Alors que la plupart des pays européens se débattent pour réduire leur dépendance au gaz russe, l'Espagne doit se désentortiller d'une situation complexe avec l'Algérie, longtemps son premier fournisseur. Déjà perturbées par des relations fraîches entre Madrid et Alger, les importations de gaz sont désormais suspendues après un incident, selon le groupe pétro-gazier algérien Sonatrach.
Le groupe, entièrement détenu par l'Etat, a indiqué que la livraison de gaz algérien vers l'Espagne via le gazoduc sous-marin Medgaz était « momentanément » suspendue en raison d'un incident « côté espagnol ». Il a également assuré que « les équipes techniques espagnoles sont à pied d'œuvre pour effectuer les réparations nécessaires et rétablir l'approvisionnement de l'Espagne en gaz dans les plus brefs délais ».
Une situation tendue entre Alger et Madrid
Si l'approvisionnement devrait donc reprendre, le coup reste sensible pour l'Espagne, l'Algérie faisant partie de ses principaux fournisseurs. Surtout, cet incident intervient au moment où le dialogue entre Madrid et Alger est loin d'être au beau fixe, marqué des tensions importantes.
Les importations de gaz algérien par l'Espagne ont fortement baissé ces derniers mois. Longtemps premier fournisseur du pays et disposant d'infrastructures importantes avec Medgaz, Sonatrach a vu sa part dans les importations espagnoles baisser à 22 % en juin, derrière la Russie avec 24 % et surtout derrière les Etats-Unis et ses 30 %.
Le gouvernement algérien est très remonté contre l'Espagne depuis la volte-face de Madrid sur la question du Sahara occidental. Délaissant sa position traditionnellement neutre, le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez a décidé, en mars, de soutenir le plan d'autonomie marocain pour cette région, afin de mettre fin à près d'un an de crise diplomatique entre Madrid et Rabat. En réaction, les autorités algériennes ont suspendu début juin un traité de coopération avec l'Espagne.
La question du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole considérée comme un "territoire non autonome" par l'ONU, oppose depuis des décennies le Maroc - qui en contrôle 80 % - aux indépendantistes du Front Polisario. Un mouvement soutenu par Alger.