Comment Attal veut imprimer sa marque

Pour préparer son discours de politique générale, le Premier ministre va rencontrer des Français.
Le Premier ministre, Gabriel Attal, accompagné de Catherine Vautrin, la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, hier aux urgences du CHU de Dijon.
Le Premier ministre, Gabriel Attal, accompagné de Catherine Vautrin, la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, hier aux urgences du CHU de Dijon. (Crédits : © Arnaud Finistre pour LA TRIBUNE DIMANCHE)

« On a de beaux locaux, mais ça ne change rien à nos conditions de travail. Je suis infirmière depuis vingt-sept ans, je n'ai jamais vu ça. L'hôpital est en train de mourir. » Hier en milieu d'après-midi, Gabriel Attal, accompagné de celle qui est désormais titulaire du portefeuille du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, visite le service des urgences du CHU de Dijon. Pour sa part, quatre jours après sa nomination, le Premier ministre en a déjà une première à régler. Les propos, la veille, d'Amélie Oudéa-Castéra, la nouvelle ministre de l'Éducation, sur la scolarisation de ses enfants dans le privé provoquent une vive polémique. Son prédécesseur à ce poste est contraint de réagir. « La ministre s'est exprimée en transparence sur les choix qui avaient été les siens pour sa famille », déclaret-il, devant un mur de micros et de caméras. Bienvenue dans l'essoreuse de Matignon ! Mais il en faudrait plus pour ébranler le successeur d'Élisabeth Borne.

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L'a-t-il d'ailleurs été depuis le 2 janvier et l'appel d'Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Élysée, lui demandant de réfléchir à ce qu'il ferait durant ses cent premiers jours Rue de Varenne si le chef de l'État choisissait de l'y promouvoir ? Gabriel Attal revenait alors de quelques jours à la montagne. Des vacances merveilleuses. Il avait retrouvé les joies du ski, vingt ans après n'en avoir plus fait. Il avait passé des longues nuits de sommeil. Il avait vraiment déconnecté, tenant à bonne distance son téléphone portable, auquel il est pourtant si souvent scotché. Dès son retour, il se retrouvait en haut d'une piste noire. Comment le politique jusqu'au bout des doigts qu'il était pourrait ne pas prendre du plaisir à l'idée de la dévaler ?

Le défi de l'autorité

Vendredi, dans le salon vert de l'Élysée, il a participé en tant que plus jeune chef du gouvernement de la Ve République à son premier Conseil des ministres. Aux quatorze ministres autour de la table, il a annoncé qu'il les réunirait la semaine prochaine pour élaborer son discours de politique générale, qui aura lieu d'ici une dizaine de jours. Pour le préparer, il effectuera aussi un ou deux déplacements afin d'échanger en direct avec des Français, comme il le faisait quand il était porte-parole du gouvernement Castex. Le trentenaire veut montrer qu'avec lui les codes vont changer. Lors du déjeuner avec les présidents de groupe qu'il a organisé vendredi, il a insisté sur le fait que, même si des ministres délégués et des secrétaires d'État allaient être nommés vers la fin janvier, son équipe demeurerait plus compacte que les précédentes : un gouvernement pléthorique viendrait contredire l'engagement qu'il a pris avec les Français jeudi sur TF1, leur a-t-il expliqué. Parallèlement, Gabriel Attal veut à ses côtés Rue de Varenne un cabinet composé de professionnels ultra-expérimentés. Est-ce parce qu'il sait qu'il va devoir s'imposer face à des ministres aux périmètres renforcés et à la volonté de puissance affirmée ? Le nouveau locataire de Matignon a bien compris que son premier défi serait celui de l'autorité. Il n'est pas étonné. À chacun des postes où il s'est installé, on s'est toujours interrogé dans un premier temps sur sa capacité à se faire respecter en raison de son jeune âge.

Les larmes de Jean Castex

Alors qu'au sein de la majorité certains se plaisent ainsi à raconter qu'il s'est fait imposer par le chef de l'État la composition de son gouvernement, lui a été au contraire surpris des marges de manœuvre dont il a disposé, a-t-il confié à des proches. Dans ses premières discussions avec le président, il a exposé qu'il n'y avait que deux solutions : soit un chambardement général, soit un maintien à leurs postes des grands féodaux, qui, comme Bruno Le Maire avec la note financière de la France ou Gérald Darmanin avec la sécurité des JO, avaient des dossiers sensibles sur leurs bureaux. Il estimait en revanche qu'un entre-deux était impossible. La deuxième option a été choisie. Au fond de lui, il préfère que ces fauves soient restés. En dehors, n'auraient-ils pas tenté une échappée ?

Gabriel Attal a également beaucoup plaidé pour que Sylvie Retailleau, qui avait exprimé son malaise lors de l'adoption de la loi immigration en décembre, conserve le ministère de l'Enseignement supérieur, afin de montrer que la sensibilité de gauche restait bien représentée au sein de son gouvernement. Pour le poste de ministre des Relations avec le Parlement et le porte-parolat, Marie Lebec et Prisca Thévenot sont ses choix personnels. Quand, mardi soir, Emmanuel Macron lui a soumis pour la première fois son idée de proposer le ministère de la Culture à Rachida Dati, il a été immédiatement emballé. Il a tout de suite parié que la cheffe de file de LR à Paris viendrait.

Même si cela a entraîné quelques remous au sein de la Macronie, Gabriel Attal n'est pas inquiet. Les députés de base ont bien accueilli sa nomination à Matignon. Cet automne, quand tout était si asphyxiant pour la majorité, le ministre de l'Éducation nationale avait été leur ballon d'oxygène. Jeudi, il a reçu François Bayrou. Cela s'est bien passé. À l'extérieur, il sait aussi disposer d'alliés qui sont passés par là. Jean Castex lui a confié avoir pleuré quand il a vu à la télé la passation de pouvoir entre Gabriel Attal et Élisabeth Borne, durant laquelle le trentenaire lui avait rendu un sincère hommage.

Commentaire 1
à écrit le 14/01/2024 à 8:27
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En croisant les bras pour écouter mieux les gens, enfin plutôt de mieux exposer qu'il écoute mieux les gens. Une gigantesque farce que cette communication sans rire, après madame 49.3 on va avoir monsieur Bisounours, après le bâton la carotte. Ils e...

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