Le départ de Lautenschläger souligne les divisions à la BCE

Le départ annoncé de Sabine Lautenschläger, membre de l'aile orthodoxe de la Banque centrale européenne, illustre le climat de division qui règne au sein de l'institut d'émission, où le biais extrêmement accommodant impulsé par son président, Mario Draghi, ne fait pas l'unanimité.
(Crédits : Heinz-Peter Bader)

L'Allemande, membre du directoire de l'institution, a informé Mario Draghi qu'elle démissionnerait de ses fonctions le 31 octobre 2019, soit avant la fin de son mandat, prévue fin janvier 2022, a indiqué mercredi la BCE dans un bref communiqué.

Dans un courrier électronique adressé au personnel de la BCE, elle dit regretter sa décision mais considérer qu'il s'agit du meilleur choix étant donné sa situation.

Sabine Lautenschläger, l'une des trois personnalités de la BCE à avoir voté ce mois-ci contre la décision de reprendre les achats d'actifs, laisse ainsi entendre qu'elle démissionne pour des raisons professionnelles.

La date effective de sa démission, le 31 octobre, coïncide en outre avec la fin du mandat de Mario Draghi, qui sera remplacé à la tête de l'institution par Christine Lagarde.

La Française est considérée comme favorable à une politique accommodante et devrait, pensent les observateurs, inscrire ses pas dans ceux de son prédécesseur.

La BCE s'est engagée le 12 septembre à procéder à nouveau à des rachats d'actifs "aussi longtemps que nécessaire" et elle a enfoncé son taux de dépôt davantage en territoire négatif dans le but de redonner de la vigueur à une économie de la zone euro en difficulté.

L'opposition donne de la voix

Mais la reprise de l'assouplissement quantitatif (quantitative easing/QE) est loin de plaire à tout le monde.

François Villeroy de Galhau, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a ainsi jugé mardi que cette décision n'était pas justifiée dans les conditions actuelles.

"Le fait que l'opposition à la dernière décision de politique monétaire donne de la voix depuis qu'elle a été prise montre à quel point la BCE est fragile aujourd'hui", commente Carsten Brzeski, économiste d'ING.

"Quand Christine Lagarde remplacera Mario Draghi en novembre, elle aura du travail à faire pour recoller les morceaux."

La future présidente de la BCE a déjà milité pour une politique monétaire durablement accommodante, ce qui n'a surpris personne, mais elle a pris soin d'ajouter que si des mesures non conventionnelles étaient nécessaires pour stimuler la croissance, la BCE devait aussi être attentive aux effets secondaires négatifs de tels instruments.

La politique de taux négatifs de la BCE est impopulaire notamment en Allemagne, parce qu'elle pénalise les épargnants et favorise la hausse des prix de l'immobilier.

Certains Allemands craignent également de devoir payer les factures de pays de la zone euro plus dépensiers comme l'Italie, le Portugal ou l'Espagne.

Ces raisons expliquent en grande partie pourquoi l'Allemagne est le bastion de l'orthodoxie monétaire, un camp défendu non seulement par Sabine Lautenschläger mais aussi par l'influent Jens Weidmann, président de la Bundesbank et adversaire déclaré du QE.

Commentaires 3
à écrit le 27/09/2019 à 8:53
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Le problème, l'impasse majeur et c'était inévitable en construisant un consortium financier européen au lieu d'une europe des peuples, c'est que la baisse des taux est une mauvaise idée certes mais l'oligarchie financière ne laisse aucune autre alter...

à écrit le 27/09/2019 à 0:07
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Ce qui montre que l'économie n'est absolument pas une science dure comme les économistes aiment à le faire croire, mais une quasi-religion. Suivant le pays dont la personne vient, elle aura des idées en économie allant vers telle inclination ou telle...

à écrit le 26/09/2019 à 19:05
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"Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui ont tous été remplacés" Georges Clemenceau

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