Porto Rico, la "Grèce des Caraïbes", n'arrive plus à rembourser sa dette

Ancien paradis fiscal des multinationales américaines, Porto Rico fait face à une crise budgétaire sans précédent avec plus de 70 milliards de dollars de dette. Dimanche, son gouverneur a fait savoir que l'archipel des Caraïbes n'était pas en mesure d'honorer, dans le délai imparti, le paiement de plus de 400 millions de dollars.
Sarah Belhadi
45% des Porto Ricains vivent dans la pauvreté, selon les estimations du Trésor américain.

Le gouverneur de Porto Rico a annoncé dimanche que la banque de développement gouvernementale (GDB) -l'équivalent pour l'île du Trésor américain- ne paierait pas dans l'immédiat un remboursement de dette de 422 millions de dollars, au risque de déclencher de nouvelles poursuites judiciaires.

>>> Lire aussi : Porto Rico : premières poursuites judiciaires aux Etats-Unis après le défaut de paiement

Dans un discours télévisé d'une dizaine de minutes, le gouverneur Alejandro Garcia Padilla a indiqué avoir décidé "un moratoire temporaire sur le paiement" de ce remboursement. L'échéance officielle était fixée au 1er mai, mais en raison de la fermeture des banques le dimanche, le paiement pouvait toutefois être reporté jusqu'à lundi en fin de journée.

70 milliards de dollars de dette

Alejandro Garcia Padilla a utilisé une loi, votée en urgence début avril par le Parlement de cette île américaine des Caraïbes, qui lui donne le pouvoir de déclarer un moratoire sur tout ou partie de la dette écrasante de Porto Rico, évaluée à plus de 70 milliards de dollars.

>>>LIRE AUSSI : Porto Rico : 72 milliards de dollars de dette "impayable"

A plusieurs reprises, Porto Rico n'a pas été en mesure de faire face à ses échéances, mais cette fois-ci, figurent parmi les créanciers des détenteurs d'obligations à Wall Street et des fonds spéculatifs.

Le gouverneur a expliqué que Porto Rico ne pouvait honorer ses dettes à ses créanciers dans la mesure où il doit payer les salaires du secteur public ou les budgets de la santé et de l'éducation. Dans le cas contraire, il exposerait son pays à une "crise humanitaire", a-t-il rappelé. "J'ai fait un choix", a-t-il indiqué à ses compatriotes. "J'ai décidé que vos besoins de base étaient plus importants que quoi que ce soit d'autre."

Porto Rico réitère sa demande de restructuration de dette

Par ailleurs, Alejandro Garcia Padilla a -encore une fois- demandé au Congrès américain d'autoriser l'île à restructurer sa dette à l'abri de ses créanciers. Pour rappel, seul le Congrès peut accorder ce droit à l'île. Le territoire peuplé de 3,5 millions d'habitants (qui sont citoyens américains) n'est en effet ni un Etat américain, ni une municipalité et ne peut donc pas se déclarer en faillite.

"Nous avons demandé encore et encore au Congrès de nous fournir les moyens pour restructurer notre dette; nous ne voulons pas d'un sauvetage financier, et on ne nous a pas proposé de sauvetage financier, ce que nous voulons c'est une procédure de restructuration qui ne coûtera rien aux contribuables américains", a indiqué le gouverneur.

Ex-eldorado pour les entreprises

De nombreux fonds de pension américains ont investi en masse dans cet archipel autrefois prospère, séduits par de forts rendements. Mais en 2006, le Congrès américain décide de mettre un terme à ce système d'exonération fiscale pour les entreprises nord-américaines. C'est le début de la crise.

La fin de cette mesure incitative pour les entreprises provoque une chute de l'activité économique, puis une récession, ce qui pousse de plus en plus d'habitants à s'exiler aux Etats-Unis. Ainsi, le journal USA Today rapporte que, chaque semaine, quelque 1500 résidents de Porto Rico quittent l'île. De leur côté, les gouvernements successifs ont émis de la dette pour combler le déficit croissant des finances publiques. Sans succès.

>>>ALLER PLUS LOIN : Puerto Rico's Economic and Fiscal Crisis (source : US Treasury Department estimates)

Sarah Belhadi
Commentaire 1
à écrit le 02/05/2016 à 11:57
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Une dette peut être restructurée, une entité fut-elle un état peut faire défaut, mais pas si des moyens ont été mis à disposition par d'autres états pour justement gérer ce problème. Autrement dit, ne pas confondre la Grèce qui doit de l'argent prêté...

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