Mur, Corée du Nord, enquête russe... les points clés du discours de Trump sur l'état de l'Union

Face au Congrès réuni au grand complet, Donald Trump a prononcé, mardi 6 février, son discours sur l'état de l'Union. Evoquant notamment le projet de construction de mur à la frontière mexicaine, la Corée du Nord ou encore les enquêtes judiciaires dont il fait l'objet, le président américain a tenté de se poser en rassembleur malgré des diatribes enflammées sur l'immigration.
Le président américain Donald Trump s'exprime de le Congrès américain mardi 6 février.
Le président américain Donald Trump s'exprime de le Congrès américain mardi 6 février. (Crédits : Reuters)

Pour ce traditionnel discours sur l'état de l'Union, Donald Trump a tenté de calmer le jeu alors qu'il s'exprimait, au Capitol, devant les élus de la Chambre des représentants et ceux du Sénat dans un contexte de forte tension après 35 jours d'un blocage partiel de l'administration américaine. Ainsi, le président américain a multiplié les appels au compromis dans une allocution à la tonalité plutôt sobre, à l'exception d'un long passage sur la sécurité à la frontière avec le Mexique, conclu sur la promesse que le mur serait bel et bien construit.

  •  Une volonté d'unifier le pays malgré les dissensions

"Le programme que je vais présenter ce soir n'est ni républicain, ni démocrate. C'est celui du peuple américain, a déclaré Trump. Ensemble, nous pouvons mettre fin à des décennies de blocage politique, guérir les blessures anciennes, construire de nouvelles coalitions, esquisser de nouvelles solutions", a-t-il ajouté.

Donald Trump a joué la carte du rassemblement. Mais ces appels venant d'un président coutumier des sorties polémiques n'ont guère convaincu l'opposition. "On dirait que, tous les ans, le président se réveille le jour du discours sur l'état de l'Union avec une soudaine envie d'unité. Les 364 autres jours de l'année, le président passe son temps à nous diviser", avait ironisé, avant même le discours, Chuck Schumer, ténor démocrate du Sénat. Une image, chargée en symboles, résumait la difficulté de sa délicate équation politique: lorsqu'il a pris la parole devant les élus au grand complet, la nouvelle "Speaker" de la Chambre des représentants Nancy Pelosi était, suivant la tradition, assise derrière lui, dans le champ des caméras.

Elle est pour l'essentiel restée impassible. Or l'élue démocrate de San Francisco, vent debout contre son projet de mur à la frontière avec le Mexique, vient de lui infliger une cuisante défaite politique. Et l'image d'habile négociateur qu'aime mettre en avant le magnat de l'immobilier de 72 ans a été très sérieusement écornée.

  • La construction du mur à la frontière mexicaine et l'immigration

Pourtant, Donald Trump a assuré ne pas avoir renoncé à cette promesse de campagne, décriée par l'opposition démocrate qui la juge coûteuse et inefficace, et a réitéré sa volonté de le voir érigé en dépit de son bras de fer perdu, le 25 janvier, lorsqu'il avait conditionné la fin du "shutdown" le plus long de l'histoire à l'adoption par le Congrès d'un budget de 5,7 milliards pour financer la construction de l'édifice destiné selon lui à lutter contre l'immigration illégale. Le Congrès n'avait pas cédé.

"Je vais le faire construire", a pourtant martelé mardi M. Trump qui n'a finalement pas, comme il l'avait laissé entendre, déclaré une "urgence nationale", procédure exceptionnelle qui lui permettrait de contourner le Congrès. Il avait également menacé, à l'issue du "shutdown", d'une nouvelle paralysie budgétaire si aucun consensus n'avait été trouvé d'ici le 15 février sur le financement de son mur. Selon Le Monde, cette deuxième option pourrait valoir à Donald Trump des accusations d'abus de pouvoir alors, que dans le même temps, un sondage de la Quinnipiac Université, publié le 29 janvier, a montré que les hommes blancs âgés et non diplômés étaient majoritairement opposés à la construction du mur alors qu'ils constituent le cœur de l'électorat trumpiste.

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Trump a qualifié l'immigration de "crise nationale d'urgence"Dans son discours, le président a également annoncé le déploiement de 3.750 soldats supplémentaires à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, pour préparer "une offensive phénoménale" contre les caravanes de migrants. Le président a, une nouvelle fois, exhorté démocrates comme républicains à trouver un compromis d'ici au 15 février pour financer le mur. "Par le passé, la plupart des gens dans cette pièce ont voté pour un mur, mais le mur adéquat n'a jamais été construit. Je le ferai construire", a annoncé Donald Trump lors de son discours au Capitole, qui a duré 82 minutes.

Les murs "fonctionnent et sauvent des vies, alors travaillons ensemble, trouvons un compromis et un accord", a-t-il précisé, ajoutant qu'il avait fait parvenir au Congrès une proposition allant "dans le sens de tous", comprenant notamment une "nouvelle barrière physique" à la frontière sud.

  • Un sommet Trump- Kim Jung Un au Vietnam

Le président américain a aussi profité de ce rendez-vous pour annoncer le pays et la date de son prochain sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un : les 27 et 28 février au Vietnam. Le président américain a déclaré qu'il y avait encore beaucoup à faire pour la paix avec la Corée du Nord, tout en se félicitant des progrès accomplis depuis quinze mois. "Si je n'avais pas été élu président des Etats-Unis, nous serions aujourd'hui, selon moi, au coeur d'un conflit majeur avec la Corée du Nord", a-t-il dit. Cette rencontre doit permettre de "nouveaux progrès" concernant les "engagements" des deux parties, a précisé mardi le département d'Etat, citant notamment la "dénucléarisation", la "transformation des relation" entre la Corée du Nord et les Etats-Unis ainsi que la "construction d'une paix durable sur la péninsule coréenne". Le président américain a estimé mardi soir que sa relation avec Kim était "bonne".

Après son accession à la présidence, Trump a longtemps manié la rhétorique guerrière avec Pyongyang, promettant notamment en août 2017 "le feu et la fureur" à la Corée du Nord si elle renouvelait ses menaces nucléaires contre les Etats-Unis. Le chef de la Maison blanche et le dirigeant nord-coréen ont par la suite modéré leurs discours, avant de se rencontrer lors d'un sommet historique, le 12 juin dernier à Singapour,  à l'issue duquel Kim Jong-un a promis à son interlocuteur d'oeuvrer à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

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Or, depuis cette rencontre les négociations se sont enlisées et ce nouveau tête-à-tête est censé permettre de réaliser des progrès concrets. Faisant le point sur ce processus il y a quelques jours, Stephen Biegun a assuré que Washington restait « lucide » sur les chances de succès et a réaffirmé que l'objectif des Américains restait la « dénucléarisation définitive et entièrement vérifiée » de la Corée du Nord. Par ailleurs, toujours au sujet du continent asiatique, Trump a une nouvelle fois averti la Chine qu'elle ne pourrait plus "voler les emplois et la richesse des Américains" et a exigé des "changements structurels" de Pékin pour mettre fin à ses pratiques commerciales "injustes".

  • Une économie au meilleur de sa forme

Donald Trump a profité de cette tribune pour vanter les mérites de sa politique économique. "Après 24 mois de progrès rapides, notre économie est enviée par le monde entier", a-t-il assuré, évoquant un "miracle économique""L'économie américaine croît presque deux fois plus vite aujourd'hui que lorsque j'ai été investi président, et nous sommes considérés comme l'économie la plus dynamique du monde entier, de très loin", a-t-il ajouté. Comme le remarque le New York Times (en anglais), cette affirmation est toutefois fausse : la Pologne, l'Inde ou encore la Chine enregistrent une croissance plus importante que les Etats-Unis au dernier trimestre de l'année 2018.

"Afin de mettre à profit notre incroyable succès économique, il y a une priorité essentielle : inverser les décennies de politiques commerciales désastreuses", a continué Donald Trump. Avant de lancer une pique à l'aile gauche du parti démocrate, renforcée depuis les élections de mi-mandat et incarnée notamment par la représentante Alexandria Ocasio-Cortez, qui a proposé de taxer les Américains les plus riches à hauteur de 70%. "Nous sommes nés libres et nous resterons libres. Ce soir, nous réaffirmons avec force que l'Amérique ne sera jamais un pays socialiste", a déclaré Donald Trump.

  • Donald Trump dénonce les enquêtes menées à son encontre

A 21 mois de la prochaine élection présidentielle, où il entend briguer un second mandat, le milliardaire américain a dénoncé, avec une virulence rare dans cette enceinte, les enquêtes judiciaires "ridicules" et "partisanes" en référence aux investigations du procureur spécial Robert Mueller sur le liens entre son équipe de campagne et la Russie qui nie toute implication.

  • Un chant d'anniversaire inattendu

Le discours de Donald Trump a été interrompu lorsque le Congrès a entonné "Joyeux anniversaire", en hommage à Judah Samet, invité par le président à assister au discours sur l'état de l'Union. Ce survivant de la Shoah a échappé à la fusillade qui a fait 11 morts dans la synagogue de Pittsburgh (Pennsylvanie), fin octobre. Il fêtait ses 81 ans mardi 5 février. Le Congrès lui a réservé une chaleureuse ovation. "Ils ne le feraient pas pour moi, Judah", a plaisanté Donald Trump, provoquant les rires de l'assistance.

Commentaire 1
à écrit le 06/02/2019 à 19:59
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