PODCAST Embargo russe et hausse du diesel : un nouveau brasier social après les retraites ?

HISTOIRES ECONOMIQUES. A partir du 5 février, les pays européens n’auront plus le droit d’importer de Russie des produits raffinés du pétrole. Risque-t-on une pénurie de carburants ? Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : ERIC GAILLARD)


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D'essence non, mais de diesel oui, car plus de la moitié de nos importations de gazole viennent de Russie. Alors certes, les pétroliers ont eu largement le temps de se préparer à cet embargo depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Les stocks ont été remplis à bloc et l'Europe dispose de 60 jours de réserves. Mais le mois prochain, il faudra se tourner vers d'autres sources d'approvisionnement comme le Koweit, l'Arabie Saoudite, mais aussi, et c'est plus problématique, la Chine et l'Inde.

Pourquoi est-ce un problème ?

Parce qu'à défaut de rouler avec du diesel acheté à la Russie, pour ne pas financer la guerre, nous allons le faire avec du diesel raffiné à l'autre bout du monde à partir essentiellement de pétrole russe acheté à bon compte par des pays qui ne pratiquent pas l'embargo.
Au-delà de la question morale, le bilan carbone de ce diesel qui va faire le tour du monde en super tanker va être désastreux. Mais hélas, nous n'avons pas le choix, car l'Europe a délaissé depuis des années le raffinage du gazole sur son territoire. Nous sommes donc dépendants du reste du monde, tout en étant très exposés : plus de 22 millions de voitures roulent au diesel en France et elles représentent 60% des voitures particulières des ménages modestes.

Ce diesel lointain, va-t-il coûter encore plus cher ?

Oui à cause du prix du transport. Selon certains experts, le marché pourrait avoir en partie anticipé l'effet de l'embargo comme le laisse entendre la forte hausse des prix constatée depuis la fin des ristournes début décembre. À la veille des vacances de février, le litre de gazole est déjà à 1,90 euro, mais le risque d'une flambée au-delà des 2 euros est réel dans les prochaines semaines.

Ce serait une très mauvaise nouvelle pour le pouvoir d'achat.

On le sait depuis le mouvement des Gilets jaunes, les prix à la pompe, en particulier ceux du diesel, sont aussi sensibles sinon plus que le prix du pain pour le climat social.
Alors que celui-ci est déjà rendu inflammable par le relèvement de l'âge de départ à la retraite, une forte hausse du prix du diesel pourrait bien être l'étincelle de trop.
Certes, le gouvernement a prévu un chèque carburant de 100 euros pour les ménages les plus modestes. Mais ceux-ci feront-ils le lien lorsqu'ils referont chaque semaine le plein à plus de 2 euros le litre.

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Philippe Mabille
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