’Europe » est-il encore d’actualité ?
Sarah Belhadi
Pour la première fois depuis 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan, a perdu la majorité au Parlement lors des élections législatives du 7 juin dernier. En Turquie, ce résultat constitue un tremplin pour que le pays engage des réformes, et accélère le processus d'adhésion à l'UE.

Voilà presque 30 ans que le dossier d'une Turquie européenne est laissé en suspens. Depuis l'ouverture, le 3 octobre 2005, des négociations d'adhésion, la situation est paralysée en raison notamment de certains points de divergence venant de la France et de l'Allemagne. En avril dernier, pourtant, le président du Parlement européen, Martin Schulz a fait un pas en direction de la Turquie. Les dirigeants turcs lui ont répondu en réitérant leur souhait de voir s'ouvrir un nouveau chapitre dans les négociations d'adhésion.

Las, la Turquie se détourne-t-elle de l'Europe ?

Pour certains observateurs, les résultats des dernières élections législatives -où l'AKP n'est pas parvenu à obtenir la majorité pour la première fois depuis 2002- pourraient favoriser la relancer du dossier turc, à condition que l'Union Européenne fasse preuve de plus d'ouverture, assure l'économiste turc Yusuf Işık : "Les dernières élections législatives offrent un cadre favorable à la Turquie pour qu'elle puisse accélérer ses réformes et aller dans le sens d'une adhésion à l'Union européenne. Ce qui nécessite en même temps une attitude plus positive de certains membres et courants de pensée de l'UE vis-à-vis du processus d'adhésion de la Turquie".

Les réticences à une intégration de la Turquie au sein de l'Union européenne sont en effet nombreuses : refus de la Turquie de reconnaître la République de Chypre, risque d'un afflux d'immigrés en Europe... Quelques voix anonymes soufflent que de son côté le pays, las d'espérer une intégration dans l'UE, se serait davantage tourné vers l'est.  En janvier 2013, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait annoncé que son pays souhaitait demander l'adhésion au "Shanghai Five", qui regroupe la Chine, la Russie mais aussi le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Kirghizie et le Tadjikistan.

Pour sa part, Yusuf Işık, intégrationniste convaincu, assure que cette adhésion serait "bénéfique à la Turquie ainsi qu'à l'UE".

Le cas grec, au centre des discussions

Cette réticence de la Turquie peut également se nourrir de l'exemple de son voisin, la Grèce, qui est passé du rêve au cauchemar européen. Si la Grèce, depuis son adhésion en janvier 1981 à la CEE (Communauté Economique Européenne), puis son intégration en 2001 à la zone euro deux ans après la création de la monnaie unique, a enregistré une croissance de son économie, en revanche, depuis 2010, le pays connaît une descente aux enfers, laissant craindre aujourd'hui la faillite du pays, en cas d'arrêt de l'aide des bailleurs internationaux (Commission, BCE, FMI).

Si Yusuf Işık estime que la situation en Grèce produit nécessairement des effets pour son pays, il assure que les conséquences sur l'économie turque, en cas de faillite, seraient limitées "car il y a peu de créditeurs turcs dans la dette grecque ».

"Elle est peu exposée à cette crise, ajoute Emre Deliveli, économiste de formation et chroniqueur économique pour le Hurriyet Daily News. "Les deux pays ne sont pas de grands partenaires commerciaux. Quelques banques appartiennent à la Grèce mais elles ne sont pas en difficulté, la Turquie ne devrait donc pas être affectée. En revanche, on peut assister à un énorme mouvement des actifs en Europe, causant une incertitude dans les actifs turcs", ajoute-t-il.

La méthode de pression sur le gouvernement grec est un échec

Pour autant le sort de la Grèce ne laisse pas indifférent ses voisins : "la Grèce est voisine de la Turquie, alors nécessairement ici les gens compatissent. Mais cette situation était inéluctable car la Grèce vivait au-dessus de ses moyens", justifie Emre Deliveli. Pour autant, la méthode actuelle -de pression sur le gouvernement grec- ne fonctionne pas : "Dans cette situation, les torts sont partagés, la Troïka et la Grèce ont tous les deux à la fois raison et tort. La Grèce a certes besoin de réformes structurelles mais je ne pense pas que l'austérité puisse fonctionner à ce stade. Angela Merkel au même titre que les Grecs en sont conscients".

Pour le chroniqueur économique turc, l'issue d'une sortie de la Grèce de l'euro serait même dramatique : "Afin d'éviter de créer la panique (dans l'Eurozone), on entend dire qu'une sortie de l'euro sera possible. Mais, en réalité, tout le monde connaît l'issue. Si ce pays sort de l'euro, c'est un coup à la viabilité de cette monnaie qui va être portée. Le risque est que l'on commence à se demander qui sera le suivant : l'Italie, l'Espagne, qui d'autre ?".

Sarah Belhadi
Commentaires 27
à écrit le 05/07/2015 à 13:29
Signaler
La Turquie c dire non au sionisme. La Turquie c un droit de vote féminin 10 ans avant la France La Turquie c la nation number one pour l'aide humanitaire La Turquie c la diversités avec le respect La Turquie c l'aide inattendu envers la Grèce ...

le 06/07/2015 à 17:56
Signaler
Merci !

à écrit le 01/07/2015 à 12:04
Signaler
Il ne faut pas que la Turquie adhère à l'Europe. Non pas à cause des Turcs, mais parce que l'Europe aurait alors des frontières communes avec la Syrie, l'Irak, l'Iran, l'Arménie, la Géorgie et la Russie. Les Turcs savent gérer ce genre de frontière "...

à écrit le 30/06/2015 à 19:38
Signaler
Dans l'état d délabrement que se trouve actuellement l'EORPE cela m'étonnerai que la TURQUIE soit attiré par ce bourbier (pour être poli) .....

à écrit le 29/06/2015 à 20:26
Signaler
Bon la question en pose une autre. Voulons nous encore de la Turquie dans notre union Europeen. Un pays de 90 000 000 d'habitants, un pays qui serai aussi lourd que l'Allemagne en therme democratique, un pays où 90% de la population est musulman, un ...

le 01/07/2015 à 20:39
Signaler
Bonjour je vous propose de vous informer: 1. La Turquie deviendrai la 5ème puissance économique si elle entrer dans l'UE. 2. Il y a 77 millions d'habitants et non pas 90 3. 90% de musulmans certes mais dans des mouvances différentes (sunnisme, alé...

le 01/07/2015 à 20:42
Signaler
et pour les entreprises, Renault, Total, Carrefour et beaucoup d'autre (près de 300) sont installées en Turquie depuis un moment =)

à écrit le 28/06/2015 à 13:00
Signaler
Si j'ai bien compris, l'équipe de modération me demande de lire le commentaire que quelqu'un aurait fait sur un de mes commentaires qu'elle a censuré ! Qui se marche sur la tête ?

à écrit le 26/06/2015 à 9:34
Signaler
C'est sûr que grâce à des gens comme Sarko, l'Union Européenne a un peu laissé passer sa chance avec la Turquie (et donné de bons arguments à Mr Erdogan pour en faire le moins possible). Avoir la Turquie dans l'Europe serait pourtant un super-plus à...

à écrit le 25/06/2015 à 18:31
Signaler
Je suis turc et je peut vous dire que la majorité des turcs s'en contrefout de votre Europe ;) On se débrouille beaucoup mieux que la plus part de vos pays.

le 25/06/2015 à 20:38
Signaler
En traitant avec l'EI

le 26/06/2015 à 8:59
Signaler
@samo Je suis entièrement d'accord avec vous et restez chez vous. On en demande pas plus.

le 26/06/2015 à 16:14
Signaler
Désolé mais non on ne traite pas avec L'EI, et quant bien meme vous traité bien avec Israël et les États unis, je vois pas la différence si ce n'est le plus grand nombre de civils tués par vos alliés. on acceuille 2 millions de refugies lorsque vos ...

à écrit le 25/06/2015 à 13:14
Signaler
La Turquie pas plus que le Grèce n'appartiennent à l'Occident. Ce sont des pays qui doivent recréer l'Empire ottoman pour exister poltiquement et économiquement.

le 25/06/2015 à 18:11
Signaler
Allez dire cela aux techno-oligarches de Bruxelles et de Berlin et ils te diront le contraire…

le 01/07/2015 à 1:28
Signaler
Recréer l empire Byzantin avec l empire Romain ouais cet a dire une réunification avec l Italie pour retrouvé l'âge d'or qui étaient le leurs et de nouveaux prospérer c est la seul unification de la Grece depuis l antiquité qui a été à l'époque tolé...

à écrit le 25/06/2015 à 11:54
Signaler
du fait d'Edogan, elle est déjà une République Musulmane marginalisant ses populations anciennes d'origine Indo-Européenne au profit des populations issues l'est-Arabie.

à écrit le 25/06/2015 à 11:53
Signaler
La Turquie va laisser tomber l'Europe pour faire partie de l'Eurasie où elle y aura plus à gagner avec la nouvelle Route de la Soie.

à écrit le 25/06/2015 à 11:52
Signaler
Erdogan rêve de reconstituer l'empire Ottoman comme Poutine rêve de reconstituer l'empire Tzaroviétique. Egalement de réislamiser la Turquie, en refusant de reconnaitre le génocide Arménien et le fait Kurde. Pas de ça dans l'UE, déjà bien malade. C...

le 28/06/2015 à 0:54
Signaler
faut arrêter le fantasme ,parce que là , c'est même au dessus du soleil

à écrit le 25/06/2015 à 11:01
Signaler
au vu de ses relations avec les pseudos rebelles syriens qu'elle alimente en armes et en hommes et au vu de sa position prise à Kobane...qui peut encore vouloir de la Turquie en Europe hormis les bobos qui soutiennent ce pseudo-printemps arabe?

à écrit le 25/06/2015 à 7:58
Signaler
Quelle question! C'est les US qui décident!

le 25/06/2015 à 13:33
Signaler
+1 comme pour tout le reste !

le 25/06/2015 à 18:52
Signaler
+100000000000 vous avez tout à fait raison ce sont les US qui decident de touuuuuuut

le 25/06/2015 à 18:52
Signaler
+100000000000 vous avez tout à fait raison ce sont les US qui decident de touuuuuuut

le 25/06/2015 à 23:56
Signaler
La Turquie est en route pour devenir une grande puissance dans les années a venir, les Turcs n'ont aucun lien avec daesh ou EI. La Turquie accueille officiellement plus de 1,7 millions de réfugiés syriens, y'en n'a combien en Europe ???? alors qui di...

le 05/07/2015 à 13:25
Signaler
La femme turque à eu le droit de vote 10 ans avant la femme française. Le pays faible de l'Europe c la France. La France est le troisième plus gros trafiquant d'armes

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.