Fin de vie : la lettre poignante de Françoise Hardy à Emmanuel Macron

EXCLUSIF - La chanteuse, qui vit un interminable calvaire, interpelle le chef de l’État et relance le débat sur la fin de vie.
En 2018, à Paris.
En 2018, à Paris. (Crédits : © ED ALCOCK/MYOP)

« CHER EMMANUEL MACRON 
Ma mère a eu elle aussi la maladie de Charcot, et c'est l'un de ses bras qui a été attaqué. Elle a confié à son médecin son aspiration à ne pas aller au bout de cette horrible maladie. Il lui a dit de ne pas s'inquiéter et que quand elle le souhaiterait, il ferait le nécessaire.  Son deuxième bras ayant été attaqué, ma mère a voulu en finir et son médecin lui a envoyé un médecin hospitalier qui l'a d'abord interrogée pour être certain que c'était sa décision à elle. Elle a fixé la date et il lui a fait prendre chaque soir des sept jours précédents un médicament calmant. Ma mère a donc été euthanasiée le jour de son choix, et j'ai été complice du médecin hospitalier pour la déclaration de décès au médecin légiste de la mairie. C'est grâce à deux médecins compréhensifs et courageux que ma mère n'a pas dû aller au bout d'une maladie incurable et insupportable.

J'ai séjourné dans une clinique pour un cancer, et j'étais à l'étage où il n'y avait que des cancéreux dont plusieurs en étaient à leur deuxième ou troisième récidive et n'en pouvaient plus. Tous regrettaient que l'euthanasie ne soit pas légalisée, car ils avaient conscience de souffrir inutilement.

Vous le savez, une grande majorité de gens souhaitent la légalisation de l'euthanasie. Nous comptons tous sur votre empathie et espérons que vous allez permettre aux Français très malades et sans espoir d'aller mieux de faire arrêter leur souffrance quand ils savent qu'il n'y a plus aucun soulagement possible.

Françoise Hardy »

Elle souhaite « partir le plus tôt et le plus vite possible ». À bientôt 80 ans, Françoise Hardy est épuisée par la souffrance que son corps lui inflige depuis deux décennies. Atteinte d'un cancer du système lymphatique et d'un cancer du pharynx, son quotidien est une épreuve de chaque instant. Elle ne s'alimente plus par manque de salive, peine à respirer et a perdu l'équilibre et la mémoire à la suite des 55 radiothérapies endurées. Emprisonnée et condamnée dans ce corps qui est devenu son pire ennemi, elle a cessé de se battre et attend inexorablement la fin, mais avec une hantise, celle de mourir étouffée. Qu'elle retrouve enfin la sérénité, c'est aussi ce qu'espèrent pour elle Jacques et Thomas, ses plus grands soutiens, témoins de cette descente aux enfers. Au micro de RTL, en novembre, son fils unique faisait part de sa grande inquiétude : « Sa vie est devenue si douloureuse qu'on se demande parfois s'il n'aurait pas mieux valu la laisser partir quand elle a frôlé la mort il y a huit ans », faisant référence à une violente chute.

Lire aussiFaut-il légaliser l'euthanasie ?

Après ses témoignages dans Paris Match et sur BFMTV, Françoise Hardy a envoyé une lettre à La Tribune Dimanche dans laquelle elle s'adresse au chef de l'État. Elle relance le débat sur la fin de vie qui s'enlise en France depuis des mois, faute de signaux clairs envoyés par l'Élysée. Un projet de loi ouvrant un droit à une aide active à mourir pour les personnes majeures doit enfin être présenté en février. En attendant, l'interprète de Comment te dire adieu, chanson écrite en 1968 par Serge Gainsbourg, contribue, tout comme Line Renaud, à briser le tabou sur l'euthanasie et sur le droit à mourir dans la dignité.

Florence Malraux, la fille d'André et Clara Malraux, a eu la maladie de Charcot. Elle en est arrivée à avoir toujours la tête en arrière, bavait sans cesse et elle ne pouvait plus s'alimenter ni bouger ni parler. Les médecins ont refusé de l'euthanasier. Elle a donc dû vivre son calvaire trop longtemps avant de décéder.

Commentaires 15
à écrit le 28/12/2023 à 4:46
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Il est simple de faire demande a Exit a Zurich qui traite cette question. Autrement quand on en a vraiment marre, une bouteille de bon wiskey avec un tube de comprimes pour dormir et hop le tour est joue. Quand on veut on peut. Francoise est une cho...

le 26/01/2024 à 0:14
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Comment peut-on être aussi irrespectueuse ? Votre commentaire est bien triste.

à écrit le 19/12/2023 à 12:21
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J'arrive pas à comprendre comment une personne décédée il y à 6 mois peut envoyer une lettre à Macron aujourd'hui.

le 21/12/2023 à 2:34
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vous devez confondre Françoise avec Jane Birkin....

à écrit le 18/12/2023 à 1:34
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Je vis en Asie et un ami français était atteint d'un cancer ; il souffrait le martyr, il pleurait, sanglotait a longueur de journée, il avait des couches, une horreur, il suppliait qu'on le tue. Lorsque l'on est confronté à cette dure réalité l'on...

à écrit le 17/12/2023 à 18:50
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Le droit à l’euthanasie, c'est le retour par la fenêtre de la peine de mort. Des lois dites "humanitaires" sont en fait un moyen de contourner nos grands principes. Que les personnes crient leur désespoir, c'est humain : quand la souffrance devient i...

le 21/12/2023 à 2:28
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De quels grands principes parle-t-on ? si vous êtes catholique, bornez vous à faire des prières et allumer des cierges, mais vos principes n'ont rien à faire dans un état laïc. J'ai eu dans ma famille et mes amis suffisamment de très grands malades p...

le 24/12/2023 à 14:58
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Une mort indigne n'existe pas ! C'est l'invention d'une idéologie nauséabonde. Nos principes sont la loi française qui impose la protection de la vie. Nous avons tous perdu des proches dans des conditions parfois pénibles, mais le fait de vivre est u...

à écrit le 17/12/2023 à 14:40
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La question de l'euthanasie, c'est du Macron tout craché. Tu veux ou tu veux pas? Si tu veux, c'est bien, mais si tu veux pas, c'est bien aussi. Il attend sans doute qu'une majorité claire se dessine pour se laisser porter par l'opinion. Pourtant, t...

le 17/12/2023 à 16:39
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c 'est les toubibs LR qui bloquent ....

à écrit le 17/12/2023 à 11:51
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Entendre le cri des désespérés, de légaliser le droit à la dignité de mourir comme on le souhaite est un très grand acte de courage, d'humanité et d'empathie à l'être vivant. L'humain est complexe et se complique souvent la vie en additionnant les pa...

à écrit le 17/12/2023 à 8:55
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Quand on arrête de s’alimenter, c’est l’affaire d’une semaine...

le 17/12/2023 à 11:34
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C'est énorme une semaine quand on souffre.

le 17/12/2023 à 16:38
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Non la c'est de la souffrance pour rien et c'est surtout de l'hypocrisie....

à écrit le 17/12/2023 à 8:21
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La fin de vie est affaire personnelle. Personne ne demande au corps médical d'accomplir un geste létal, il est juste demandé que des produits fiables et faciles à prendre soient disponibles pour quiconque désire abréger sa vie dans les conditions les...

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