"Le Brésil a pour horizon la récession"

Le PIB de la septième puissance économique mondiale a reculé sur un an de 0,2% au premier trimestre 2015, et de 1,6% par rapport au dernier trimestre de 2014. Pour la cinquième année consécutive, le Brésil subit un ralentissement de l’activité économique, qui devrait se poursuivre, comme l’explique Juan Carlos Rodado, économiste de Natixis et spécialiste de l’Amérique Latine.
Sarah Belhadi
La semaine dernière, le gouvernement brésilien a annoncé une coupe budgétaire de 20 milliards d'euros dans les dépenses de cette année. Mais malgré la détermination du gouvernement à réformer le pays, d'autres mesures seront nécessaires, pour l'économiste Juan Carlos Rodado.

La Tribune : Le PIB du Brésil a reculé de 1,6% au premier trimestre 2015 par rapport au dernier trimestre 2014. Quelles sont les raisons de cette nouvelle dégradation de la situation économique au Brésil ?

Juan Carlos Rodado : Ce recul de l'activité n'augure rien de bon, le pire est devant nous. Ces chiffres sont révélateurs de l'impasse dans laquelle se trouve le Brésil qui enregistre sa plus mauvaise performance économique depuis 2009. Depuis la réélection de Dilma Rousseff à la tête du pays en octobre 2014, la Banque centrale a relevé son taux directeur de 225 points de base (soit 2,25 points de pourcentage) afin de contrer l'inflation. Une mesure qu'elle devrait réitérer la semaine prochaine en relevant son taux directeur de 50 points de base. Résultat : il y a moins de crédits accordés et l'activité du pays recule.

 Quelles sont les perspectives pour la situation économique du pays ?

Le taux de chômage atteint 6,4% en avril, alors qu'il était de 4,3% en décembre dernier. Et devrait dépasser les 7% sur la seconde partir de l'année. A cela il faut ajouter une consommation des ménages qui se contracte de -0,9% au premier trimestre 2015 alors qu'elle était de 1,3% au quatrième trimestre 2014. Le moral des ménages est donc au plus bas, et ce recul devrait se poursuivre en 2015 et en 2016.

Le nouveau ministre de l'Economie, Joaquim Lévy, économiste de formation et symbole du tournant de la rigueur, est un homme apprécié des marchés. Il a une volonté affirmée de faire des réformes nécessaires au pays : pour exemple, il a normalisé le prix de l'électricité que Dilma Rousseff avait baissé de 28% lors de son premier mandat. Mais malgré cette dynamique et cette bonne volonté, le Brésil a pour horizon la récession. Et si certains économistes locaux misent sur 1% de croissance en 2016, ce chiffre me parait difficilement atteignable dans un contexte de politique budgétaire d'austérité.

Après une hausse d'impôts, un durcissement des conditions d'indemnisation au chômage, la baisse des subventions publiques du prix de l'électricité, le gouvernement a-t-il d'autres cartes à jouer ?

Tous ces ajustements vont prendre du temps compte tenu des distorsions générées ces dernières années. Le pays doit adapter son train de vie à un contexte de récession. Autrement dit, le financement de la politique sociale en vigueur sous le président Lula avec une croissance à 4,5% n'est plus possible.

Mais même si la détermination affichée pour réformer est forte, de nouvelles mesures seront sûrement annoncées en raison de la faiblesse des recettes fiscales du Brésil. Le gouvernement doit aussi s'attaquer à ses problèmes structurels dont le pays a du mal à se défaire : comme la corruption dont le scandale Petrobras en est l'exemple, le manque d'infrastructures, ou encore ses taxes à l'import très élevées.

Sarah Belhadi
Commentaires 23
à écrit le 02/06/2015 à 14:14
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Je vois que notre equipe de commentateurs est friant de citations, en voila une tres jute de De Gaulle suite à son voyage officiel ds les années 60. " Le Bresil est un pays d avenir et il le restera"

à écrit le 31/05/2015 à 16:19
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erreur ds cet article assez vide d info precises.. ce sont les importations qui sont tres taxées...pas les exports! Et pour info, le plus gros risque pour l economie bresilienne et en particulier le secteur privé c est la hausse du dollar car depuis...

le 01/06/2015 à 20:10
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Dans 20 ans ?…. vous êtes trop optimiste.

à écrit le 31/05/2015 à 16:17
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Étonnée de voir tant de haine envers le Brésil, je savait qu'en France on ne meurt pas tellement d'amour pour les Brésiliens mais à ce point-là..… Édifiant.

à écrit le 31/05/2015 à 11:49
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A tous les fins commentateurs de salon: 1: Vous allez au Brésil au lieu de lire les articles des journaux 2: Vous y passez quelques mois histoire de comprendre le pays et de parler la langue 3: Vous vous faites votre propre opinion sur le pays Ac...

le 31/05/2015 à 14:15
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La France, Madame, Monsieur, elle est et sera toujours présentée dans les journaux étrangers avec les plus grands honneurs, la légendaire dignité et le haut prestige qui lui sont dus. Ce qui ne me paraît pas être le cas du Brésil. :-)

le 31/05/2015 à 22:57
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Vous devriez lire quelques journaux anglais ou allemands, histoire de voir si la présentation de la France correspond à vos illusions. Par ailleurs, si vous étiez un rien plus modeste quant aux vertus de notre pays, vous auriez compris qu'il est auss...

à écrit le 31/05/2015 à 11:33
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Moi je dirais même plus, le Brésil a pour horizon la dépression. Parole d'expert.

à écrit le 30/05/2015 à 17:47
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Hmmm…. je dirais même plus, le Brésil a pour horizon l'éternelle misère et la banqueroute.

à écrit le 30/05/2015 à 15:24
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Bon, d'accord, j'avais écrit que "la maladresse française est légendaire" et vous m'avez censuré. D'accord, d'accord, je refais mon commentaire dépourvu de "points sensibles" pour la rédaction, je l'espère: Malheureusement notre politique étrangèr...

le 30/05/2015 à 21:12
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C'est incompréhensible l'engouement de nos patrons pour ce pays là…. malgré les index économiques qui ne pointent que des misères pour le Brésil (La Tribune en est l'un de ceux qui font autorité), malgré tous les problèmes endémiques de corruption, d...

à écrit le 30/05/2015 à 9:34
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"Le nouveau ministre de l'Economie, Joaquim Lévy, économiste de formation et symbole du tournant de la rigueur, est un homme apprécié des marchés". Ite Missa Est. La bonne parole extraite du missel néo-libéral fait son entrée( retour) au Brésil. Fav...

le 30/05/2015 à 10:55
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L'écrivain autrichien Stefan Zweig avait écrit un ouvrage dont le titre "Brésil, pays de l'avenir" a été promptement récupéré par les Brésiliens pour en faire leur divise. C'était en 1942, je pense. Depuis cette date et jusqu'à aujourd'hui (rien n'em...

le 30/05/2015 à 12:41
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La maladresse commerciale française est légendaire, ce n'est pas parce qu'on a quelques enseignes en Chine, en Afrique et en Amérique latine qu'on peut se vanter d'être "des grands investisseurs". Qui plus est, les aléas de notre politique étrangère ...

à écrit le 29/05/2015 à 23:48
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La chute des indices boursiers des matières premières pourraient aussi être la cause de cette recession au Brésil. Il est fort probable que les recettes fiscales provenant des mines et du pétrole ont dû baisser à l'instar de l'Australie et du Canada....

le 30/05/2015 à 12:44
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Voilà, vous avez cité le bon endroit où les sociétés françaises devraient vraiment investir : en Australie et au Canada, mais pas au Brésil, voyons !

le 30/05/2015 à 21:17
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Inutile de défendre votre pays, mon cher, en France on le connaît assez bien, nos médias en parlent souvent. Le Brésil c'est ce pays chaud qui nous envoie toute l'année de bananes et de mauvaises nouvelles. :-)) Non, je plaisante, il nous envoie auss...

à écrit le 29/05/2015 à 21:08
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Vous pouvez noter, ce pays dans une vingtaine d'années se trouvera économiquement au même niveau d'un Haïti. Le patrons français sont les plus bêtes du monde? réponse dans 3ou 4 ans.

à écrit le 29/05/2015 à 20:13
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Et c'est dans un pays pareil que les constructeurs et parfumistes français investissent à fonds perdu !!! rien d'étonnant si demain on entendra parler de pertes chez Renault, PSA et l'Oréal au Brésil. Ah le "flair commercial français" toujours à côté...

le 29/05/2015 à 21:04
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Justement c'est en période de crise qu'il y a des opportunités à saisir. De plus, cette récession n'est pas éternelle et permet à nos entreprises de renforcer leur position et d'être prêt lorsque la croissance reprend. Sans compter que le Brésil, c'e...

le 29/05/2015 à 21:26
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Il n'y a pas de "période de crise" au Brésil, la crise y est institutionnalisée de façon chronique. 200 millions d'habitant veut peu dire si ils n'ont pas les moyens pour se procurer des voitures et moins encore de cosmétiques. Il ne faut donc pas qu...

le 29/05/2015 à 23:05
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En plus, on sait que les US amorcent déjà une "intervention politique" au Brésil pour bientôt, comme ils l'ont déjà fait en 1964. Alors vous pensez qu'une fois que les américains auront repris les rênes du pays ils vont faire de cadeaux aux intérêts ...

le 29/05/2015 à 23:42
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Évitons les généralisations. Sans les investissements étrangers et locaux, il n'y aurait pas de croissance en Chine, dans plusieurs pays africains ou encore en Europe. Lorsque Renault propose une voiture à à 5000 dollars, ce n'est pas pour le riches ...

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