Menacé de destitution, Trump invite la Chine et l'Ukraine à enquêter sur Biden

Donald Trump a publiquement invité jeudi 3 octobre l'Ukraine et la Chine à enquêter sur son adversaire démocrate Joe Biden alors qu'une initiative identique lui a déjà valu l'ouverture d'une enquête du Congrès en vue d'une possible procédure de destitution.
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Visé par une procédure explosive de destitution, Donald Trump s'est livré à une nouvelle provocation. Jeudi 3 octobre, alors qu'il quittait la Maison-Blanche pour un déplacement en Floride, le président américain a officiellement déclaré aux journalistes présents que la Chine devrait s'intéresser à Joe Biden, qui pourrait être son adversaire à la prochaine élection présidentielle aux Etats-Unis en 2020, et à son fils et homme d'affaires Hunter Biden. "Et au fait, de la même manière, la Chine devrait ouvrir une enquête sur les Biden. Parce que ce qui s'est passé en Chine est juste aussi mal que ce qui s'est passé en Ukraine", a dit Donald Trump.

Sans avoir fourni de preuves jusqu'à présent, Donald Trump et son avocat Rudy Giuliani accusent l'ancien vice-président Joe Biden d'avoir favorisé de manière indue les affaires de son fils en Ukraine et en Chine. Hunter Biden, avocat et financier, a siégé au comité de surveillance d'un groupe gazier ukrainien et a investi en Chine quand son père était vice-président de Barack Obama. Il n'a jamais été inquiété par la justice de ces pays. Mais Donald Trump et son entourage accusent Joe Biden d'avoir réclamé la tête d'un procureur ukrainien pour protéger son fils.

En 2015, l'ancien vice-président a bien demandé le limogeage du procureur général ukrainien, mais dans le cadre d'une campagne internationale de lutte contre la corruption, lancée parce que ce responsable était soupçonné d'entraver les réformes. Il y a quelques mois, l'avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, a entamé des démarches auprès des autorités ukrainiennes pour tenter de les convaincre d'ouvrir une enquête sur les Biden.

"Je sais que vous voulez truquer la primaire démocrate"

Et lors d'un entretien téléphonique le 25 juillet, le président américain a réitéré cette demande d'enquête sur Joe et Hunter Biden pour des soupçons de corruption à son homologue ukrainien Volodimir Zelenski. Une démarche qui est à l'origine de la procédure de destitution dont est l'objet le milliardaire américain. Trump a répondu jeudi matin au journaliste de Reuters Jeff Mason.

"Qu'espériez-vous que Zelensky fasse exactement au sujet des Biden après votre appel ?", lui a-t-il été demandé. "Je pense que s'ils étaient honnêtes, ils ouvriraient une grande enquête sur les Bidens. C'est une réponse très simple. Ils devraient enquêter sur les Biden (...) Et, soit dit en passant, la Chine devrait également ouvrir une enquête sur les Biden, car ce qui s'est passé en Chine est aussi grave que ce qui s'est passé avec l'Ukraine", a répondu Donald Trump.

Interrogé pour savoir s'il avait déjà évoqué le sujet avec son homologue Xi Jinping, Donald Trump a répondu : "Ce n'est pas le cas, mais c'est certainement une chose à laquelle nous pouvons commencer à penser". Cette demande, signalée initialement par un lanceur d'alerte, a conduit la Chambre des représentants à majorité démocrate à ouvrir une enquête en vue d'une procédure de destitution. Donald Trump ayant gelé 400 millions de dollars d'aide militaire à l'Ukraine juste avant de présenter sa demande à Volodimir Zelenski, les démocrates soupçonnent le président républicain d'avoir détourné la diplomatie américaine à des fins personnelles. Trump s'est par ailleurs défendu d'avoir "le droit absolu, peut-être même le devoir" d'enquêter sur la corruption, quitte à "demander ou de proposer à d'autres pays de nous aider".

"Monsieur le président, vous ne pouvez pas pressurer des gouvernements étrangers pour vous aider à être réélu", a rétorqué le premier intéressé, Joe Biden, sur Twitter. "Je sais que vous voulez truquer la primaire (démocrate, ndlr) et choisir votre rival, mais je ne vais pas bouger d'ici".

Les démocrates vent debout contre Trump

Si aucun républicain n'a critiqué publiquement la surenchère du locataire de la Maison-Blanche, le président démocrate de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants a réagi aux dernières déclarations de Donald Trump. Il a jugé que le locataire de la Maison-Blanche avait rompu son serment de président en demandant à la Chine d'enquêter sur Joe Biden.

"Que le président des Etats-Unis incite un pays étranger à s'immiscer une nouvelle fois pour favoriser sa campagne en enquêtant sur un adversaire constitue une violation fondamentale du serment de président. Cela met en péril nos élections. Cela met en péril notre sécurité nationale. Cela devrait être condamné par chaque membre de cette institution, démocrates comme républicains", a dit Adam Schiff à la presse.

La présidente de la commission électorale fédérale Ellen Weintraub à également réagi et republié jeudi sur Twitter un rappel à l'ordre déjà exprimé en juin« Permettez-moi de clarifier à 100 % quelque chose au public américain et à quiconque se portant candidat à une charge publique, avait alors écrit Ellen Weintraub. Il est illégal pour toute personne de solliciter, d'accepter ou de recevoir quelque chose de valeur d'un ressortissant étranger dans le cadre d'une élection américaine. Ce n'est pas un concept nouveau. »

Commentaire 1
à écrit le 04/10/2019 à 15:00
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Trump qui connaît bien son électorat à tout intérêt à continuer sur le même chemin. Le peuple américain (autre que gave de hamburgers et de sodas) est médiatiquement désinforme, décérébré et ce d'autant plus facilement que le niveau général d'instruc...

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