La fondatrice de Theranos, qui promettait (à 19 ans) de révolutionner les tests sanguins, condamnée pour fraude

Un tribunal de l'Etat américain de Californie a reconnu lundi la fondatrice de Theranos, Elizabeth Holmes, coupable de complot visant à escroquer des investisseurs, pour avoir menti entre 2010 et 2015 sur la fiabilité de la technologie de tests sanguins développée par la startup. Elle encourt une peine pouvant aller jusqu'à 80 années d'emprisonnement.
Elizabeth Holmes avait fondé la startup Theranos en 2003 à l'âge de 19 ans
Elizabeth Holmes avait fondé la startup Theranos en 2003 à l'âge de 19 ans (Crédits : BRITTANY HOSEA-SMALL)

Elizabeth Holmes, ancienne star de la Silicon Valley qui promettait de révolutionner les tests sanguins avec sa startup Theranos, a été condamnée lundi pour fraude par un tribunal de Californie, une sanction rare dans le monde de la "tech" où les désillusions sont pourtant monnaie courante. Après plus de trois mois de procès et sept jours de délibérations le jury du tribunal de San José l'a reconnue coupable de complot visant à escroquer des investisseurs, pour avoir menti entre 2010 et 2015 sur la fiabilité de la technologie de tests sanguins développée par la startup.

Jusqu'à 80 ans d'emprisonnement

Elizabeth Holmes, âgée de 37 ans, a été par ailleurs acquittée de trois des onze chefs d'inculpation la visant, pour complot destiné à escroquer des patients ayant payé pour effectuer des tests sanguins. Celle qui était devenue une figure de la Silicon Valley après avoir fondé (à l'âge de 19 ans seulement) Theranos en 2003 encourt une peine pouvant aller jusqu'à 80 années d'emprisonnement. Aucune date n'a été fixée dans l'immédiat pour l'énoncé de la sentence.

De riches investisseurs privés, dont le magnat de la presse Rupert Murdoch, ont investi des millions de dollars dans la startup après avoir rencontré Elizabeth Holmes, qui assurait que les machines développées par son entreprise permettaient d'effectuer un éventail de tests plus rapides et moins coûteux que ceux des laboratoires conventionnels en prélevant quelques gouttes de sang sur un doigt. Selon les procureurs, Theranos dépendait en réalité de machines conventionnelles produites par Siemens pour effectuer les tests sanguins.

A l'aide d'un récit soigné, elle était parvenue en quelques années à gagner la confiance de sommités et à lever des fonds auprès de prestigieux investisseurs, attirés par le profil de cette jeune femme, une rareté dans le monde masculin des ingénieurs californiens.

Elle arborait notamment au début des années 2010 un pull noir à col roulé en référence explicite au fondateur d'Apple Steve Jobs, à qui l'univers de la "tech" comparait sans cesse la jeune chef d'entreprise lorsqu'elle était au faîte de sa gloire. L'ex-secrétaire d'Etat Henry Kissinger l'a soutenue, comme l'ancien ministre de la Défense James Mattis ou le magnat des médias Rupert Murdoch, qui investit plus de 100 millions de dollars dans Theranos.

Au plus fort, l'entreprise est valorisée à près de 10 milliards de dollars, et Elizabeth Holmes, actionnaire majoritaire, est la tête d'une fortune de 3,6 milliards, selon le magazine Forbes.

Le Wall Street Journal dévoile l'escroquerie

La chute de Theranos a débuté après la publication en 2015 par le Wall Street Journal d'articles rapportant des défauts de fabrication et les imprécisions des machines développées par la startup.

Devant le tribunal de San José où le procès s'était ouvert début septembre 2021, une femme enceinte a raconté comment elle avait cru, à tort, avoir fait une fausse couche après avoir utilisé l'un des tests de Theranos.

Des employés ont témoigné avoir prévenu la patronne de leurs doutes sur le fonctionnement des machines. Certains ont aussi raconté à la presse les mensonges à répétition de Mme Holmes à ses équipes et à des investisseurs.

Pour certains, elle a incarné ce mantra de la Silicon Valley: "fake it till you make it" ("fais semblant jusqu'à ce que tu y arrives"). Elizabeth Holmes a plaidé cette bonne foi devant le tribunal.

"Nous étions sur la bonne voie pour accomplir nos objectifs" avant que l'entreprise ne s'effondre", avait-elle raconté à la barre. "L'échec n'est pas un crime, persévérer et ne pas y arriver n'est pas un crime", avait de son côté lancé son avocat Lance Wade au début du procès.

"Mme Holmes a tenté jusqu'au bout de sauver sa société, ne vendant jamais une part", a ajouté l'avocat, voulant pour preuve de la bonne foi de sa cliente le fait qu'elle a "coulé avec le bateau".

L'accusation a fait, elle, une toute autre lecture de ce conte de fées ayant tourné au cauchemar financier.

"Mme Holmes a choisi la fraude plutôt que la faillite, elle a choisi d'être malhonnête", avait asséné dans ses réquisitions le procureur Jeff Schenk. "Ce choix était non seulement impitoyable mais encore criminel", avait-il lancé aux jurés.

Selon les services du procureur, l'ex-entrepreneuse a délibérément trompé ses partenaires pour lever des fonds, plus de 700 millions de dollars en tout.

En forme de réponse, Elizabeth Holmes a assuré aux jurés que sa relation amoureuse avec son ex-directeur des opérations, Ramesh "Sunny" Balwani - qui sera jugé séparément -, avait été émaillée de relations sexuelles forcées et qu'il était responsable des problèmes techniques de son entreprise.

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Commentaires 4
à écrit le 05/01/2022 à 9:17
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Rien que pour cette magnifique photo il faudrait l’acquitter notez comme il est toujours bien plus difficile de faire de belles photos avec un homme, la seule que je connaisse pouvant rivaliser est une de Clint Eastwood qui devait avoir 80 ans c'est ...

à écrit le 04/01/2022 à 18:17
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80 années de prison pour escroquerie...comme l'autre chauffeur de camion qui avait pris 110 ans transformés en 10 ans sur une simple décision du gouverneur ! Vous parlez encore de justice quand tout le système est délégué au privé ? Ici pour une escr...

à écrit le 04/01/2022 à 16:17
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La belle et les bêtes. Désolé j'y tiens à cette remarquable trouvaille et comme faut toujours ajouter un truc, n'importe quoi comme ça, pour euphémiser, noyer le poisson, on va essayer comme ça hein... ^^

à écrit le 04/01/2022 à 12:06
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La même dépêche AFP parfaitement inexacte mais reprise ad nauseam sans aucune vérification par tous les journaux. Qui viendront ensuite évoquer le pluralisme de la presse qu'il conviendrait de défendre. Elisabeth Holmes n'a pas été condamnée. Elle a ...

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