Le FMI révise ses prévisions de croissance mondiale à la hausse

Malgré la recrudescence du virus et la multiplication des variants, le Fonds monétaire international table désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 5,5% en 2021 contre 5,2% auparavant.
Grégoire Normand
Ces développements indiquent un point de départ plus solide pour les perspectives mondiales, a souligné le Fonds monétaire international dans ses dernières perspectives de l'économie mondiale rendues publiques mardi.
"Ces développements indiquent un point de départ plus solide pour les perspectives mondiales", a souligné le Fonds monétaire international dans ses dernières perspectives de l'économie mondiale rendues publiques mardi. (Crédits : JOHANNES CHRISTO)

Malgré la tempête Covid, le déploiement accéléré des vaccins dans le monde combiné à des plans de relance massifs rendent le FMI plus optimiste. Dans la dernière mise à jour de ses perspectives économiques, l'institution internationale table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 5,5% en 2021 contre 5,2% à l'automne dernier. Pour 2022, la croissance pourrait marquer le pas à 4,2%. "Bien que l'homologation récente des vaccins a pu susciter des espoirs d'un tournant dans la pandémie, les nouvelles vagues et les nouveaux variants posent des problèmes pour les projections" explique l'institution dans son dernier rapport.

Après une année 2020 cataclysmique, l'apparition de virus mutants oblige néanmoins de nombreux pays à mettre en oeuvre des mesures de confinement et à fermer leurs frontières. Beaucoup d'incertitudes demeurent sur la propagation et la dangerosité de ces nouveaux variants. Le spectre d'une crise profonde et durable continue de planer au dessus des Etats.

Une croissance révisée à la baisse en zone euro

Le Fonds a dégradé ses projections de croissance pour la zone euro de 1 point pour cette année à 4,2% contre 5,2% en octobre dernier. La circulation du virus sur l'ensemble du Vieux continent a précipité l'économie dans une brutale récession en 2020 (-7,2%) malgré le déploiement des mesures d'urgence économiques et sociales et la politique ultra-accommodante de la Banque centrale européenne.

Après un violent repli en 2020 (-9%), l'activité tricolore devrait redémarrer moins rapidement que prévu (5,5% contre 6% auparavant). Le durcissement des mesures d'endiguement depuis plusieurs semaines, les problèmes de logistique à répétition, et la multiplication des rumeurs sur un troisième confinement ont assombri les espoirs d'une reprise vigoureuse de l'économie au premier trimestre en France. La Banque de France a récemment expliqué que l'activité était 5% inférieure à son niveau normal au mois de janvier. Les services qui sont directement affectés par les mesures de restriction souffrent d'un recul de l'activité dans de nombreux secteurs à forte interaction sociale. "Les principaux organismes internationaux et nationaux sont à peu près d'accord sur une récession de l'ordre 9 à 9,5% en 2020. Le rebond devrait se situer entre 5% pour la Banque de France et 7% pour l'OFCE [...] Au vu des événements, ces prévisions sont déjà très optimistes. La réouverture de l'économie et des frontières sont sans cesse repoussées. Ce n'est qu'en 2022 que l'économie française pourrait retrouver son niveau de production en 2019" a expliqué récemment l'économiste de l'IESEG School of management Eric Dor.

> Lire aussi : A 5,5% en 2021, le FMI révise à la baisse la croissance française

Outre Rhin, les experts du Fonds ont également révisé à la baisse leurs prévisions macroéconomiques. Empêtré dans une grave récession également en 2020 (-5,2%), l'Allemagne devrait enregistrer un rebond de 3,5% en 2021. Là encore, si Berlin a pendant longtemps affiché un bilan humain plutôt favorable, l'arrivée de variants a suscité de multiples craintes dans la population allemande et le gouvernement de Merkel a également serré la vis au regard de la flambée des infections. L'industrie qui a été relativement moins frappée par l'épidémie continue tout de même de tourner au ralenti tandis que les services sont durement affectés. Selon le dernier indice IFO rendu public ce lundi 25 janvier, le moral des entrepreneurs allemands s'est détérioré en janvier, plombé par le renforcement des restrictions contre la pandémie dans le pays. L'indicateur, basé sur un sondage mensuel auprès de 9.000 entreprises, et qui donne un avant goût de l'activité économique, a perdu 2,1 points sur un mois, à 90,1 points. Enfin en Espagne (5,9%) et en Italie (3%), le rebond devrait être moins favorable qu'anticipé (respectivement -1,3 point et -2,2 points). Beaucoup d'économistes redoutent que cette pandémie amplifie les lignes de fracture au sein de la zone euro déjà lourdement fragilisée par la crise de 2008-2009 et la crise des dettes souveraines de 2012.

Un rebond important attendu aux Etats-Unis

La situation aux Etats-Unis est ambigüe. Si l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche a rassuré les milieux économiques et financiers, le nouveau président de la première puissance mondiale doit s'attaquer à des chantiers colossaux. En effet, les Etats-Unis avec plus de 400.000 décès affichent un bilan humain et sanitaire désastreux. Le nouveau chef d'Etat qui a hérité d'une situation épidémique catastrophique a promis qu'il allait accélérer la campagne de vaccination.

Sur le plan économique, les économistes du Fonds ont révisé leurs prévisions à la hausse. Le PIB outre-Atlantique pourrait augmenter de 5,1% en 2021. C'est deux points de plus que lors des dernières simulations réalisées par les conjoncturistes. Ces derniers expliquent cette révision favorable par la prise en compte des mesures de décembre et le dynamisme de l'activité au second semestre 2020. Peu avant son entrée dans le bureau ovale, Joe Biden a annoncé qu'il voulait mettre en place un ensemble de mesures d'urgence de l'ordre de 1.900 milliards de dollars. Son plan de relance "Build Back Better" tourné vers la transition écologique et le Made in America est jugé "ambitieux" par beaucoup d'économistes. Il reste que la mise en oeuvre de cet arsenal de mesures reste soumis à de nombreux aléas sanitaires et politiques.

> Lire aussi : Etats-Unis : les cinq immenses chantiers économiques de Joe Biden

La Chine semble tirer son épingle du jeu

Les moteurs de l'économie chinoise semblent redémarrer plus rapidement que ceux des autres puissances planétaires. Les économistes de l'organisation basée à Washington anticipent une augmentation du PIB de 8,1% en 2021 (soit 0,1 point de moins qu'en octobre 2020). Alors que Pékin a été le point de départ de la pandémie à la fin de l'année 2019, les autorités chinoises ont pu réamorcer la production industrielle avant la plupart des autres États.

Malgré ce regain plus favorable, de nombreux doutes subsistent sur le nombre de victimes et de décès. Les chiffres communiqués par le gouvernement sont régulièrement remis en question et la situation sanitaire est loin d'être transparente. Des craintes demeurent également sur la solidité de son système financier et la montée de l'endettement privé.  A l'échelle internationale, la Chine a signé un accord de libre-échange avec ses voisins asiatiques qui pourrait renforcer son hégémonie dans le commerce mondial. Sa volonté de peser sur le système économique planétaire se traduit toujours par son politique expansionniste à travers les Nouvelles routes de la Soie.

Un rebond du commerce mondial moins fort qu'anticipé

La pandémie a provoqué un effondrement du commerce mondial en 2020 (-9,6%). Les chercheurs du Fonds tablent sur un rebond des échanges de biens et services moins fort que prévu à 8,1% contre 8,3% auparavant. Outre une croissance plus affaiblie, le prix du transport a augmenté l'année dernière. "Le transport maritime mondial demeure fortement perturbé. ll y a un engorgement systématique dans les ports. Les bateaux restent en rade beaucoup plus longtemps qu'avant. Tout cela provoque une forme de rationnement du transport maritime. Cela a augmenté une hausse du prix du fret entre deux et deux fois et demi. Cette hausse provoque une forte perturbation du commerce international. En Europe, les industries automobiles tournent au ralenti en raison notamment du temps de l'acheminement des pièces" expliquait Eric Dor.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 26/01/2021 à 16:57
Signaler
Ils vont encore se planter. A ce niveau là, c'est du mensonge assumé.

à écrit le 26/01/2021 à 14:22
Signaler
Et la bourse est contente, moins ya de travail, plus les rentiers aliénés sont heureux, enfin satisfaits, enfin ont moins peur que d'habitude, enfin on ne sait pas trop au final ce qu'ils veulent et eux non plus visiblement. Robespierre avait rai...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.