
Le chiffre pique les yeux. 2813.1 milliards d'euros. Tel est le montant de notre dette publique, à la fin du mois de décembre 2021, soit 112,9% du PIB. C'est mieux que l'année précédente, en pleine épidémie, où elle avait atteint presque 115%. Reste qu'en valeur absolue, cette dette s'est alourdie de près de 165 milliards d'euros.
Du côté du déficit budgétaire, aussi, l'Insee note un léger mieux après la récession de 2020 où il s'était creusé à 8,9%. A la fin de l'année 2021, il finit à 6,5%. Ce qui représente 160,9 milliards d'euros contre 205,5 milliards d'euros en 2020.
La raison de cette amélioration ? La forte reprise de notre économie l'an dernier qui a stimulé la croissance. Le rebond de l'activité a permis de collecter plus de cotisations, allégé les comptes, et limité un peu les aides et les allocations. Sur l'année, les dépenses des administrations publiques - Etat, collectivités, Sécurité sociale- ont augmenté de 4 %, mais elles ont été compensées par des encaissements plus importants.
Même un peu réduite, la dette reste un poids pour le France
Il n'empêche, la France n'en a pas finit avec sa dette. Ne serait-ce que parce que ces chiffres s'arrêtent à la fin de l'année dernière, soit avant le déclenchement de la guerre en Ukraine et les nouvelles dépenses annoncées pour contrer l'inflation. Ainsi, le plan de résilience présenté il y a quinze jours par Jean Castex pour aider les Français à faire face à la hausse des prix des matières premières et de l'énergie engage des nouveaux frais. La réduction de 18 centimes d'euros sur le litre de carburant qui se mettra en place vendredi 1avril représentera une enveloppe de plus de 3 milliards d'euros. Même si le gouvernement s'en défend, le fameux "quoi qu'il en coûte" n'est pas totalement terminé.
Autre exemple : à cause des tensions sur le marché du gaz, du fait du conflit avec la Russie, remplir les stocks de gaz pour l'an prochain, va coûter 10 milliards d'euros au pays, soit cinq fois plus que d'habitude. Dans le même temps, la guerre en Ukraine va aussi rogner notre croissance, probablement d'un point au moins, en limitant l'activité.
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Pour financer ces dépenses, la France n'aura pas d'autres choix que de recourir à l'emprunt.
Des taux d'emprunt en passe d'augmenter
Mais les taux d'emprunt de la dette - donc le coût pour les finances publiques - risque, lui aussi, de progresser. Preuve en est, la semaine dernière, le taux d'intérêt de la dette française à dix ans est repassée au-dessus de la barre de 1%. Une première depuis quatre ans. Jusqu'alors les taux étaient très bas, voire même négatifs.
En cause : le durcissement de la politique monétaire de la réserve fédérale américaine, mais aussi le contexte géopolitique ainsi que les incertitudes autour de la reprise de l'épidémie de Covid. La France enregistre chaque jour en moyenne 130.000 cas nouveaux, mais elle n'est pas la seule à être touchée. La Chine, par exemple, reconfine des villes entières, ce qui va ralentir l'économie. Et notamment Shangaï, le premier port de fret au monde.
La France n'est pas la seule à voir ses taux d'emprunts sur la dette remonter. L'Allemagne elle aussi enregistre des hausses.
La dette, délaissée dans cette campagne
Pour autant, le sujet de la dette ne trouve que très peu d'échos dans cette campagne présidentielle. La candidate des Républicains, Valérie Pecresse, a été l'une des seules qui a porté ce débat, mais elle s'est vite ravisée, tant ce sujet n'intéresse pas les électeurs. Contrairement aux précédentes campagnes en 2007 ou en 2012, où la question du remboursement de la dette était centrale, ce n'est pas, aujourd'hui, la priorité des Français. Les problématiques du pouvoir d'achat écrasent les autres sujets économiques. Pourtant, à 112 %, le niveau de la dette reste très préoccupant. Pour notre souveraineté mais aussi pour l'avenir de nos enfants.
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