Les déboires de Samsung continuent avec une affaire de corruption

Après les téléphones et les machines qui explosent, le groupe sud-coréen est rattrapé par un scandale politique en Corée du Sud.

Une perquisition a été réalisée ce mardi au département publicitaire de Samsung à Séoul dans le scandale de corruption et de trafic d'influence impliquant la confidente de l'ombre de la présidente Park Geun-Hye, rapporte un média sud-coréen. Depuis plusieurs semaines, la présidente est engluée dans une affaire retentissante centrée sur son amie de 40 ans, Choi Soon-Sil, arrêtée début novembre pour fraude et abus de pouvoir.

Un porte-parole de Mme Park a d'ailleurs annoncé mardi qu'elle avait engagé un avocat pour entrer en contact avec le parquet de Séoul qui demande à l'interroger. Une telle audition serait une première pour un chef d'État sud-coréen en exercice. L'affaire scandalise les Sud-Coréens, qui sont descendus en masse dans la rue samedi dernier pour réclamer la démission de Mme Park, la plus grande manifestation en Corée du Sud depuis les grands rassemblements prodémocratie de la fin des années 1980.

15,8 millions d'euros versés par Samsung

Mme Choi Soon-sil, 60 ans est accusée d'avoir usé de son influence sur Mme Park pour contraindre des groupes industriels, dont Samsung, à verser des fonds à des fondations douteuses, sommes dont elle se servait ensuite à des fins personnelles.

La présidente Park avait invité 17 patrons de conglomérats en juillet 2015 à la Maison-Bleue (le palais présidentiel coréen, NDLR) pour expliquer les résultats de sa politique sur la création de centres de l'économie créative et s'était entretenue séparément avec sept patrons. Après cette rencontre, le groupe Samsung avait fait un don de 2,04 milliards de wons (environ 15,8 millions d'euros) à K-Sports.

Les deux fondations créées à la fin 2015 et au début de cette année ont pour but de promouvoir la culture et le sport, mais Mme Choi, intime de longue date de la présidente Park, aurait influencé de A à Z la collecte des dons et la gestion des deux fondations. Elle aurait même tenté de drainer l'argent de K-Sports pour financer l'entraînement équestre en Allemagne de sa fille Choi Yoo-ra, cavalière professionnelle.

L'intrigante Mme Choi et sa fille

L'entreprise Samsung Electronics est soupçonnée d'avoir financé directement Mme Choi en versant 2,8 millions d'euros l'an dernier à la société Widec Sports, détenue par Choi et sa fille. Samsung projetait initialement de soutenir six cavaliers coréens, mais l'argent n'a été versé en fin de compte qu'à la fille de Mme Choi.

Park Sang-jin, chef des relations extérieures chez Samsung Electronics, a subi la nuit dernière au Parquet un interrogatoire de 19 heures pour cette affaire de soutien financier direct à la fille de Choi. Park est également président de la Fédération équestre coréenne.

Mardi, les enquêteurs ont fait une perquisition à l'agence de publicité de Samsung, Cheil Worldwide, rapporte l'agence sud-coréenne Yonhap. Ils auraient selon Yonhap découvert des éléments laissant penser que Cheil a fait un don à une fondation sportive contrôlée par la nièce de Mme Choi, Jang Si-Ho, qui est également une de ses assistantes.

Les enquêteurs ont d'ores et déjà interrogé dans cette affaire l'héritier présomptif de Samsung, Lee Jae-Yong. Plusieurs collaborateurs de la présidente ont également été interrogés et pour certains arrêtés par le parquet, qui souhaite entendre rapidement Mme Park.

La présidente de la Corée du Sud sur la sellette ?

Un porte-parole de la présidente a indiqué mardi qu'elle avait engagé l'avocat Yoo Young-Ha afin de voir quand, où et comment une telle audition serait possible. La présidente est soupçonnée d'avoir aidé son amie à obtenir des financements pour les fondations en question, et de l'avoir laissée se mêler aux affaires gouvernementales alors qu'elle n'exerçait pas le moindre rôle officiel. Mme Park est notamment accusée par les médias d'avoir reçu en juillet les dirigeants des puissants conglomérats du pays pour les inciter à la générosité.

Selon la Constitution sud-coréenne, un chef de l'État en exercice ne peut pas faire l'objet de poursuites pénales, sauf pour insurrection ou trahison. Mais certains font valoir que l'audition d'un président est possible dans le cadre d'une enquête plus vaste.

(Avec l'AFP, Reuters et Yonhap)

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