Niger : l'ultimatum menaçant les putschistes d'intervention militaire a expiré

La junte au pouvoir au Niger a fermé l'espace aérien depuis l'expiration de l'ultimatum lancé par la la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) exigeant le rétablissement du président légitime Mohamed Bazoum sous peine d'intervention militaire. Mais certains pays, comme le Nigéria et l'Algérie, souhaitent favoriser encore une issue politique et diplomatique.
Dimanche après-midi, quelque 30.000 partisans du coup d'Etat, dont beaucoup brandissaient des drapeaux du Niger, du Burkina Faso et de Russie, se sont livrés à une démonstration de force dans le plus grand stade du Niger à Niamey.
Dimanche après-midi, quelque 30.000 partisans du coup d'Etat, dont beaucoup brandissaient des drapeaux du Niger, du Burkina Faso et de Russie, se sont livrés à une démonstration de force dans le plus grand stade du Niger à Niamey. (Crédits : Reuters)

Au Niger, les prochaines heures s'avèrent cruciales. L'ultimatum lancé le 30 juillet par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a expiré dimanche à minuit. Il exigeait des militaires qui ont pris le pouvoir au Niger le rétablissement du président légitime renversé Mohamed Bazoum, sous peine d'intervention armée.

« Face à la menace d'intervention qui se précise à partir des pays voisins, l'espace aérien nigérien est fermé (...) jusqu'à nouvel ordre », indique dimanche soir un communiqué du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), qui a pris le pouvoir. Le CNSP précise que « toute tentative de violation de l'espace aérien » entraînera « une riposte énergique et instantanée ». Il affirme également qu'un « prédéploiement pour la préparation de l'intervention a été faite dans deux pays d'Afrique centrale », sans préciser lesquels. « Tout Etat impliqué sera considéré comme cobelligérant », ajoute-t-il.

Les frontières terrestres et aériennes du Niger avec cinq pays (Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali, Tchad), fermées lors du coup d'Etat du 26 juillet, avaient été rouvertes le 2 août.

Des drapeaux du Niger, du Burkina Faso et de Russie

Dimanche après-midi, quelque 30.000 partisans du coup d'Etat, dont beaucoup brandissaient des drapeaux du Niger, du Burkina Faso et de Russie, se sont livrés à une démonstration de force dans le plus grand stade du Niger à Niamey. « Aujourd'hui, c'est le jour de notre véritable indépendance! », criait un jeune homme, la foule autour de lui lançant des « A bas la France, à bas la Cedeao! ». Des membres du CNSP sont arrivés triomphalement au stade dans un convoi de pick-ups, acclamés et entourés par une foule enfiévrée, ont constaté des journalistes de l'AFP. Le général Mohamed Toumba, numéro trois du CNSP, a pris la parole pour dénoncer ceux « qui sont tapis dans l'ombre » et qui « sont en train de manigancer la subversion » contre « la marche en avant du Niger ». « Nous sommes au courant de leur plan machiavélique », a-t-il dit.

Le coup d'Etat a été condamné par l'ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger, mais les militaires nigériens ont reçu le soutien de leurs homologues du Mali et du Burkina Faso - également arrivés au pouvoir par des coups d'Etat en 2020 et 2022 et eux aussi confrontés à la violence jihadiste - qui affirment qu'une intervention au Niger serait une « déclaration de guerre » à leurs deux pays.

La perspective d'une intervention armée suscite inquiétudes et critiques. Samedi, les sénateurs du Nigeria, poids lourd de la Cedeao avec ses 215 millions d'habitants et qui partage une frontière de 1.500 km avec le Niger, ont appelé le président Bola Tinubu à « renforcer l'option politique et diplomatique ».

L'Algérie, autre voisin du Niger et acteur majeur dans le Sahel, a également émis des réserves. Le président Abdelmadjid Tebboune a estimé samedi qu'une intervention serait « une menace directe » pour son pays. « Il n'y aura aucune solution sans nous », a-t-il ajouté, craignant que « tout le Sahel s'embrase ».

« Nous voulons du changement »

« Il faut empêcher le scénario catastrophique d'une guerre », a alerté de son côté un collectif de chercheurs, spécialistes du Sahel, dans une tribune publiée samedi dans le quotidien français Libération. « Une guerre de plus au Sahel n'aura qu'un vainqueur: les mouvements jihadistes qui depuis des années construisent leur expansion territoriale sur la faillite des Etats », écrivent-ils.

De nombreux résidents de Niamey - fief de l'opposition au président déchu - espéraient dimanche ne pas avoir à vivre une intervention militaire. « Si la Cedeao intervient, ça va encore aggraver la situation. Mais les gens sont prêts et la population va soutenir les nouveaux dirigeants, parce que nous voulons du changement », assure à l'AFP Jackou, commerçant dans le textile.

La Cedeao et les pays occidentaux réclament un retour à l'ordre constitutionnel et la libération du président Bazoum, retenu prisonnier. « Nous condamnons la tentative de coup d'Etat au Niger qui constitue une grave menace pour la paix et la sécurité dans la sous-région », a déclaré dimanche soir le président ivoirien Alassane Ouattara. Il a jugé « essentiel » de « rétablir l'ordre constitutionnel » et de « permettre au président Bazoum démocratiquement élu d'exercer librement ses fonctions ».

Une position identique à celle de la France, ancienne puissance coloniale dans la région dont les relations avec les auteurs du coup d'Etat au Niger se sont dégradées ces derniers jours. Les militaires ont dénoncé des accords de coopération militaire et sécuritaire avec Paris, qui déploie au Niger 1.500 soldats pour la lutte antiterroriste, une mesure ignorée par Paris.

(avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 07/08/2023 à 20:30
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la France n à pas payé les nouveaux militaires je regrette presque bob denard, la Russie les terroristes ont gagné cela va coûter encore des millions, et + + + , +++ aux francais pour partir du pays africain. Reste une solution logistique, saborder ...

à écrit le 07/08/2023 à 11:26
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L'UE et les USA doivent simplement laisser ces pays se débrouiller, y compris en ne donnat plus la moindre aide au développement. La Russie étant exsangue ils seront de facto sous domination chinoise. Par principe l'Occident ne doit pas aider de pays...

à écrit le 07/08/2023 à 9:57
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A l'évidence l'armée nigérienne doit prendre l'initiative afin d'expulser hors de son territoire les militaires français. C'est une simple question de souveraineté.

à écrit le 07/08/2023 à 9:17
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Sauf que je n'ai jamais vu la CEDEAO réaliser des entrainements conjoint, je doute fort que leurs systèmes de commandement, de SI, de renseignement et tout simplement sur le plan tactique (sans même parler de stratégie, de logistique, de budget et du...

à écrit le 07/08/2023 à 8:22
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Pschitt... ? Courageux mais pas téméraires. Autant trouver quelqu'un pour se battre à votre place . C'est d'ailleurs un principe à la mode, en ce moment...

le 07/08/2023 à 10:08
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C est surtout préserver l accès à l uranium pour La France - 15% de ces besoins pour produire électricité nucléaire en métropole - qui a contractualisé il y a quelques années ( 5 milliards d euros / an) sans intervenir directement . Ce que ferait n...

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