Les "Indignés" aux portes de Madrid et de Barcelone

Les Espagnols ont adressé hier soir un sévère avertissement à l'establishment politique, entrouvrant les portes de Barcelone et de Madrid aux "indignés", à l'issue d'élections municipales et régionales où l'antilibéral Podemos a globalement confirmé sa troisième place.
A Barcelone, la liste de la militante anti-expulsions Ada Colau est arrivée en tête devant celle du maire sortant Xavier Trias, un nationaliste conservateur

Le mouvement des "Indignés", issu du ras-le-bol populaire face aux mesures d'austérité qui se sont multipliées ces dernières années, va-t-il réussir le hold-up du siècle en arrachant les deux plus grandes villes du pays, Madrid et Barcelone, des mains de l'establishment politique ?

Rien n'est moins sûr, mais les Espagnols ont en tout cas adressé un carton rouge aux forces politiques en place, dimanche lors des élections municipales et régionales.

A Barcelone, la liste de la militante anti-expulsions Ada Colau est arrivée en tête devant celle du maire sortant Xavier Trias, un nationaliste conservateur. Elle a obtenu onze sièges contre dix pour celui-ci, cinq pour Ciudadanos (centre droit) et quatre pour le Parti socialiste catalan.

A Madrid, la liste "Ahora Madrid" de Manuela Carmena, comprenant notamment Podemos, est deuxième après celle du Parti populaire (20 conseillers contre 21 conseillers) mais pourrait gouverner avec l'appui du Parti socialiste (neuf sièges), Ciudadanos arrivant quatrième (sept sièges).

Dimanche soir peu avant minuit, la liesse a gagné les partisans de cette ancienne juge de 71 ans qui ont fêté ce qu'ils considèrent comme une victoire, dans cette capitale de l'Espagne tenue par la droite depuis 23 ans, berceau du mouvement des "indignés" contre la corruption et l'austérité.

"Un changement imparable"

Non loin du musée du Prado, ils hurlaient de joie en écoutant l'ex-magistrate évoquer un moment "extraordinaire" après une campagne financée par les seuls dons des militants.

"C'est merveilleux, enfin cette ville cessera d'être triste", se réjouissait Nacho Lopez, un acteur de 38 ans, dénonçant la politique "revancharde" de la droite face à la culture.

Pendant ce temps à Barcelone d'autres fêtaient la victoire de la liste d'Ada Colau, 41 ans, égérie des "indignés", soutenue par Podemos comme Manuela Carmena et qui, comme elle, avait hésité à se lancer en politique.

"L'espoir a gagné, le désir de changement a vaincu la campagne de la peur, de la résignation", a-t-elle dit avec des larmes de joie.

"J'ai toujours été dans le camp des perdants, je n'ai pas l'habitude de gagner, c'est étrange", déclarait un de ses fans, Fernando Ramos, 63 ans, avant d'assurer que le mouvement des "indignés" a été "un moteur de changement qui ne s'arrêtera pas ici".

Pactes en vue

Ils seront cependant vite rattrapés par la réalité des tractations qui suivront ces résultats: faute de suffrage universel direct, Ada Colau doit être investie par le conseil municipal et peut encore être renversée par une coalition d'opposants. A Madrid, le PP, qui reste en tête mais perd 10 conseillers, a encore ses chances.

"Nous devrions gouverner sauf en cas d'accord entre partis", a expliqué la rivale de Manuela Carmena, Esperanza Aguirre.

"Si la seule façon que le PP parte c'est de conclure un accord", Manuela Carmena devrait le faire, "mais elle respectera toujours son programme, j'ai confiance en elle", affirmait une électrice de 50 ans, Ana Prada, qui disait avoir voté "pour la première fois avec joie".

Sur l'ensemble du pays, la droite ne s'effondre pas mais cède du terrain. Elle perd une région qui passe au Parti socialiste (Estrémadure, ouest) et en garde 12 sur les treize en lice, mais sans majorité absolue. Les voix du PSOE alliées à celles de Podemos dépassent souvent les siennes.

"La prochaine législature municipale et régionale sera celle du dialogue et des accords", a dit Carlos Floriano, un des dirigeants du PP, semblant entendre le message.

Pedro Sanchez, secrétaire général du Parti socialiste, a lui estimé que les Espagnols avaient montré qu'ils voulaient un coup de barre à gauche, assurant qu'il appartiendra à son mouvement de faire en sorte qu'il y ait "des gouvernements progressistes" et "un changement sûr".

Podemos, créé en janvier 2014 par un groupe d'enseignants en sciences politiques, a d'ailleurs gagné une troisième place dans douze régions. "Les partis au pouvoir ont eu les pires résultats de leur histoire", a réagi fièrement Pablo Iglesias, son leader, promettant "un changement irréversible".

L'autre nouvelle formation nationale, Ciudadanos, parti de centre droit né en Catalogne, s'est présentée dans un millier de mairies et a pu se hisser à la troisième place au niveau municipal avec un  discours moderne, favorable aux entrepreneurs, implacable sur la corruption.

Ces résultats ne faciliteront pas la tâche de la droite au pouvoir, qui se prépare à un autre marathon en vue d'élections législatives prévues à la fin de l'année.

Commentaires 38
à écrit le 27/05/2015 à 23:42
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Ne vous inquiétez pas, ça arrive petit à petit en France....patience....patience. Les (Faux)socialistes provoquent cela sans le savoir et sans réfléchir...car ils sont maladroits...

le 28/05/2015 à 11:48
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à BULOT: Perso je ne le pense pas, en France on est trop egocentrés, trop pusillanimes pour faire pousser un tel mouvement. La Rév' mon ami, c'est du passé….. :-)

à écrit le 27/05/2015 à 23:42
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Ne vous inquiétez pas, ça arrive petit à petit en France....patience....patience. Les (Faux)socialistes provoquent cela sans le savoir et sans réfléchir...car ils sont maladroits...

à écrit le 27/05/2015 à 18:13
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Un copain espagnol m'avait demandé ces jours pourquoi qu'il n'y a pas d'"Indignées" en France. Bonne question, je lui ai répondu: c'est parce qu'en France on ne s'indigne que pour des choses légères, le sérieux ça ne nous intéresse pas tellement. Alo...

le 27/05/2015 à 20:07
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JB38= j'en suis ému aux larmes, grand commentaire

à écrit le 26/05/2015 à 20:02
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Pardon pour la nuance, ils ne sont pas aux portes, ils ont pris la place ! Je ne sais pas ce qu'ils parviendront à faire, mais enfin un programme avec des idées concrétes et un projet de Société.

à écrit le 26/05/2015 à 19:11
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C'est le printemps latin! Comme avant lui-Arabe

à écrit le 25/05/2015 à 21:25
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Ne devrait-on faire des remises en cause des administrations en France nous aussi ? si la Présidentielle était aujourd'hui voici le résultat selon les plus récents sondages d'opinion : 1. Marine Le Pen ; 2. Nicolas Sarkozy. 3. François Hollande.

le 26/05/2015 à 10:51
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Et vous croyez que ça changerait foncièrement la situation? Que faitez-vous de la main-mise de Bruxelles et des E.U dans les affaires françaises? Il n'y a plus de souveraineté française. Donc les Le Pen et compagnie seront toujours les marionnettes d...

à écrit le 25/05/2015 à 20:22
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La victoire des oisifs, de ceux qui ne vivent que de minima sociaux, de ceux qui aspirent a plus en travaillant moins, de ceux qui ne comptent que sur les autres. On connaît suite. La Grèce ? Ça fait déjà pschitttt. Allez, retroussez vous les manches...

le 26/05/2015 à 10:42
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vous dites VRAI.

le 26/05/2015 à 13:17
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Vous avez raison. Bossez pour payer le service de la dette, soyez fier de trimer pour les banques et une oligarchie qui vous méprise. Ne changez rien et ravallez vos droits les plus élémentaires. Crachez sur ceux qui espèrent simplement améliorer la ...

le 26/05/2015 à 15:45
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Pour les banques c'est déjà fait. Cela a permis de sauver votre compte en banque,le notre et celui des entreprises en France pour moins cher que si on avait laisser couler les banques. Et je ne parle pas du nombre de chômeurs au frais de l'Etat et la...

à écrit le 25/05/2015 à 19:40
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@podemos france "Les Espagnols ont adressé hier soir un sévère avertissement à l'establishment politique". Tu parles, il se marre bien l'establishment politique. Ça fait plus de 20 ans que l'establishment politique tisse patiemment sa toile. Maast...

à écrit le 25/05/2015 à 19:14
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Bah qu'ils arrivent au pouvoir qu'on rigole! (comme Siriza quoi)

le 26/05/2015 à 8:52
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comme vous dites ... déjà , à Barcelone , avec (en principe ) Ada Colau ...et son programme : c'a promet !

à écrit le 25/05/2015 à 17:19
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Les pays riches européens imposent aux pays en crise du sud de la rigueur car ils ont la même monnaie et ne veulent pas supporter la dette des pays en crise qui gonfle. Les Economistes de tout poil relayés par les journalistes annoncent ces derniers...

à écrit le 25/05/2015 à 13:31
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Les Espagnols ont adressé hier soir un sévère avertissement à l'establishment politique, entrouvrant les portes de Barcelone et de Madrid aux "indignés", à l'issue d'élections municipales et régionales où l'antilibéral Podemos a globalement confirmé ...

le 25/05/2015 à 14:24
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Tu sais, Podemos France, une quinzaine d'années en arrière j'aurais pu encore en avoir quelque espoir de changement pour le mieux avec des mouvances comme celle-là, mais après en avoir vu des vertes et des pas mûres dans la politique, des bonnes inte...

à écrit le 25/05/2015 à 13:12
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En France notre réaction en face des incapables réunis le parti Blanc oui le vote blanc comptera les mécontents des politiques menées par notre élite.

à écrit le 25/05/2015 à 12:38
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> Sur l'ensemble du pays, la droite ne s'effondre pas mais cède du terrain 40% de voix en moins par rapport a 2011. Une broutille !

à écrit le 25/05/2015 à 11:38
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Pour s'indigner, pas besoin de réfléchir ! C'est commode, et communicatif... Ensuite on verra bien...

le 25/05/2015 à 12:00
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Apparement pour commenter non plus ...

le 25/05/2015 à 21:44
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+ 10'000 ^^^^^^^:-)

à écrit le 25/05/2015 à 11:37
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N’est-il pas normal de s’indigner quand on voit l’Etat de l’Europe, on entend dire que c’est à cause des erreurs sur l’euro. On dévalue et on fait de l’euro fort, est-ce cohérent ? On parle baisse des pensions, et quid du pib par habitant ? On publie...

à écrit le 25/05/2015 à 11:28
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A la fin de l'année ils prendront la majorité aux élections générales. Cela fera un deuxième pays, après la Grèce à basculer à la gauche radicale. D'autres pays cristallisent la colère à l'extrême droite (Pologne, France, Hongrie, Benelux...). I...

à écrit le 25/05/2015 à 10:34
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"Les "Indignés" aux portes de Madrid et de Barcelone". Dans 12 ans ils seront aux portes de Paris.

le 25/05/2015 à 10:50
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Jamais le gouvernement de la france ne pourrat accepter ceci , un decret immediat pour dissoudre un papier trop proche du peuple

le 25/05/2015 à 11:07
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Chez nous le vote "anti-système" va au FN...

le 25/05/2015 à 11:36
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"Chez nous le vote "anti-système" va au FN…" Et c'est tellement vrai, hélas…

à écrit le 25/05/2015 à 10:26
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De toutes manières on résoudra les problèmes économiques par l'investissement et le travail, pas par des beaux discours sur un autre monde qui n'existe que dans l'esprit de démagogues avides de pouvoir....

à écrit le 25/05/2015 à 10:14
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Anti libéral je veux bien ! Mais l économie de la BCE reprendra sa vérité . A moins que ...... mais c est pas sur !

à écrit le 25/05/2015 à 10:09
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ils ont le programme de chavez, petrole en moins ( ok ok, y a open bar de l'europe, mais ca c'est pas sur) bon, on n'a pas envie de pleurer sur le sort des acteurs et consors, de toute facon le travail c'est pas trop leur truc ils preferrent l'argen...

à écrit le 25/05/2015 à 10:08
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Les anti-systèmes sont antilibéraux en Espagne; chez nous, ils sont réacs et bien conservateurs. Il faut dire qu'avec Franco ou Salazar, nos voisins du Sud savent ce que c'est et n'ont pas la mémoire courte. Quant à savoir si Podemos est une bonne ...

le 25/05/2015 à 11:09
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Certes... mais ce sont les errements ultra-gauchisants de la république espagnole qui ont provoqué la réaction franquiste.

à écrit le 25/05/2015 à 9:53
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Un parti encore jeune et amateur, non rodé aux techniques pré électorales, qui arrive si haut, ça en dit long sur l'envie de changement dans le pays (comme en grece). Mais le changement est inevitable. La dans strategie du choc de Naomi Klein, on se...

le 25/05/2015 à 11:15
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Bôf... Podemos est loin d'atteindre le score du FN en France, et l'émergence de Ciudadanos est loin de signer un virage extrémiste de l'Espagne. Et les probables effets de la gouvernance Podemos à Barcelone est peut-être le meilleur atout de Rajoy.

le 25/05/2015 à 12:16
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Ils ne feront surement pas pire que le repris de justice rajoy, qui finira entre temps ses jours en prison. PODEMOS !

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