Les Etats-Unis accusent la Chine de parrainer un « cyber-acteur » malveillant visant des infrastructures critiques

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux ont accusé mercredi un « cyber-acteur » parrainé par la Chine, connu sous le nom de Volt Typhoon, d'avoir discrètement infiltré les « infrastructures critiques » américaines, et averti que des campagnes similaires pourraient avoir lieu dans le monde entier. De son côté, la chine a dénonce une « campagne de désinformation ».
Pékin nie régulièrement mener ou parrainer des cyberattaques, et accuse en retour les Etats-Unis de cyberespionnage à son encontre.
Pékin nie régulièrement mener ou parrainer des cyberattaques, et accuse en retour les Etats-Unis de cyberespionnage à son encontre. (Crédits : David Gray)

[Article publié le jeudi 25 mai à 7h12 et mis à jour à 11h00]

Après l'affaire du ballon espion présumé abattu, la Chine est de nouveau dans le collimateur des Etats-Unis et de ses alliés.

Dans un avis conjoint, les autorités chargées de la cybersécurité aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande ont mis en garde contre « un groupe d'activités » malveillant associé à « un cyber-acteur parrainé par l'Etat de la République populaire de Chine, également connu sous le nom de Volt Typhoon ». « Cette activité affecte les réseaux des secteurs d'infrastructures critiques des Etats-Unis » et l'entité qui mène l'attaque « pourrait appliquer les mêmes techniques (...) dans le monde entier », ont-elles ajouté.

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 Un cyber-acteur actif depuis la mi-2021

Dans un communiqué séparé, le groupe américain Microsoft a expliqué que « Volt Typhoon » est actif depuis la mi-2021 et qu'il a ciblé, entre autres, des infrastructures essentielles dans l'île de Guam, qui héberge une importante base militaire américaine dans l'océan Pacifique. Cette campagne risque de « perturber les infrastructures de communication essentielles entre les Etats-Unis et la région asiatique lors de crises futures », a averti l'entreprise.

La campagne vise « les secteurs des communications, de l'industrie, des services publics, des transports, de la construction, de la marine, du gouvernement, des technologies de l'information et de l'éducation », a poursuivi le groupe technologique américain. Selon lui, « le comportement observé suggère que l'auteur de la menace a l'intention de faire de l'espionnage et de conserver l'accès (aux infrastructures) sans être détecté aussi longtemps que possible ».

D'après les agences de sécurité occidentales, ces attaques utilisent notamment la tactique dite « Living off the land » (LotL), par laquelle l'agresseur utilise les caractéristiques et les outils du système qu'il cible pour pénétrer à l'intérieur sans laisser de traces. L'attaquant peut notamment utiliser des outils d'administration légitimes pour entrer dans le système et y insérer des scripts ou du code malfaisants. Ce type d'intrusion est beaucoup plus efficace que celles utilisant des logiciels malveillants, lesquels sont plus aisément détectables.

Selon Microsoft, Volt Typhoon essaye de se fondre dans l'activité normale du réseau en acheminant le trafic par l'intermédiaire d'équipements réseau infectés dans des petites entreprises et chez les télétravailleurs, notamment des routeurs, des pare-feu et des réseaux privés virtuels (VPN). « Ils ont également été observés en train d'utiliser des versions personnalisées d'outils open-source », a déclaré l'entreprise.

« La Chine utilise des moyens très sophistiqués pour cibler les infrastructures essentielles »

La directrice de l'Agence américaine de cybersécurité et de sécurité des infrastructures, Jen Easterly, a également lancé une mise en garde contre Volt Typhoon. « Depuis des années, la Chine mène des opérations dans le monde entier pour voler la propriété intellectuelle et les données sensibles des organisations d'infrastructures critiques », a-t-elle déclaré. « L'avis publié aujourd'hui, en collaboration avec nos partenaires américains et internationaux, montre que la Chine utilise des moyens très sophistiqués pour cibler les infrastructures essentielles de notre pays », a-t-elle poursuivi. Selon elle, cet avis « permettra aux défenseurs des réseaux de mieux comprendre comment détecter et atténuer cette activité malveillante ».

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Volt Typhoon a permis de mieux comprendre le modus operandi du piratage chinois, estime John Hultquist, analyste à la société américaine de cybersécurité Mandiant. « Les acteurs chinois de la cybermenace sont uniques parmi leurs pairs, en ce sens qu'ils n'ont pas régulièrement recours à des cyberattaques destructrices et perturbatrices », explique-t-il. Selon lui, la divulgation par les pays occidentaux des agissements de Volt Typhoon « est une occasion rare d'enquêter sur cette menace et de s'y préparer ».

La Chine dénonce une « campagne de désinformation »

Réagissant cette mise en garde, la Chine a accusé les Etats-Unis et ses alliés occidentaux de mener une « campagne de désinformation ». « Il est clair qu'il s'agit d'une campagne de désinformation collective des pays de la coalition Five Eyes, initiée par les États-Unis à des fins géopolitiques », a indiqué devant la presse Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

« Il est clair qu'il s'agit d'une campagne de désinformation collective des pays de la coalition Five Eyes, lancée par les États-Unis à des fins géopolitiques », a-t-elle poursuivi. L'alliance « Five Eyes » est un réseau de collaboration dans le renseignement qui comprend l'Australie, les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande - soit des pays qui ont pour la plupart des différends avec la Chine, à des degrés divers. « Comme chacun le sait, l'alliance Five Eyes est la plus grande organisation de renseignement du monde et l'Agence nationale (américaine) de sécurité (NSA) est la plus grande organisation de piratage informatique du monde, a encore ajouté Mao Ning. Le fait qu'ils s'associent pour publier un tel rapport de désinformation est en soi ironique ».

Les Etats-Unis mènent des enquêtes sur des officiels chinois

Par ailleurs, et dans une affaire bien distincte, 34 « officiels du ministère de la Sécurité publique » chinois, âgés de 26 à 52 ans, et qui résideraient tous dans leur pays, sont visés aux Etats-Unis par des inculpations pour des activités de cyber-harcèlement d'activistes pro-démocratie et de « dissidents » en dehors des frontières chinoises, notamment à New York. Désignée par les autorités américaines comme le groupe « 912 », cette « équipe d'élite de la police » chinoise dispose, selon les autorités américaines, « d'une ferme à trolls sur internet, créant des milliers de faux comptes en ligne qu'elle utilise pour harceler, dénigrer et menacer les dissidents et les activistes dans le monde entier ».

En outre, six autres agents du ministère de la Sécurité publique et « deux membres de l'administration chinoise du cyberespace » ont été inculpés dans une affaire mise au jour en 2020, dans laquelle un employé chinois de l'entreprise Zoom agissait pour perturber des réunions en ligne d'activistes, notamment pour commémorer les manifestations réprimées dans le sang sur la place Tiananmen en 1989.

Pour Joe Biden, les relations entre Washington et Pékin devraient connaître un « dégel très prochainement »

Lors d'une conférence de presse dimanche 21 mai à l'issue du sommet du G7 à Hiroshima, au Japon, le président américain Joe Biden a été interrogé sur les raisons pour lesquelles la ligne directe de communication entre les Etats-Unis et la Chine n'était pas opérationnelle. « Vous avez raison, nous devrions avoir une ligne directe ouverte. Lors de la conférence de Bali, c'est ce que le président Xi et moi-même avions convenu de faire et de nous rencontrer », a-t-il déclaré. « Et puis, ce stupide ballon » transportant « du matériel d'espionnage » a survolé les Etats-Unis, a ajouté le président américain. « Il a été abattu et tout a changé en termes de dialogue. Je pense que vous allez observer un début de dégel très prochainement ». L'administration Biden a également exaspéré la Chine en s'attaquant au commerce des semi-conducteurs qui selon Washington comportent des risques d'utilisation à des fins militaires.

 (Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 25/05/2023 à 12:54
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Ah ah ah ah, le prochain shutdown américain sera donc provoqué par la Chine elle même provoquée par les USA !! ILs ont un kill switch ! de quoi éteindre littéralement les united states !

à écrit le 25/05/2023 à 9:19
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Bof! La routine...

à écrit le 25/05/2023 à 8:37
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Il n'y a que la NSA et les agences américaines qui aient le "droit" d'écouter et d'espionner les autres, flûte quoi ...

à écrit le 25/05/2023 à 7:59
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Après il faut être complètement demeuré pour mettre des informations "critiques" sur la toile et la première puissance mondiale incontestée et incontestable n'est pas complètement demeurée d'autant que nous nous doutions tous que russes et chinois ne...

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