Malgré leur alliance, les Philippines refusent de donner aux États-Unis l'accès à plus de bases militaires

Le président philippin Ferdinand Marcos a indiqué ce lundi ne pas avoir l’intention de donner aux États-Unis accès à plus de bases militaires dans l'archipel d'Asie du Sud-Est. Les troupes américaines peuvent actuellement se positionner et stocker des équipements de défense sur neuf sites philippins.
Les tensions entre les Philippines et la Chine ont atteint ces derniers mois des niveaux inégalés en raison de plusieurs incidents entre navires chinois et philippins survenus près de récifs disputés en mer de Chine méridionale.
Les tensions entre les Philippines et la Chine ont atteint ces derniers mois des niveaux inégalés en raison de plusieurs incidents entre navires chinois et philippins survenus près de récifs disputés en mer de Chine méridionale. (Crédits : Erik de Castro)

Bien que les États-Unis et les Philippines s'affichent plus unis que jamais face à la Chine ces dernières années et surtout semaines, il n'est pas question pour l'archipel de laisser à la première puissance mondiale la possibilité de se renforcer en Asie du Sud-Est.

« La réponse est non. Les Philippines n'ont pas le projet d'ouvrir (l'accès) ou d'établir plus de bases » pour les États-Unis dans le cadre d'un accord de coopération sur la défense, a déclaré le président philippin Ferdinand Marcos à l'AFP ce lundi 15 avril, suite à une rencontre avec l'Association des correspondants étrangers des Philippines, à laquelle ont également participé des membres de l'armée philippine et des diplomates étrangers.

Pour rappel, les deux pays sont déjà liés par un accord de coopération renforcé de défense datant de 2014, qui a permis aux troupes américaines d'accéder à cinq bases militaires philippines. Ce pacte est devenu caduc sous l'ancien président pro-Pékin, Rodrigo Duterte, mais il a été relancé et élargi après l'arrivée au pouvoir de Ferdinand Marcos en juin 2022. Il comprend désormais quatre sites supplémentaires, soit neuf au total. Concrètement, les troupes américaines peuvent y effectuer des rotations et y stocker des équipements de défense.

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Des eaux qui suscitent toutes les convoitises

Les quatre nouvelles bases comprennent un site non loin de Taïwan et d'autres situés à proximité de la mer de Chine méridionale. Or, sur cette dernière zone, les Philippines et la Chine ont des revendications concurrentes. Pékin (tout comme Taïwan d'ailleurs) revendique la quasi-totalité de la mer et affirme y avoir des « droits historiques » en s'appuyant principalement sur des cartes chinoises datant des années 1940. Mais la Cour permanente d'arbitrage de La Haye a statué en 2016 que ces revendications n'avaient aucun fondement juridique, ce que la Chine a décidé d'ignorer. Dans le même temps, les Philippines, ainsi que le Vietnam, la Malaisie et Brunei, ont chacun des revendications qui se chevauchent sur certaines parties de la mer. Les États-Unis, eux, n'ont aucune revendication territoriale mais y effectuent régulièrement des patrouilles.

L'enjeu est important : si un grand pays comme la Chine devait contrôler l'ensemble de cette mer, « il est fort probable que les autres pays qui souhaitent y passer doivent demander la permission », a expliqué la semaine dernière Andrea Wong, chercheuse à l'Institut pour les affaires indo-pacifiques en Nouvelle-Zélande. « L'intérêt du gouvernement américain est la liberté de commerce et le négoce sans entrave », ainsi que « la liberté de navigation et de survol », a-t-elle précisé.

Si la mer de Chine méridionale déchaîne autant les passions, c'est parce qu'elle constitue le principal lien maritime entre les océans Pacifique et Indien, ce qui lui confère une énorme valeur commerciale et militaire. Sur ses voies de navigation, qui relient l'Extrême-Orient à l'Europe et au Moyen-Orient, des milliers de milliards de dollars de marchandises transitent ainsi chaque année. En outre, d'énormes gisements de pétrole et de gaz inexploités se trouveraient sous ses fonds marins, bien que les estimations varient considérablement.

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La menace d'un conflit militaire plus forte que jamais

Dans ce contexte, les tensions entre ces pays sont légion. Mais elles ont atteint ces derniers mois des niveaux inégalés en raison de plusieurs incidents entre navires chinois et philippins survenus près de récifs disputés. Si bien que beaucoup craignent qu'une simple erreur ou un accident ne déclenche un conflit militaire.

Ce qui pourrait d'ailleurs arriver. La semaine dernière, à l'occasion d'un sommet trilatéral inédit entre les États-Unis, le Japon et les Philippines à Washington, le président américain a promis de défendre les Philippines en cas d'attaque dans les eaux de la mer de Chine méridionale, en vertu d'un traité liant les deux pays, datant de 1951 et portant sur une défense mutuelle. Concrètement, Joe Biden a déclaré que « toute attaque contre un avion, un navire ou les forces armées philippines » dans cette zone « déclencherait la mise en œuvre » de ce traité. Il a aussi qualifié d'« inébranlable » l'engagement américain pour la sécurité des Philippines, un terme que de nombreux responsables américains ont utilisé lors de leurs entretiens avec leurs homologues philippins au cours des deux dernières années.

Des propos que le président philippin a appuyé ce lundi, en précisant que le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a donné l'assurance d'un déclenchement du traité dans le cas où un « soldat philippin serait tué à la suite d'une attaque ou d'un acte agressif de la part d'une puissance étrangère ». Renforçant encore un peu plus le climat de tension pesant dans cette partie du globe.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 15/04/2024 à 18:33
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Bonjour, dire que les américains ons plus tôt pour habitude de s'installer et de ne plus vouloir partir... Bien sûr ils ne faut pas le dire....

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