Pakistan : plus de 10 milliards de dollars pour reconstruire après les inondations

Les inondations provoquées par les pluies de mousson au Pakistan ont déjà causé de tels dégâts que le pays aura besoin de plus de 10 milliards de dollars pour réparer et reconstruire. Un appel aux dons de 160 millions d'euros va être lancé par l'ONU et le gouvernement pakistanais pour financer l'aide d'urgence. Un phénomène météorologique qui fragilise encore plus le pays, touché de plein fouet par une grave crise économique.
L'ONU et le gouvernement pakistanais vont lancer un appel urgent de 160 millions de dollars pour financer des activités d'aide d'urgence pour le pays.
L'ONU et le gouvernement pakistanais vont lancer un appel urgent de 160 millions de dollars pour financer des activités d'aide d'urgence pour le pays. (Crédits : STRINGER)

Le bilan est déjà lourd pour le Pakistan alors qu'il n'est que provisoire puisque les pluies continuent de s'abattre sur le pays. Au moins 1.136 morts, 33 millions de Pakistanais affectés - soit un sur sept -, près d'un million de maisons détruites ou gravement endommagées...

« Des dégâts massifs ont été causés aux infrastructures, en particulier dans les secteurs des télécommunications, des routes, de l'agriculture et des moyens de subsistance », a déclaré le ministre de la Planification et du Développement, Ahsan Iqbal, à l'AFP ce mardi 30 août.

Et « la situation devrait empirer, avec des pluies qui se poursuivent », s'est inquiété Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies. Et d'indiquer : « Avec le gouvernement (ndlr : pakistanais), nous prévoyons un appel urgent de 160 millions de dollars pour des activités d'aide d'urgence », précisant que le lancement officiel aurait lieu ce mardi.

Stéphane Dujarric a par ailleurs rappelé que l'ONU a « déjà mobilisé sept millions de dollars, notamment en redirigeant de l'argent d'autres programmes, pour financer les besoins les plus urgents », alimentation, eau, matériel médical, santé maternelle, abris.... Et trois millions supplémentaires ont été débloqués par le Fonds d'intervention d'urgence des Nations unies.

Selon la ministre du Changement climatique pakistanaise, Sherry Rehman, les besoins immédiats pour les trois ou quatre prochains jours s'élèvent à un milliard de dollars. Le ministre de la Planification et du Développement estime quant à lui que le pays aura besoin au total de plus de 10 milliards de dollars pour réparer les dégâts.

Lire aussiLes politiques climatiques, ces autres victimes de la guerre de Poutine en Ukraine

Du jamais vu

Un tiers du Pakistan est sous les eaux actuellement, « ce qui dépasse toute limite, toute norme constatée par le passé », d'après la ministre du Changement climatique. « Même lors des inondations de 2010 quand 2.000 personnes avaient été tuées et près d'un cinquième du pays submergé par les pluies de mousson », a-t-elle indiqué.

Cette ancienne diplomate de 61 ans ne mâche pas ses mots à l'égard des grands pays industrialisés pour leur rôle dans le réchauffement climatique. « Vraiment, il est temps que les grands émetteurs (de gaz à effet de serre), revoient leurs politiques (...) Nous constatons que les promesses et ambitions dans les forums internationaux formulées par certains pays, les pays riches, ceux qui se sont enrichis sur le dos des combustibles fossiles, ne se matérialisent pas vraiment », tacle Sherry Rehman.

Le Pakistan est responsable de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais il figure en 8e position des pays les plus menacés par les phénomènes météorologiques extrêmes, selon une étude de l'ONG Germanwatch.

Lire aussiInde et Pakistan : se préparer à des canicules encore plus intenses

Des inondations dans un contexte de grave crise économique

Ces inondations surviennent au pire moment pour le Pakistan, déjà en proie à une grave crise économique. Celle-ci est marquée notamment par la baisse des réserves de change du pays, utilisées au paiement de ses importations et au remboursement de sa dette, très élevée. Le Pakistan est aussi confronté à une inflation galopante - que le FMI voit se poursuivre à 20% en 2022-2023 - et à la dévaluation constante de sa monnaie, la roupie.

Dans ce contexte, le ministre des Finances pakistanais, Miftah Ismail, a annoncé ce lundi 29 août dans un tweet que « le FMI a approuvé la relance de notre programme de soutien financier ». L'institution de Washington va en effet débourser un montant de 1,1 milliard de dollars dans le cadre d'un précédent volume d'assistance déjà accordé sur le principe. Elle va ajouter quelque 500 millions de dollars à la taille totale du soutien qui va s'étendre jusqu'à juin 2023, selon un communiqué du FMI.

Une enveloppe de prêt de 6 milliards avait été octroyée en 2019 dans le cadre d'un plan de sauvetage conclu avec le Premier ministre d'alors, Imran Khan, mais a été suspendue à plusieurs reprises face à l'inertie du gouvernement pour prendre les mesures prévues par cet accord, notamment en matière fiscale. La totalité du programme de soutien financier se monte donc finalement à 6,5 milliards de dollars. Islamabad avait pour l'instant reçu 3 milliards de dollars prévus dans ce programme de prêts et souhaitait le voir prolongé jusqu'à juin 2023.

Lire aussiÉnergie : la politique de l'UE plonge le Pakistan dans l'obscurité

« L'économie pakistanaise a été ébranlée par des conditions extérieures défavorables, en raison des répercussions de la guerre en Ukraine et des défis intérieurs. La constante mise en œuvre de politiques correctives et de réformes reste essentielle pour retrouver la stabilité macroéconomique, remédier aux déséquilibres et jeter les bases d'une croissance inclusive et durable », a affirmé la directrice générale adjointe du FMI, Antoinette Sayeh, dans un communiqué.

De nombreuses mesures, très impopulaires, ont été décidées ces derniers mois par le gouvernement de Shehbaz Sharif, arrivé en avril. Parmi elles, l'augmentation des prix de l'énergie de plus de 50% et l'instauration d'une super taxe unique sur les bénéfices des entreprises.

Lire aussiPour nourrir la planète, la croissance de la productivité agricole doit «plus que tripler», selon les Nations Unies et l'OCDE

(avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 30/08/2022 à 19:26
Signaler
La volonté du tout puissant s'est abattue sur le Pakistan...

à écrit le 30/08/2022 à 15:37
Signaler
Les monarchies pétrolières du Golfe immensément riches ne vont pas manquer d'être solidaires de leurs frères victimes de la colère de Dieu. Les occidentaux n'ont pas à se préoccuper de ces pays qui nous haïssent.

à écrit le 30/08/2022 à 10:40
Signaler
Ca ne sert vraiment à rien d'aider ces pays. Plus on y déverse d'argent, plus ils font des enfants, et plus les problèmes s'accumulent. L'occident ferait mieux de s'occuper de ses affaires. A croire que l'Europe ne sera satisfaite, que quand elle ser...

le 30/08/2022 à 11:09
Signaler
De plus aider des populations qui détestent les occidentaux c’est du masochisme, laissons le milliard et demi de musulmans être solidaire c est une obligation de leur religion, et l’ argent des pétrodollars ne manque pas. De toute façon ils n’ont tjr...

le 30/08/2022 à 23:08
Signaler
Si des calamités climatique s'abattent ici ou là de par le vaste monde, c'est parce que les populations locales y font des gosses, sont musulmane et ne nous aiment pas. C'est une théorie très scientifique dites donc. Nous avons toutes nos chances au ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.