Sabotage de Nord Stream : le Danemark clôt à son tour son enquête... sans désigner de coupable

Après la Suède, la police danoise a annoncé ce lundi clore son enquête sur le sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique, estimant ne pas « avoir les bases nécessaires » pour des poursuites. Les auteurs des faits sont, à ce jour, toujours inconnus.
Outre le Danemark, deux autres enquêtes avaient été ouvertes en Allemagne et en Suède, mais le parquet suédois a clôturé ses investigations début février sans aucune poursuite.
Outre le Danemark, deux autres enquêtes avaient été ouvertes en Allemagne et en Suède, mais le parquet suédois a clôturé ses investigations début février sans aucune poursuite. (Crédits : RITZAU SCANPIX)

Nouvel épisode dans une affaire géopolitique qui avait fait grand bruit, quelques mois après le début de la guerre en Ukraine. La police danoise a annoncé ce lundi clore son enquête sur le sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique, estimant ne pas « avoir les bases nécessaires » pour des poursuites.

« Sur la base de l'enquête, les autorités peuvent conclure que le sabotage des gazoducs était intentionnel. En même temps, elles estiment qu'il n'y a pas la base nécessaire pour poursuivre une instruction criminelle au Danemark », a ainsi écrit la police danoise dans un communiqué.

Outre le Danemark, deux autres enquêtes avaient été ouvertes en Allemagne et en Suède, mais le parquet suédois a clôturé ses investigations début février sans aucune poursuite, jugeant que les faits n'étaient pas de son ressort. L'enquête est toujours en cours en Allemagne.

Le Kremlin déplore la clôture de l'enquête

Une décision de justice critiquée par la Russie qui accuse l'Ukraine d'être à l'origine de l'incident. « La situation est proche de l'absurde. D'une part, ils reconnaissent qu'un sabotage délibéré a eu lieu, mais d'autre part, ils n'avancent pas », a déploré dans la foulée auprès de la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Celui-ci avait précédemment qualifié de « remarquable » la décision de la Suède de clore son enquête. « Il sera intéressant de voir avec quelle rigueur les autorités allemandes aborderont cette enquête », a-t-il aussi dit début février.

Fuites géantes et explosions sous-marines

Pour rappel, l'affaire a été déclenchée le 26 septembre 2022 : quatre énormes fuites de gaz précédées d'explosions sous-marines avaient eu lieu à quelques heures d'intervalle sur Nord Stream 1 et 2, des conduites reliant la Russie à l'Allemagne et acheminant l'essentiel du gaz russe vers l'Europe.

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Les gazoducs n'étaient pas en opération lors des fuites. Moscou avait déjà cessé de livrer du gaz via Nord Stream 1, sur fond de bras de fer énergétique avec les pays européens qui soutiennent l'Ukraine. Nord Stream 2 n'est jamais entré en service. Les explosions s'étaient produites à proximité de l'île danoise de Bornholm mais « en dehors des eaux territoriales danoises », a précisé le communiqué danois. Hors service au moment des faits, les deux gazoducs contenaient toutefois d'importantes quantités de méthane.

Une enquête jugée « complexe »

Les polices du Danemark, d'Allemagne et de Suède ont collaboré ensemble avec le concours des services de renseignement danois (PET). Les quatre services ont décrit l'enquête comme « complexe et approfondie ».

« Le PET continue de surveiller l'évolution de la menace et, en collaboration avec les autres autorités compétentes, met continuellement en œuvre les mesures jugées nécessaires pour protéger les infrastructures critiques du Danemark », a souligné le communiqué lapidaire.

Ces dernières années, plusieurs médias d'investigation ont tenté d'élucider les ressorts d'une opération techniquement ultra complexe, en faisant appel à des expéditions de reconstitution, certaines avec des drones sous-marins, des experts, d'anciens agents secrets et des pistes qui mènent de Varsovie à la Crimée en passant par la Moldavie.

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Sur la base d'informations obtenues par le renseignement américain, le New York Times avait imputé en mars 2023 le sabotage à un « groupe pro-ukrainien », mais sans implication du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Les données collectées par les services américains du renseignement suggéraient que les auteurs derrière le sabotage des deux gazoducs étaient des « adversaires du président russe Vladimir Poutine », avait écrit le New York Times.

Une autre enquête quotidien danois Information avait affirmé, photographies à l'appui, qu'un navire des forces navales russe, spécialisées dans les opérations sous-marines, naviguait à proximité des lieux des sabotages, peu avant les explosions.

Pointée du doigt, l'Ukraine nie toute responsabilité

Suite à la publication de l'enquête du New York Times, le président ukrainien avait nié à plusieurs reprises que son pays puisse être impliqué. « Je ne ferais jamais cela », a-t-il déclaré en juin dernier au quotidien allemand Bild, ajoutant qu'il « aimerait voir des preuves ».

Interrogé sur le sujet en mars de l'année dernière, Oleksiï Reznikov, ancien ministre ukrainien de la Défense était allé dans le même sens.  « Cela ne vient pas de notre action », avait-il affirmé, en marge d'une réunion européenne à Stockholm. Un conseiller du chef de l'Etat ukrainien avait aussi démenti l'implication de Kiev, évoquant « d'amusantes théories du complot ».

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D'autres théories imputent la responsabilité de ce sabotage aux Etats-Unis ou à la Russie. Les deux nations se sont même mutuellement renvoyées la responsabilité. Si les véritables auteurs de ce sabotage demeurent, encore aujourd'hui, inconnus, l'enquête suédoise avait fortement soupçonné l'action d'un Etat, et non pas d'un groupuscule indépendant.

Symboles de la dépendance énergétique européenne

Symboles de la dépendance énergétique européenne, et notamment allemande, vis-à-vis de la Russie, ces gazoducs, honnis de longue date par Washington, avaient été au cœur de tensions géopolitiques après l'invasion de l'Ukraine.

Notamment du côté de l'Allemagne, qui avant le déclenchement du conflit, était fortement dépendante du gaz russe. Depuis, le pays a dû le remplacer au pas de course par d'autres fournisseurs, au prix d'une envolée des coûts de l'énergie dans la première économie européenne.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 27/02/2024 à 18:08
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"sans désigner de coupable" Donc ce n'est pas les russes sinon, il y a longtemps que cela aurait été annoncer .

à écrit le 27/02/2024 à 16:14
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ça sent le gaz cette histoire.

à écrit le 27/02/2024 à 8:45
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Et ils nous disent ce que sont les "fakes news !" LOL ! ^^

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