Les équipes de Trump ne croient pas à la survie de l’UE

Des proches du président élu Trump ont demandé à des représentants européens quels pays allaient quitter l’UE après le Royaume-Uni, révèle l’ambassadeur américain sortant auprès de l’UE. Un article de notre partenaire Euractiv, illustré par un graphique de Statista*.
Une semaine avant de quitter son poste, l'actuel ambassadeur américain auprès de l'UE, Anthony Gardner, a révélé avoir appris que les assistants du futur président avaient demandé à des représentants de l'Union européenne quels seraient les prochains pays à quitter le bloc. (Infographie réalisée par Statista, partenaire de "La Tribune". Source : Eurobarometer.)

Le président-élu a exprimé son soutien au camp du Brexit et a proposé que Nigel Farage, ancien dirigeant de l'UKIP, devienne ambassadeur du Royaume-Uni aux États-Unis. Nigel Farage, qui fait campagne pour une sortie de l'Union européenne depuis des années, a été le premier dignitaire étranger à féliciter en personne Donald Trump de sa victoire après les élections.

Malgré ce soutien pendant la campagne électorale, l'actuel ambassadeur américain auprès de l'UE, Anthony Gardner, a prévenu qu'un soutien officiel de Washington au Brexit serait « une pure folie », lors d'une rencontre avec des journalistes le 13 janvier, une semaine avant son départ de Bruxelles.

    >Lire : Paul Nuttall prend les rênes de l'UKIP

Anthony Gardner a également révélé que les assistants du futur président avaient demandé à des représentants de l'UE quels seraient les prochains pays à quitter le bloc, lors d'une conversation téléphonique à laquelle il ne participait pas, mais dont il a entendu parler au sein des institutions.

Selon lui, cette question reflète « la perception que Nigel Farage dissémine sans doute à Washington. Une caricature ». Nigel Farage a récemment demandé à rencontrer le diplomate, ambassadeur des États-Unis auprès de l'UE depuis 2014.

« Je suis outré par certaines choses qu'il a faites », a indiqué l'ambassadeur, qui n'a jamais rencontré le politique britannique, qu'il a qualifié de « cinglé de la politique ».

Il a cependant répondu à la requête de Nigel Farage, sans pour autant avoir fixé de date.

« Coup de guillotine »

Le 23 décembre, l'ambassadeur, ainsi que d'autres diplomates, a reçu une lettre l'informant qu'il serait démis de ses fonctions le 20 janvier, date de l'investiture de Donald Trump. Une nouveauté, puisque depuis des décennies les présidents laissent à leurs représentants plusieurs semaines, voire mois, avant de les remplacer. « L'impact humain de ce coup de guillotine du 20 janvier est considérable », a-t-il estimé.

Lors de sa rencontre avec les journalistes, Anthony Gardner a mentionné une lettre écrite lors de son départ par Ivan Rogers, qui était jusqu'à la semaine dernière l'ambassadeur de Londres auprès de l'UE. Le Britannique, qui a démissionné abruptement, apparemment suite à des désaccords avec son gouvernement au sujet des négociations de Brexit, y encourageait ses homologues à « dire la vérité à ceux qui sont au pouvoir ». Selon Anthony Gardner, Ivan Rogers a « payé le prix » de sa franchise.

« Je respecte vraiment ce qu'il a fait. Je regrette qu'il n'y ait pas plus de personnes comme lui sur la scène politique », a-t-il ajouté.

Relations bilatérales

L'ambassadeur juge également qu'il serait peu recommandable pour l'administration Trump de favoriser des relations bilatérales avec certains pays, comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne, et de négliger les institutions de l'UE. Angela Merkel devrait s'opposer à cette stratégie en utilisant son influence politique pour défendre Bruxelles, a déclaré le diplomate. « J'espère que l'Allemagne fera passer le message à la nouvelle équipe : 'Ne pensez même pas à diviser l'UE' », a-t-il asséné.

Quand Anthony Gardner a pris ses fonctions à Bruxelles il y a trois ans, il a promis d'accélérer les négociations sur le TTIP entre l'UE et les États-Unis. Les discussions ont toutefois piétiné à mesure que le soutien public pour l'accord commercial dans les pays européens s'effritait.

Donald Trump a pour sa part adopté une position protectionniste sur le commerce et a promis d'en finir avec les accords commerciaux néfastes pour les travailleurs américains. « Sur le commerce, nous ne sommes pas parvenus où nous souhaitions. Ce sera probablement mon plus grand regret », a reconnu Anthony Gardner.

L'ambassadeur a déclaré aux journalistes que, malgré l'impasse sur le TTIP, son bureau avait surmonté une période glaciale dans les relations entre les États-Unis et l'UE. En effet, dix mois avant qu'il prenne ses fonctions, Edward Snowden publiait des documents fuités révélant les activités d'espionnage des services de renseignement américain, provoquant ainsi un scandale en Europe sur la portée de la surveillance outre-Atlantique.

En juillet 2016, les négociateurs américains et européens ont conclu un accord sur le bouclier de confidentialité, permettant aux entreprises de transférer des données personnelles aux États-Unis à la condition qu'elles garantissent la protection des normes sur la vie privée, conformément aux lois européennes.

    >Lire : Bruxelles et Washington signent l'accord sur la protection des données

« J'espère que, dans quatre ans, nous ne serons pas dans la même situation qu'au lendemain des révélations de Snowden », a déclaré Anthony Gardner.

Avant qu'il ne devienne ambassadeur auprès de l'UE, Anthony Gardner a travaillé des années pour des sociétés à capital privé et des sociétés juridiques. Il a annoncé aux journalistes qu'il resterait en Europe après avoir quitté son poste à Bruxelles la semaine prochaine.

___

(*) Le graphique a été réalisé par Statista, partenaire de La Tribune

___

Par Catherine Stupp, EurActiv.com (traduit par Manon Flausch et Marion Candau)

(Article publié le vendredi 13 janv. 2017)

___

>> Retrouvez toutes les actualités et débats qui animent l'Union Européenne sur Euractiv.fr

Euractiv

Commentaires 21
à écrit le 18/01/2017 à 7:53
Signaler
Chouette !

à écrit le 17/01/2017 à 15:27
Signaler
il faut se souvenir que les français avaient votés non en 2005 au traité de lisbonnes et que les élus de l'époque (Sarkozy) étaient passés outre ; je vois que la tendance est toujours la même , Trump ne fait que souligner des évidences

à écrit le 17/01/2017 à 14:53
Signaler
l'Europe des 6 (F,D,I, BNL) avait un sens politique et fonctionnait très bien avec un intelligent "serpent monétaire" qui autorisait des remises à niveau. A 27 ça ne marche pas, tout le monde le comprend, sauf les élites. Il faut souhaiter que Trump ...

à écrit le 17/01/2017 à 12:29
Signaler
Trump ce n'est pas une si mauvaise nouvelle, l'Europe va devoir s'affirmer face aux autres puissances: US, Russie, Chine. Les Europeens vont enfin réaliser que les USA sont un allié lors de gros conflit mais que l'indépendance economique et politi...

le 17/01/2017 à 13:20
Signaler
En fait le vrai moteur de l'UE devrait être l'Europe des six (Allemagne, Benelux, Italie et France) : l'Italie et le Benlux dans son ensemble constituent encore une puissance significative.

le 19/01/2017 à 18:14
Signaler
Pensée positive! Tout comme la crise économique a fait avancer l'Europe à pas forcés économiquement, la crise diplomatique que Trump va proposer fera peut-être avancer l'Europe diplomatique et de la défense. C'est une vision sacrément optimist...

à écrit le 17/01/2017 à 12:28
Signaler
Trump ce n'est pas une si mauvaise nouvelle, l'Europe va devoir s'affirmer face aux autres puissances: US, Russie, Chine. Les Europeens vont enfin réaliser que les USA sont un allié lors de gros conflit mais que l'indépendance economique et politi...

à écrit le 17/01/2017 à 11:45
Signaler
COMME JE L AI DIT PLUSIEUR FOIS IL EST URGENT D ATENDRE QU IL SOIT INVESTIE AUX MANETTES DU POURVOIR/ COMME ON LE DIT DANS LE BATIMENT EST IL EST DU BATIMENT OUI A FAIT SA FORTUNE/ C EST AU PIED DU MUR QUE L ON VOIE LE MACON? TOUS LES RESTE N EST QU...

le 21/01/2017 à 22:55
Signaler
Commentaire écrit à la taloche !

à écrit le 17/01/2017 à 11:04
Signaler
Anthony Gardner savonne la planche de son successeur visiblement ! "les assistants du futur président avaient demandé à des représentants de l'UE quels seraient les prochains pays à quitter le bloc, lors d'une conversation téléphonique à laquelle il ...

à écrit le 17/01/2017 à 10:41
Signaler
La vie politique de Mr Trump ne dépassera pas 8 ans ... ça c'est une certitude ^_^ Par contre, je suis d'accord avec lui au sujet de l'OTAN : la plupart des pays européens ne contribuent pas comme ils le devraient. Mais la GB a moins dépensé en 201...

le 17/01/2017 à 13:24
Signaler
Sur la nécessité d'un pilier européen de l'OTAN aussi puissant que les USA, tout le monde est d'accord. Et c'est la meilleure utilisation de ses excédents que peut faire l'Allemagne que de renforcer significativement son potentiel de défense, face au...

le 19/01/2017 à 23:37
Signaler
"...néo-impérialisme poutinien...", on croit rêver !! Prends une mappemonde, mets-y des punaises la où il y a des bases militaires US, et tu comprendras (peut-être...) qui est impérialiste.

à écrit le 17/01/2017 à 9:46
Signaler
il faut dire les choses differemment ' c'est pas dans les interets des americains d'avoir un bloc aussi gros qu'eux et un peu plus riche' c'est quand meme plus facile quand on se bat avec quelqu'un de 10 fois plus petit..... pour le reste ca serai...

à écrit le 17/01/2017 à 9:27
Signaler
" Transférer des données personnelles aux États-Unis à la condition qu'elles garantissent la protection des normes sur la vie privée"....Les US se contrefoutent de la vie privée et l'arrivée de Trump ne va arranger les choses. Il n'y a JAMAIS rien de...

à écrit le 17/01/2017 à 9:25
Signaler
Et ça tombe bien les peuples européens non plus. Vite un frexit !

le 17/01/2017 à 13:02
Signaler
Donc vous préférez remplacer un diktat imaginaire (celui de l'UE) par un diktat bien réel (celui des grands blocs contre le nain économique que nous serons devenu) ? Vous ne comprenez donc rien au petit jeu de Trump ? Quelle misère intellectuelle de...

le 17/01/2017 à 13:35
Signaler
Un diktat imaginaire ?! Heu si vous n'avez jamais entendu parler de politique d'austérité, ce qui est bel et bien un diktat car contraire à l'opinion des peuples, c'est que vous venez juste de sortir d'un très long et profond coma non ? Le dé...

le 17/01/2017 à 14:29
Signaler
L'austérité n'est pas imaginaire et se fait contre la volonté des peuples européens, votre peur elle l'est imaginaire par contre c'est un fait.

à écrit le 17/01/2017 à 8:52
Signaler
Il n'a pas tort! Sans l'appuie et la manipulation en sous main des USA, qui se comporte comme un syndic extérieur d'un immeuble de 27 appartements, il n'y aurai plus d' Union Européenne a la sauce Bruxelloise mais une Union de Coopération des États E...

à écrit le 17/01/2017 à 8:34
Signaler
ils espèrent surtout que ce soit une prophétie auto-réalisatrices, l'UE étant le seul rival avec la chine de la puissance américaine sur le plan technologique, médiatique, culturel, voir financier

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.