Pétrole : Moscou table sur un statu quo de l'offre lors de la réunion de l'Opep+ le 4 juin

Après les propos du ministre saoudien de l'Energie, menaçant les « spéculateurs » d'une nouvelle baisse de l'offre de l'Opep+, le vice-Premier ministre russe, Alexander Novak, s'est voulu rassurant en évoquant un statu quo. Mais une poursuite de la baisse des prix du baril, et donc des revenus, inquiète certains pays exportateurs.
Robert Jules
Le vice-Premier ministre russe Alexander Novak assistant à une session du Forum économique russo-chinois à Shanghai le 23 mai dernier.
Le vice-Premier ministre russe Alexander Novak assistant à une session du Forum économique russo-chinois à Shanghai le 23 mai dernier. (Crédits : Reuters)

Se sont-ils partagé les rôles ? Après la mise en garde adressée aux « spéculateurs » par le ministre de l'Energie saoudien, le prince Abdulaziz bin Salman, menaçant implicitement d'une nouvelle réduction de l'offre de l'Opep+, lors de la prochaine réunion des pays membres du partenariat, l'autre poids lourd, la Russie, s'est montré plus apaisante.

« Je ne pense pas qu'il y aura de nouvelles décisions, après celle prise il y a à peine un mois, portant sur la réduction volontaire de la production de pétrole par certains pays en raison de la faiblesse de la reprise économique mondiale », indiquait jeudi Alexander Novak, Vice-Premier ministre de la Fédération de Russie, dans un long entretien accordé jeudi au quotidien moscovite, ​​Izvestia.

« Si nous prenons en compte l'ensemble des réductions, ce sont 1,6 million de barils par jour supplémentaires qui vont être retirés en mai par la Russie, l'Arabie saoudite, l'Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït et certains autres pays. Notre tâche consiste maintenant à surveiller la situation sur le marché et à réagir rapidement si besoin », précise l'ex-ministre de l'Energie, et représentant de Moscou dans le partenariat Opep+.

Sous les 80 dollars

Ce vendredi 26 mai, le cours du baril de Brent progressait de moins de 1%, flirtant avec les 77 dollars. Sur un mois, il accuse une baisse de 1,65%. Celui du baril de WTI, la référence américaine, gagnait 0,80%, à 72,5 dollars. Sur un mois, il s'est déprécié de plus de 2,5%. Les investisseurs se focalisaient moins sur la décision que prendront les membres de l'Opep+ que sur les espoirs d'un accord entre élus démocrates et conservateurs sur le relèvement du plafond de la dette aux Etats-Unis.

La tendance a été également soutenue par « les stocks américains de pétrole brut qui ont chuté de manière inattendue de 12,456 millions de barils, la plus forte baisse depuis novembre 2022, selon les données de l'EIA. En outre, les stocks d'essence ont diminué de 2,053 millions de barils, dépassant les attentes », souligne John Plassard, économiste chez Mirabaud Equity Research.

Il n'en reste pas moins que depuis début juin 2022, le prix du pétrole affiche une baisse de plus de 36%. Il s'est installé sous la barre symbolique des 80 dollars, considérée comme le prix que serait prêt à défendre l'Opep+. D'autant que la valeur réelle du pétrole par rapport à sa valeur nominale est moindre, en raison de l'inflation élevée, qui impacte déjà trop les revenus aux yeux de l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial d'or noir.

L'Arabie saoudite augmente ses investissements

« Alexander Novak joue peut-être un rôle dans le plan élaboré pour punir les vendeurs à découvert, mais ses commentaires suggèrent qu'il n'y a pas de soutien généralisé pour une nouvelle réduction si peu de temps après la dernière. Cela n'empêcherait pas l'Arabie saoudite de procéder unilatéralement à une réduction, mais cela la rendrait moins efficace », relève Craig Erlam, analyste chez  Oanda.

En effet, si la Russie est limitée par les sanctions des pays du G7 et de leurs alliés qui lui imposent de ne peut pas vendre son baril de pétrole à un prix supérieur à 60 dollars, ce n'est pas le cas de l'Arabie saoudite. « La production de l'Arabie saoudite a augmenté de 50.000 barils par jour en avril. Sur le premier trimestre 2023, les bénéfices nets de Aramco ont baissé de 19% sur un an à 31,9 milliards de dollars, en raison de la baisse des cours », indique l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dans son dernier rapport mensuel. Elle rappelle que « grâce aux prix élevés de l'énergie et la production vendue, Aramco a affiché un profit record de plus de 161 milliards de dollars en 2022 ». En termes de revenus, 2023 ne répètera pas 2022.

Or, contrairement aux compagnies pétrolières occidentales, sous la pression des activistes du climat, les compagnies du Golfe continuent à investir. Ainsi, Aramco et ADNOC (la compagnie publique des Emirats arabes unis) ont investi davantage dans le secteur en 2022 qu'en 2019, et vont augmenter leurs dépenses cette année. « Les deux compagnies investissent pour atteindre leurs objectifs d'extension des capacités de production - 13 mb/j pour Aramco et 5 mb/j pour ADNOC », indiquait cette semaine l'AIE dans son rapport annuel sur les investissements mondiaux dans l'énergie, précisant que « Aramco a annoncé une hausse de ses investissements de 30 à 60% pour cette année pour un montant total compris entre 45 et 55 milliards de dollars ». Et Aramco, devenue une société cotée en Bourse, attend un retour sur investissement.

Robert Jules
Commentaires 3
à écrit le 27/05/2023 à 12:42
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L'usine d'e-fuel Porsche au Chili produit un équivalent du SP98 à partir d'hydrogène issu d'électricité éolienne, en captant de CO2 dans l'air. La production annuelle s'annonce à 550 mille tonnes (1500 tonnes par jour) pour un prix qui avoisinera les...

à écrit le 26/05/2023 à 22:58
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Bonjour, oui avec la transition énergétique, le pétrole sera moins recherché... L'emploi de biocarburant , la motorisation électrique réduit toujours plus nos besoins... La suppression de milliers de chaudière au GO , remplacer par des pompes a cha...

à écrit le 26/05/2023 à 21:06
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La transition énergétique, voilà une idée qu'elle est bonne. Moins de pétrole même à pas cher, de moins en.moins de pays développés vont en avoir besoin.

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