Pour redresser l'économie mondiale, l'arrêt de la guerre en Ukraine est le meilleur antidote (Janet Yellen)

La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a estimé lundi que mettre fin à la guerre en Ukraine constituait le meilleur moyen de répondre aux difficultés de l'économie mondiale, dans un message apparent à la Russie avant le sommet du G20 en Indonésie.
« Mettre fin à la guerre menée par la Russie constitue un impératif moral et tout simplement la meilleure chose à faire pour l'économie mondiale », a déclaré Janet Yellen
« Mettre fin à la guerre menée par la Russie constitue un impératif moral et tout simplement la meilleure chose à faire pour l'économie mondiale », a déclaré Janet Yellen (Crédits : Reuters)

Alors que les perspectives économiques s'assombrissent, Janet Yellen, la secrétaire américaine au Trésor a estimé ce lundi que mettre fin à la guerre en Ukraine était le meilleur moyen de répondre aux difficultés de l'économie mondiale. « Mettre fin à la guerre menée par la Russie constitue un impératif moral et tout simplement la meilleure chose à faire pour l'économie mondiale », a-t-elle déclaré à la presse en marge d'une rencontre avec son homologue français Bruno Le Maire avant le sommet du G20 qui se tiendra mardi et mercredi sur l'île indonésienne de Bali.

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Certes la guerre en Ukraine n'est pas officiellement au menu du G20, mais la guerre lancée il y a neuf mois par Moscou et les sanctions occidentales contre la Russie qui ont suivi ont de profondes répercussions économiques, avec l'envolée des prix de l'énergie et des produits alimentaires. A ce sujet, la Russie se trouve sous pression pour prolonger l'accord existant permettant des exportations de céréales ukrainiennes qui expire le 19 novembre.

Bruno Le Maire a de son côté insisté sur la nécessité d'agir pour atténuer les effets économiques du conflit. «Je pense que le premier problème sur la table, c'est comment réduire les prix de l'énergie et comment se débarrasser de l'inflation», a déclaré le ministre français de l'Economie.

Récession en vue en Europe

Les déclarations de Janet Yellen interviennent alors que l'Europe va entrer en récession en fin d'année et subir une inflation plus forte que prévu à cause de la flambée des prix de l'énergie, a prévenu Bruxelles vendredi.

« Nous avons des mois difficiles devant nous », a reconnu le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni. Selon lui, l'activité va se contracter au dernier trimestre de cette année et au premier de 2023 et la zone euro. Avec deux trimestres successifs de contraction, « la plupart des Etats membres » seront en « récession ». En conséquence, la progression du PIB l'an prochain a été fortement revue à la baisse, à seulement 0,3% pour les pays partageant la monnaie unique, contre 1,4% prévu jusqu'ici, même si un retour de la croissance est attendu au printemps.

L'Europe est particulièrement touchée par les conséquences de l'invasion russe de l'Ukraine. Elle « fait partie des économies avancées les plus touchées, en raison de sa proximité géographique avec la zone de guerre et de sa forte dépendance aux importations de gaz en provenance de Russie », a souligné la Commission dans un communiqué.

La reprise enregistrée depuis l'an passé, après la récession historique de 2020, a résisté jusqu'à cet été même si elle s'est ralentie. La zone euro a encore enregistré 0,2% de croissance au troisième trimestre, surprenant les analystes. De quoi relever de 0,5 point la prévision pour 2022 à 3,2%.

« Mais le choc de la guerre est en train de prendre le dessus, a constaté Paolo Gentiloni. L'inflation continue de dépasser nos prévisions, la forte érosion du pouvoir d'achat a fait chuter la confiance des consommateurs, comme celle des entreprises qui sont confrontées à des coûts de production élevés, des difficultés persistantes d'approvisionnement et un resserrement des conditions de financement ».

L'inflation plus forte que prévu

Bruxelles a revu en forte hausse sa prévision d'inflation dans la zone euro pour 2023, à 6,1%, contre 4% anticipé jusqu'ici. Elle s'attend toutefois à ce que la hausse des prix commence à reculer après un point haut attendu fin 2022. Sur l'ensemble de l'année 2022, Bruxelles table désormais sur une inflation plus forte que prévu à 8,5%, contre 7,6% précédemment.

« L'incertitude reste exceptionnellement élevée » en raison de la guerre et pourrait conduire à des chiffres encore moins bons, a cependant mis en garde Paolo Gentiloni.

Les stocks de gaz apparaissent suffisants pour l'instant, mais l'arrêt quasi total des livraisons russes et la difficulté à compenser ce manque par des importations d'autres pays rendra la reconstitution des stocks plus difficiles pour l'hiver 2023/2024, a-t-il estimé. Si l'Europe échoue à se préparer correctement, les dégâts économiques pourraient être bien plus importants que prévu, a-t-il admis. Dans un scénario pessimiste, le PIB pourrait ainsi chuter de 0,9% en 2023 et l'inflation s'avérer bien plus persistante.

Les entreprises sont alarmées par les prix de l'énergie bien supérieurs en Europe à ce qu'ils soient aux Etats-Unis ou en Asie. Des usines et des projets d'investissements menacent de déserter l'UE, faisant craindre un décrochage économique.

Risque de désindustrialisation

« Ce risque de désindustrialisation existe », a reconnu M. Gentiloni. « Mais il ne me conduit pas à des prédictions catastrophiques, car les choix d'implantations industrielles dépendent de nombreux facteurs, pas seulement des prix de l'énergie », a-t-il nuancé.

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L'Allemagne, première économie européenne, devrait enregistrer l'an prochain la plus faible performance des pays de l'UE, avec un recul de 0,6% de son PIB, contre une croissance de 0,4% en France, de 1% en Espagne et de 0,3% en Italie.

En 2023, l'inflation devrait être la plus faible au Danemark (3,7%). Elle serait en Allemagne nettement supérieure à la moyenne (7,5%) et près de deux fois plus élevée qu'en France (4,4%), selon les prévisions de Bruxelles. Parmi les notes positives, le marché du travail européen devrait rester solide. Le taux de chômage, qui se situe à un plus bas historique, ne devrait augmenter « que marginalement », passant de 6,8% cette année à 7,2% en 2023 dans la zone euro.

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ZOOM- L'activité du Royaume-Uni se contracte au 3e trimestre

L'activité britannique a marqué le pas au troisième trimestre, l'inflation et la crise du coût de la vie se ressentant dans toute l'économie, qui semble entrer en récession. Le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,2% entre juillet et septembre contre une hausse de 0,2% au 2ème trimestre, indique l'Office national des statistiques (ONS) vendredi dans son rapport mensuel sur l'activité. Le repli a été particulièrement marqué en septembre (-0,6%) à cause du jour de congé national pour l'enterrement d'Elizabeth II, qui s'est traduit par la fermeture de très nombreuses entreprises.

L'ONS mentionne la hausse des coûts comme facteur pesant sur la production des entreprises, l'inflation tournant autour de 10% dans le pays. Les secteurs de la consommation et de la vente au détail ont pâti notamment de la frilosité des consommateurs confrontés à une envolée de leurs factures. La fin du mois de septembre a également été marquée par les turbulences financières déclenchées par les mesures budgétaires massives et non financées du gouvernement précédent mené par l'ex-Première ministre Liz Truss. Ces annonces budgétaires avaient fait plonger la livre à son plus bas historique et s'envoler les taux d'emprunt de la dette britannique à long terme, ce qui s'est ressenti sur les crédits des entreprises et des ménages, d'autant plus que la Banque d'Angleterre est déjà en plein cycle de relèvement des taux d'intérêt pour calmer l'inflation. Elle vient de procéder à la plus forte hausse de son principal taux directeur depuis 1989 : 0,75 point à 3%, tout en peignant un paysage économique lugubre, avertissant d'une récession qui pourrait être la plus longue connue au Royaume-Uni. Tous ces facteurs minent la confiance des consommateurs, des investisseurs et dirigeants d'entreprises.

(avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 14/11/2022 à 10:01
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Le complexe militaro-industriel US a assez gagné de fric, apparemment, avec cette horreur qu'il a bien aidé à déclencher vraisemblablement. Avec le soutien moral de tous les Tartuffes dressés sur leurs ergots pour défendre une démocratie bidon. Bie...

à écrit le 14/11/2022 à 9:44
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On appelle cette conclusion , celle du pompier pyromane. Si les accords de Minsk avaient été respectés par les américains , on n'en serait pas là. Avoir poussé les ukrainiens à entrer dans l'OTAN ne pouvait pas rester sans suites avec un dictateur à ...

à écrit le 14/11/2022 à 9:26
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Je crains, hélas que ce ne soit un peu tard..

à écrit le 14/11/2022 à 8:59
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Ce n'est pas la guerre qui est à l'origine de la crise énergétique mondiale, mais les sanctions occidentales qui offrent en plus une explosion des bénéfices des fournisseurs d'hydrocarbures.

à écrit le 14/11/2022 à 8:59
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vu ce qu'elle a fait quand elle etait a la tete de la fed, je crois qu'on peut dire que son avis economique vaut 0, sachant qu'elle n'a meme pas compris ce qu'on lui a appris en deuxieme annee de fac

à écrit le 14/11/2022 à 8:58
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"Pour redresser l'économie mondiale" Et dans l'autre article : les dividendes versés par les entreprises du CAC 40 avaient atteint l'an dernier un montant record de 57,5 milliards d'euros. L'année 2022 s'annonce encore plus prolifique.

à écrit le 14/11/2022 à 8:23
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Enfin... ! Un grain de sagesse, dans ce monde qui n'a d'autre but que de transformer le Vivant en monnaie virtuelle !

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