Nucléaire iranien : la proposition de Téhéran n'est pas « constructive » selon Washington

Alors que l'Iran a apporté une réponse au texte final soumis par l'Union européenne dans le but de sauver l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, les Etats-Unis ont jugé cette réponse « pas constructive ». Depuis 16 mois, des négociations sont menées mais des points restent en débat notamment celui des inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Le 8 août, l'Union européenne a présenté un texte final destiné à sauver l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.
Le 8 août, l'Union européenne a présenté un texte final destiné à sauver l'accord sur le nucléaire iranien de 2015. (Crédits : Reuters)

La résolution du dossier du nucléaire iranien n'avait jamais été aussi proche d'aboutir...Elle semble encore pourtant bien loin. Pour rappel, l'Union européenne a présenté, le 8 août dernier à l'Iran, un texte final destiné à sauver l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, torpillé par le retrait des Etats-Unis sous Donald Trump trois ans plus tard. Téhéran s'est, depuis lors, affranchi par étapes des termes de l'accord, notamment en matière d'enrichissement de l'uranium. Selon cette nouvelle proposition, l'Iran bénéficierait d'un allègement des sanctions et pourrait à nouveau vendre son pétrole en échange de restrictions strictes sur son programme nucléaire.

Si Téhéran s'est dit prêt à signer cette proposition d'accord, il a néanmoins proposé des changements, qui porteraient notamment sur la levée de plusieurs sanctions, et réclamé des assurances sur divers points, globalement acceptés par les Européens et auxquels les Etats-Unis ont répondu via les médiateurs. Le pays participe, en effet, de manière indirecte à ces négociations qui ont réuni depuis 16 mois la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et, bien sûr, l'Iran autour de la table. Joe Biden a, en effet, promis de longue date de restaurer l'accord, estimant qu'il s'agissait du meilleur moyen de limiter le programme nucléaire iranien, et que le retrait américain n'avait fait qu'inciter Téhéran à accélérer son projet.

Une « réponse pas constructive »

Une nouvelle réponse a depuis été envoyée, comme l'a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien Nasser Karani plus tôt jeudi, arrivant après celle des Etats-Unis, selon l'agence officielle iranienne Irna. D'après la télévision publique iranienne, Téhéran a transmis le rapport au chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui coordonne les négociations et a mis sur la table début août une ultime offre pour tenter de sortir de l'impasse. « Le texte qui a été envoyé (par Téhéran) a une approche constructive ayant pour but de finaliser les négociations », a jugé Nasser Kanaani, à la télévision publique, sans donner davantage de précisions,

De leur côté, les Américains ne se montrent pas satisfaits. « Nous pouvons confirmer que nous avons reçu la réponse de l'Iran à travers l'Union européenne », a déclaré Vedant Patel, porte-parole adjoint du département d'Etat. « Nous l'étudions, et répondrons par le biais de l'Union européenne, mais malheureusement, elle n'est pas constructive », a-t-il ajouté.

La question des inspections de l'AIEA

L'un des points bloquants concerne les inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Lors d'un entretien mercredi avec le Premier ministre israélien Yaïr Lapid, farouche opposant de l'accord, Joe Biden a « souligné l'engagement des Etats-Unis à ne jamais permettre à l'Iran de se doter de l'arme nucléaire ». Washington s'est montré confiant, assurant que l'Iran a fait des concessions cruciales, et aurait en particulier abandonné sa demande visant à bloquer certaines inspections de l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique. Ce sujet des inspections reste toutefois ultra-sensible de part et d'autre.

En effet, l'Iran réclame à l'AIEA la clôture de la question des sites non déclarés, où des traces d'uranium enrichi avaient été retrouvées. Début août, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian avait appelé l'AIEA à régler « complètement » cette affaire « par la voie technique », et abandonner des « questions politiques non pertinentes ». Une demande que le patron de l'Agence, Rafael Grossi, refuse. Le gendarme onusien du nucléaire déplore, en effet, l'absence de réponses  « crédibles » de Téhéran concernant ces traces.

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