Reconnue coupable de fraude, Elizabeth Holmes, fondatrice de la start-up Theranos, écope de 11 ans de prison

Alors qu'elle avait séduit bon nombre d'investisseurs avec sa start-up Theranos, qui promettait une révolution des diagnostics de santé, Elizabeth Holmes a dit prendre ses « responsabilités » quant à ses mensonges sur la réussite de son entreprise. En 2015, le Wall Street Journal révélait, en effet, que la machine utilisée n'avait jamais fonctionné comme elle le devait.
Nombreux sont les investisseurs à avoir cru en la start-up, fondée en 2003 alors qu'Elizabeth Holmes n'a que 19 ans seulement.
Nombreux sont les investisseurs à avoir cru en la start-up, fondée en 2003 alors qu'Elizabeth Holmes n'a que 19 ans seulement. (Crédits : Reuters)

« Je prends mes responsabilités pour Theranos ». Vendredi, Elizabeth Holmes, la fondatrice de cette start-up qui promettait une révolution des diagnostics de santé, a écopé de plus de 11 ans de prison pour fraude dans la gestion de son entreprise. Une peine que la femme enceinte et maman d'un petit garçon devra débuter au plus tard le 27 avril, bien que son avocat ait annoncé son intention de faire appel.

En janvier dernier déjà cette fille d'une assistante parlementaire et d'un ancien directeur chez Enron - un groupe qui a sombré dans un immense scandale de fraude - avait été reconnue coupable d'avoir menti aux investisseurs sur les avancées réelles de Theranos, après quatre mois d'un médiatique procès au tribunal de San Jose en Californie. Parmi ces investisseurs : le magnat des médias Rupert Murdoch, l'ancien secrétaire d'Etat Henry Kissinger ou encore Jim Mattis, ministre de la Défense de Donald Trump. Et ce sont bien eux qui ont été reconnus victimes de l'ancienne star de la Silicon Valley qui avait, jadis, abandonné ses études à la prestigieuse université de Stanford pour utiliser l'argent mis de côté par ses parents afin de financer le démarrage de son entreprise, basée à Palo Alto, au coeur de la Silicon Valley en 2003.

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« Je pensais que ce serait le prochain Apple »

Tous ont cru à cette start-up, fondée en 2003 alors qu'Elizabeth Holmes n'a que 19 ans seulement, dans l'idée de fabriquer un outil de diagnostic sanguin rapide, indolore et moins cher que ceux des laboratoires traditionnels. Pour convaincre, Elizabeth Holmes met personnellement les logos de géants pharmaceutiques comme Pfizer sur des documents officiels de Theranos vantant ses produits, sans la permission des entreprises concernées. Et garde le secret sur les divers échecs de ses machines. Elle était « intelligente, éloquente, déterminée », avait raconté pendant le procès Jim Mattis. « Je pensais que ce serait le prochain Apple », avait résumé Adam Rosendorff, qui fut un temps le directeur du laboratoire de l'entreprise. Cette dernière, à son apogée, était valorisée près de 10 milliards de dollars. En 2014, Forbes évalue la fortune de l'entrepreneuse à 4,5 milliards de dollars et la décrit comme la plus jeune femme milliardaire n'ayant pas hérité de sa fortune. « La tragédie dans cette affaire est que Mme Holmes est brillante » et qu'elle est parvenue à se faire une place dans un monde « dominé par les ego masculins », a admis le juge ajoutant toutefois qu'il y a aussi eu suffisamment de preuves de « manipulations et de mensonges utilisés pour faire des affaires ».

« La décision de tromper les investisseurs »

C'est en 2015 que le scandale éclate au grand jour lorsque le Wall Street Journal révèle que la machine n'a jamais fonctionné comme elle le devait. Faisant défaut de fiabilité, les technologies de la start-up ne servent, en réalité, que pour une petite partie des plus de 200 tests proposés. C'est la douche froide et les investisseurs encaissent alors de lourdes pertes. Si bien que le juge a précisé, vendredi, n'avoir pas pris en considération toutes les pertes générées par la chute de sa compagnie, mais seulement une partie de celles encaissées par dix investisseurs, soit 121 millions de dollars. Le montant qu'elle devra restituer aux investisseurs sera, lui, décidé à une date ultérieure, mais elle ne se verra pas infliger d'amende. Le procureur Jeff Schenk a argué à l'audience que la peine devait refléter l'idée que « la fin ne justifie pas les moyens ». Ce n'est pas « une punition pour le rêve de Mme Holmes »mais une sanction pour « la décision de tromper les investisseurs », a-t-il insisté. Néanmoins, le magistrat a expliqué ne pas avoir tenu compte de l'apparent mépris d'Elizabeth Holmes à l'égard des potentiels risques pour les patients dans la mesure où elle a été acquittée des accusations de fraude envers eux. Le fait qu'elle n'ait pas reconnu sa responsabilité en plaidant non coupable a en revanche joué en sa défaveur, a-t-il indiqué.

L'avocat de la jeune femme, Kevin Downey, a rétorqué que sa cliente n'avait jamais été motivée par l'appât du gain: elle aurait pu devenir riche, mais n'a jamais vendu d'actions, utilisant l'argent pour construire sa technologie. Elle a néanmoins assuré prendre ses « responsabilités pour Theranos » lors de l'audience, en larme, juste avant le prononcé de la sentence, se disant « dévastée par (ses) échec ». « Il ne s'est pas passé un jour ces dernières années sans que je ne sois profondément touchée par ce que les gens ont traversé à cause de mes erreurs », a-t-elle plaidé. Le parquet avait requis quinze ans de prison et voulait qu'elle restitue 800 millions de dollars à ses victimes. La défense avait plaidé pour une peine maximale d'un an et demi. De son côté, son ancien compagnon et directeur des opérations de Theranos, Ramesh « Sunny » Balwani, a été jugé séparément et a également été reconnu coupable de fraude. Sa peine doit être prononcée le 7 décembre.

Commentaires 2
à écrit le 19/11/2022 à 18:26
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" Pour convaincre, Elizabeth Holmes met personnellement les logos de géants pharmaceutiques comme Pfizer " Toujours dans les bons coups Pfizer.

à écrit le 19/11/2022 à 13:29
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Elle aura 30 ans si elle fait le global de sa peine. Elle pourra durant cette longue pause, se recentrer sur une nouvelle arnaque. Ce genre d'individu est tellement auto-centre qu'accepter avec humilite sa betise crasse est une epreuve insurmontable.

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