Royaume-Uni : Liz Truss persiste et signe sur ses annonces budgétaires controversées

Les marchés financiers, la banque d'Angleterre, le FMI... rien y fait. La Première ministre britannique affirme avoir pris la bonne décision avec son plan de défense du pouvoir d'achat basé sur des aides directes pour l'énergie et des réductions d'impôts, en particulier pour les classes les plus aisées. Cela ne devrait pas aider à faire remonter sa côte de popularité, largement en berne.
Bien que fragilisée, la Première ministre britannique Liz Truss maintient sa ligne budgétaire controversée.
Bien que fragilisée, la Première ministre britannique Liz Truss maintient sa ligne budgétaire controversée. (Crédits : MAJA SMIEJKOWSKA)

Reconnaître des erreurs de communication sans rien changer au fond du projet. C'est le parti pris par Première ministre britannique Liz Truss ce dimanche, lors d'une interview accordée à la BBC pour défendre sa politique budgétaire controversée, marquée par des baisses d'impôts massives, avec le but affiché de préserver le pouvoir d'achat des Britanniques. Elle s'est ainsi contentée de reconnaître des erreurs de communication pour expliquer le fiasco financier qui a suivi les annonces de la semaine dernière maintenant qu'il s'agissait de « la bonne décision ».

"Je m'en tiens toujours au plan que nous avons annoncé et je maintiens que nous l'avons annoncé rapidement car nous devions agir, mais je reconnais que nous aurions dû mieux préparer le terrain", a déclaré la cheffe du gouvernement britannique pour appuyer son plan de soutien au pouvoir d'achat des ménages. Qualifié de « mini-budget », il devrait coûter au total 150 milliards de livres (172 milliards d'euros) sur deux ans au gouvernement.

« Je pense que c'était la bonne décision d'augmenter les emprunts cet hiver », a répété Liz Truss, avant d'ajouter : « Bien sûr que nous allons devoir ramener la dette à une certain pourcentage du PIB à moyen terme, et j'ai un plan pour ça. Mais ce qui aurait été une erreur, c'aurait été de ne pas agir ». Ce n'est visiblement pas l'avis des marchés financiers, qui redoutent une explosion de la dette. Ayant déjà perdu près de 20% de sa valeur face au dollar depuis le début de l'année, la livre sterling a ainsi dégringolé à nouveau au cours de la semaine écoulée pour atteindre son plus bas niveau face au billet vert. Ce qui a déclenché à une intervention à la fois du Fonds monétaire international (FMI) et de la banque d'Angleterre.

Lire aussiRoyaume-Uni : Liz Truss sort l'artillerie lourde pour préserver le pouvoir d'achat

Aides directes et cadeaux fiscaux

Afin de faire face à la crise du coût de la vie, avec un taux d'inflation de près de 10 %, Liz Truss et le le chancelier de l'Échiquier Kwasi Kwarteng ont axé leur plan autour d'un gel des factures d'énergie pour deux ans, à 2.500 livres pour un ménage moyen, une ristourne d'au moins 1.000 livres financée par le gouvernement. Les entreprises, elles, bénéficieront d'un important soutien de l'État avec la prise en charge de la moitié de leurs factures d'énergie pendant six mois. A lui seul, ce volet énergétique coûterait 60 milliards de livres pour les six premiers mois.

Dans le même temps, ce plan comprend de multiples baisses d'impôts en particulier pour les plus riches. Le gouvernement veut baisser les impôts sur la tranche maximale de l'impôt sur le revenu, qui passe de 45% à 40%, les contributions sociales des ménages et des entreprises seront abaissées, des prélèvements dédiés à l'écologie se verront suspendus, la taxe sur les transactions immobilières sera réduite. Kwasi Kwarteng a aussi annoncé des mesures en faveur des banquiers de la City, avec la fin du plafonnement de leurs bonus, bridés à la suite de la crise financière de 2008 à un maximum de 200% du salaire annuel.

Lire aussi« La livre sterling est en danger » : la vive inquiétude d'un analyste financier à l'égard du Royaume-Uni

Position très fragile

Certes le Royaume-Uni a évité de peu la récession au deuxième trimestre, avec une croissance de 0,2 %, mais la situation économique est très tendue. Et sur le plan politique, la position Liz Truss apparaît déjà comme extrêmement fragile moins d'un mois après son entrée au 10, Downing Street. Selon un sondage YouGov, 51% des Britanniques estiment qu'elle devrait démissionner. Et elle n'est pas épargnée par son camp non plus.

Désignée par le parti conservateur pour remplacer Boris Johnson, elle n'est pas passée par les urnes pour accéder à son poste. Et l'objectif pour les Torries semble avant tout d'éviter des élections législatives anticipées qui les verraient s'effondrer face à des travaillistes au plus haut dans les intentions de vote. Un sondage vient de leur donner 33 points d'avance devant les conservateurs.

Commentaires 5
à écrit le 03/10/2022 à 8:41
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Le brexit les a coulés, ils ne font pas le poids seuls face à la chine et aux états unis, l'union ne les sauvera pas, pauvre petit poisson anglais esseulé...ils rêvaient d'un empire, ils se retrouveront bientôt sans l'écosse qui n'aspirent qu'à se re...

à écrit le 03/10/2022 à 8:36
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Le brexit les a coulés, ils ne font pas le poids seuls face à la chine et aux états unis, l'union ne les sauvera pas, pauvre petit poisson anglais esseulé...ils rêvaient d'un empire, ils se retrouveront bientôt sans l'écosse qui n'aspirent qu'à se re...

à écrit le 03/10/2022 à 8:32
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Pauvres Anglais ! Comment peuvent-ils confier leur sort à d'aussi sinistres et cyniques personnages ?????

à écrit le 03/10/2022 à 7:32
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Bonjour, Personnellement je ne suis pas sur qu'un baisse d'impots des plus riches relance l'economie ... Nous verons cela dans les 6 prochains mois...

à écrit le 02/10/2022 à 20:32
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C'est voué à l'échec : les riches effrayés par la crise à venir ne vont pas consommer plus, même avec des baisses d'impôts. Il vont thésauriser ou investir.

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