Moscou et Kiev s'accordent pour sortir 25 millions de tonnes de céréales ukrainiennes

L'Ukraine et la Russie ont signé vendredi à Istanbul un accord, sous l'égide de l'ONU, pour débloquer les céréales ukrainiennes. L'accord sera valable pendant « 120 jours », soit quatre mois, le temps de sortir les quelque 25 millions de tonnes entassées dans les silos d'Ukraine alors qu'une nouvelle récolte approche. Il sera effectif dans les prochains jours, assure Moscou, pressé par la communauté internationale.
L'Ukraine a suggéré que ses exportations commencent à partir de trois ports: Odessa, Pivdenny et Tchornomorsk.
L'Ukraine a suggéré que ses exportations commencent à partir de trois ports: Odessa, Pivdenny et Tchornomorsk. (Crédits : Reuters)

Cinq mois après le début du conflit, l'Ukraine et la Russie, parmi les plus gros exportateurs mondiaux de céréales, ont signé vendredi à Istanbul, sous les auspices de l'ONU, un accord pour débloquer les céréales ukrainiennes. Jusqu'à 25 millions de tonnes sont coincées dans les ports ukrainiens à cause des navires russes, mais aussi des mines marines déposées par les Ukrainiens pour se prémunir d'un assaut amphibie.

Ce blocage a déjà provoqué une hausse des prix des denrées alimentaires dans le monde, laissant planer le spectre d'une famine. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 47 millions de personnes supplémentaires sont exposées à « une faim aiguë » depuis le début de la guerre. L'objectif de cet accord est donc de mettre fin à la crise provoquée par l'invasion russe de l'Ukraine et qui a secoué les marchés alimentaires mondiaux et de soulager les pays dépendants des marchés russe et ukrainien, qui représentent 30% du commerce mondial du blé à eux deux.

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Kiev et Moscou ont signé deux textes identiques, mais séparés, à la demande de l'Ukraine qui refusait de parapher tout document avec la Russie. Les quatre délégations se sont retrouvées dans l'enceinte du palais de Dolmabahçe, sur le Bosphore à Istanbul, en présence du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, du président turc Recep Tayyip Erdogan ainsi que des ministres turc et russe de la Défense et du ministre ukrainien des Infrastructures. La cérémonie s'est déroulée sous les drapeaux des protagonistes, ceux de la Russie et de l'Ukraine soigneusement séparés par les bannières bleue de l'Onu et rouge de la Turquie, pays qui endosse le rôle de médiateur depuis le début de l'invasion russe, le 24 février.

120 jours pour sortir 25 millions de tonnes de céréales

L'accord sera valable pendant « 120 jours », soit quatre mois, le temps de sortir les quelque 25 millions de tonnes entassées dans les silos d'Ukraine alors qu'une nouvelle récolte approche. L'Ukraine a suggéré que ses exportations commencent à partir de trois ports - Odessa, Pivdenny et Tchornomorsk - et espère pouvoir accroître leur nombre à l'avenir. De son côté la Russie a assuré que les conditions étaient réunies pour une application « dans les prochains jours ».

Des « couloirs sécurisés » permettront la circulation des navires marchands en mer Noire, que « les deux parties se sont engagées à ne pas attaquer », a précisé un responsable des Nations unies ayant requis l'anonymat. Les négociateurs ont renoncé à nettoyer la mer Noire des mines - principalement posées par les Ukrainiens pour protéger leurs côtes: « Déminer aurait pris trop de temps », a justifié l'Onu, qui a précisé que des « pilotes ukrainiens » ouvriraient la voie aux cargos dans les eaux territoriales.

Un centre de coordination conjoint (CCC) doit être établi dès ce weekend à Istanbul avec des représentants de toutes les parties et des Nations unies. Des inspections des navires au départ et en direction des ports ukrainiens auront lieu sous le contrôle du CCC, dans l'un des ports d'Istanbul, afin de répondre aux inquiétudes de Moscou, qui veut avoir la garantie que les cargos n'apporteront pas d'armes à l'Ukraine.

La Russie a également obtenu la garantie que les sanctions occidentales ne s'appliqueront pas, ni directement ni indirectement, à ses propres exportations de produits agricoles et d'engrais. « Même si les produits (agricoles) russes ne sont pas concernés par les sanctions, il y a des blocages concernant le transport maritime, les assurances et le système bancaire », expliquait jeudi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu. D'après un diplomate à New York, les Etats-Unis ont en effet offert des « garanties » afin que des bateaux de gros tonnage soient fournis à la Russie, pour faciliter l'exportation de ses céréales et de ses engrais.

L'UE réclame une mis en œuvre rapide

Le patron de l'Onu, Antonio Guterres, a remercié la Russie et l'Ukraine qui ont « surmonté leurs divergences pour faire place à une initiative au service de tous ». Maintenant, l'accord « doit être pleinement mis en œuvre », a-t-il plaidé après l'avoir âprement négocié depuis avril. De son côté, le président turc a reconnu qu'il n'avait « pas été facile » d'en arriver là, et espéré que la signature de cet accord allait « renforcer l'espoir de mettre fin à cette guerre ».

L'Union européenne a salué vendredi comme « un pas dans la bonne direction » l'accord pour débloquer les exportations de céréales ukrainiennes signé à Istanbul avec la Russie, et a appelé à sa « mise en œuvre rapide ». « L'accord d'Istanbul est un pas dans la bonne direction. Nous appelons à sa mise en œuvre rapide », a déclaré le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell sur son compte Twitter.

Quant au Royaume-Uni, la cheffe de la diplomatie, Liz Truss, a indiqué que Londres veillera à ce que la Russie tienne ses engagements. « Cet accord doit être mis en œuvre et nous veillerons, pour nous assurer que les actes de la Russie correspondent à ses paroles », a-t-elle déclaré dans un communiqué. Et d'ajouter : « Pour permettre un retour durable à la sécurité dans le monde et à la stabilité économique, Poutine doit mettre fin à la guerre et se retirer d'Ukraine ».

(Avec AFP)

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