« Les perspectives économiques européennes se sont considérablement assombries » (FMI)

Croissance en berne, inflation galopante, pénurie d'énergie, guerre en Ukraine...Le Fonds monétaire international (FMI) dresse un sombre tableau de la santé des économies européennes pour les prochains mois. Une inquiétude partagée par Ben van Beurden, patron de Shell, pour qui « de brusques décisions » mettra « pas mal de pression sur les économies européennes et peut-être aussi sur le système politique en Europe ».
La croissance sur le continent européen, hors Turquie et pays en conflit, est désormais attendue à 3,2% en 2022 et 0,6% en 2023, soit respectivement 0,7 et 1,1 point de moins que ce qui était anticipé lors des précédentes prévisions du FMI.
La croissance sur le continent européen, hors Turquie et pays en conflit, est désormais attendue à 3,2% en 2022 et 0,6% en 2023, soit respectivement 0,7 et 1,1 point de moins que ce qui était anticipé lors des précédentes prévisions du FMI. (Crédits : YURI GRIPAS)

Le FMI est particulièrement inquiet pour les économies des pays européennes en évoquant « des perspectives qui se sont considérablement assombries ». Dans ses prévisions régionales publiées dimanche, l'institution souligne que « l'Europe était sur le point de sortir de la pandémie fin 2021, avec une combinaison de politiques globalement appropriée, tandis que la hausse de l'inflation était en passe de s'atténuer », mais « la guerre de la Russie en Ukraine et ses retombées ont complètement changé ces perspectives ».

En 2023, la croissance attendue sur le continent européen est de 0,6%

La croissance sur le continent européen, hors Turquie et pays en conflit, est désormais attendue à 3,2% en 2022 et 0,6% en 2023, soit respectivement 0,7 et 1,1 point de moins que ce qui était anticipé lors des précédentes prévisions, publiées en juillet.  Quant à l'inflation, elle devrait ralentir en 2023, mais rester très élevée : le FMI attend 6,2% dans les économies européennes avancées, et 11,8% dans les économies européennes émergentes, respectivement.

Le tableau est sombre et « l'un des principaux risques à court terme est une nouvelle perturbation de l'approvisionnement énergétique qui, combinée à un hiver froid, pourrait entraîner des pénuries de gaz, un rationnement et des difficultés économiques plus profondes », avertit le FMI. « Les tensions sociales pourraient s'intensifier en réponse à la crise du coût de la vie », poussant les gouvernements à avoir « une politique budgétaire plus expansionniste qui pourrait contraindre les banques centrales à resserrer davantage leur politique monétaire ». Les décideurs européens sont ainsi « confrontés à des arbitrages sévères et à des choix politiques difficiles ».

Des risques « industriels » et « politiques » en Europe (Shell)

« Les récessions techniques - au moins deux trimestres consécutifs de croissance négative du PIB - projetées dans certaines parties de l'Europe pourraient se transformer en récessions encore plus profondes à travers le continent », a encore alerté le prêteur international.

Un constat alarmant partagé par Ben van Beurden, patron de Shell, qui s'est exprimé au Qatar lors d'une signature de participation à un nouveau projet de gaz naturel. Il estime que l'Europe « fait face à des risques « industriels » et « politiques » en raison de la crise énergétique. « Beaucoup de gens parlent de baisser le thermostat ou de ne pas allumer la climatisation, mais on se demande aussi pourquoi ne pas réduire la production d'engrais ou de certains produits pétrochimiques. Et cette rationalisation, si elle dure longtemps, devient permanente. Mais réaliser cela à cette échelle, de manière aussi brusque dans une période de défis économiques, mettra pas mal de pression sur les économies européennes et peut-être aussi sur le système politique en Europe. »

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ZOOM- Une récession technique guette l'Italie

La leader d'extrême droite Giorgia Meloni prend les rênes du gouvernement italien à un moment particulièrement difficile, l'inflation et l'incertitude mondiale pesant lourdement sur l'économie de la péninsule déjà criblée de dettes. L'inflation a augmenté de 8,9% sur un an en septembre, alimentée par la hausse des prix des denrées alimentaires (+11,4%) et de l'énergie (+44,5%), pénalisant les ménages et les entreprises.  Si de nombreux pays sont confrontés à des problèmes similaires, les pressions exercées sur l'Italie risquent de la faire entrer en récession technique l'année prochaine, aux côtés de l'Allemagne, selon le Fonds monétaire international. Le gouvernement sortant de Mario Draghi a déjà prévu 66 milliards d'euros pour aider les familles et les entreprises à faire face aux prix de l'énergie, en utilisant des recettes fiscales plus importantes que prévu.  L'Italie doit aussi faire face à une dette colossale de plus de 2.700 milliards d'euros, soit environ 150% de son produit intérieur brut (PIB), le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce. Le pays a été particulièrement touché par la crise énergétique en raison de sa dépendance aux importations de gaz. Le ministre de la Transition écologique Roberto Cingolani a déclaré à la mi-octobre que les stocks italiens étaient pleins et que « nous devrions avoir une saison hivernale calme.»  Il a toutefois prévenu que l'approbation par le prochain gouvernement d'une usine de gazéification à Piombino en Toscane, qui fait actuellement l'objet d'une opposition locale, est essentielle pour maintenir l'approvisionnement.

La croissance future de l'Italie dépend cependant de près de 200 milliards d'euros de subventions et de prêts accordés par l'UE dans le cadre de son fonds de relance post-pandémie. Ceux-ci dépendent à leur tour d'une série de réformes, allant de la justice à la numérisation de l'administration publique, qui doivent être mises en œuvre d'ici à 2026. La coalition de Giorgia Meloni a promis de revoir ce plan, mais elle n'a pas encore dit comment, et comme une partie des fonds a déjà été versée, Bruxelles ne permettra vraisemblablement pas de changements majeurs.

Commentaires 3
à écrit le 24/10/2022 à 12:29
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Et bien évidemment, le FMI se garde bien de parler de la toute prochaine crise financière majeure qui se profile à grands pas.

à écrit le 24/10/2022 à 11:06
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Quand j'affirmai que cette guerre en Ukraine avait été fabriquée outre atlantique en faisant croire aux ukrainiens qu'ils entreraient dans l'UE et dans l'OTAN, uniquement pour démolir définitivement l'Europe, certains me traitaient de fou. Voilà le r...

à écrit le 24/10/2022 à 9:46
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Non seulement l'Europe vit à crédit, mais en plus elle distribue généreusement son argent aux pays soi disant "pauvres" et à l'Ukraine. Avec cette gestion désastreuse, pas étonnant que les perspectives soient sombres

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