Européennes : les Écologistes, espèce menacée

L’idée de passer sous la barre des 5% et d’être rayés du Parlement européen hante les soutiens de Marie Toussaint. Et crée une ambiance délétère au sein du parti.
Dans les rues de Lyon le 22 mai.
Dans les rues de Lyon le 22 mai. (Crédits : © LTD / Matthieu Delaty / HANS LUCAS/ Reuters)

Quand rien ne va, un non-événement peut vite tourner au règlement de comptes. Le 7 mai, François Hollande a reçu Marine Tondelier pour un petit déjeuner, comme le relatait La Tribune Dimanche la semaine dernière. Sur le papier, que la secrétaire nationale du parti écologiste discute de manière informelle avec un ancien président socialiste n'a rien de vraiment curieux. Pourtant, le seul fait que cette rencontre ait eu lieu a suffi à provoquer une salve de critiques en interne, obligeant Marine Tondelier à se justifier.

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La patronne des Écologistes a dû répondre à un appel de militants qui lui reprochent d'avoir vu l'ancien président « sans mandat ou information de [leurs] instances internes ». Le collectif Vert.es Unitaires dénonce dans un mail « des discussions stratégiques sur l'avenir de la gauche sans aucune transparence, qui restent confinées entre cadres et dirigeant·es, sans que les militant·es aient le moindre mot à dire ». Réponse de Marine Tondelier, par mail toujours : « Vous n'avez pas confiance en François Hollande ? C'est donc parfait, ça nous fait un point commun. Mais alors pourquoi prendre pour argent comptant une microbrève naze, dont la simple lecture montre qu'elle a été dictée par lui et pour lui ? Ce monsieur prend manifestement ses rêves pour des réalités... Mais on n'est pas obligés de faire pareil entre nous ici. » Avant de leur reprocher de ne pas avoir été conviée à leur dernière journée de travail : « J'aurais eu plaisir, dans le cas inverse, à vous tenir au courant de ce que nous faisons, pourquoi et comment. N'hésitez pas à m'inviter à votre prochaine réunion... je viendrai avec plaisir ! Il n'est jamais trop tard. » Le tout ponctué de smileys.

« J'ai quinze jours pour convaincre »

Tout devient abrasif en cette fin de campagne pénible pour les Écologistes. Leur candidate, Marie Toussaint, se dirige vers les 5% dans les sondages. Mais à deux semaines du verdict, la trentenaire affiche un grand sourire et répète que « ça va ». « Je suis combative et déterminée. J'ai quinze jours pour mener bataille, pour convaincre. Tout reste possible. Je vise encore un score à deux chiffres », maintient la députée européenne.

Le problème des Verts français, c'est qu'ils disent la même chose que Raphaël

Daniel Cohn-Bendit, ancien eurodéputé

Ses soutiens sont plus défaitistes. « Par la force des choses, on n'est pas dans le game », constate un membre du parti. « Depuis le début, on n'imprime pas. On a du mal à savoir à qui on parle. Et il y a un énorme backlash [tollé] sur les Écologistes, avec ce discours selon lequel nous sommes le problème », ajoute un autre. À mesure que Raphaël Glucksmann progresse dans les sondages, Marie Toussaint continue sa descente. « Sans doute nous n'avons pas eu les mots qui ont permis de mobiliser l'électorat de la gauche écologiste, qui choisit celui en tête », déplore la députée écologiste Sandrine Rousseau. Daniel Cohn-Bendit avait, lui, fait en décembre le choix de soutenir Raphaël Glucksmann : « Le problème des Verts français, c'est qu'ils disent exactement la même chose que Raphaël. La majorité de l'électorat ne voit pas la différence, donc ils jugent la meilleure incarnation. Ils ont fait une erreur en ne s'associant pas à sa liste », juge l'ancien député européen. José Bové plaidait comme lui pour l'union. Il s'était même affiché en janvier au côté du fondateur de Place publique, mais il a fini cette semaine par soutenir Marie Toussaint.

La juriste en droit international de l'environnement en veut à Raphaël Glucksmann pour cette phrase - « Il faut sortir l'écologie politique de son ghetto » - dans le média écolo Reporterre. Si la députée européenne ne fait pas confiance à son rival pour traduire son ambition écologique, c'est notamment en raison de la composition de sa liste, où certains incarnent, selon elle, « les faux-semblants socialistes », en soutenant par exemple le projet contesté de l'autoroute A69. La candidate qui prône le concept de « douceur » en politique reproche par ailleurs au leader LFI sa « brutalisation ». « Je refuse de céder à la guerre des gauches. Jean-Luc Mélenchon tend le débat. Il veut diviser aujourd'hui dans l'espoir de fracturer et de réunir derrière lui demain. C'est une faute. Il peut et doit faire mieux, car la gauche a besoin de son talent », estimet-elle.

« On a un vent brun de face »

Pourtant, en théorie, les Écologistes ont tout pour réussir. D'abord, cette élection est traditionnellement un scrutin qui leur est favorable. Ensuite, ils portent une question qui n'a jamais été aussi structurante dans le débat public. La lutte contre le changement climatique arrive en tête des principaux enjeux de la campagne, selon un sondage Ipsos. Enfin, la candidate qu'ils ont choisie était certes inconnue il y a quelques mois encore, mais sur le fond elle est légitime (c'est elle qui a mené « l 'affaire du siècle », aboutissant à la condamnation de l'État pour inaction climatique). « Techniquement, elle est super bonne, mais ça n'est pas le bon moteur, analyse une ministre. Ils ont commencé à se cramer à leur université d'été avec le rappeur Médine, ils se sont trop LFisés. »

Si une liste descend sous le palier des 5%, aucun député n'est envoyé au Parlement européen. C'est désormais cette perspective qui hante les Écologistes français. Et s'ils étaient éliminés de l'hémicycle ? Depuis 1994 et les 2% de Brice Lalonde, cela ne leur est plus jamais arrivé. Ce serait pour eux une bascule après les 13,5% de Yannick Jadot en 2019, qui avaient permis d'envoyer 13 élus au Parlement. « Il y a cinq ans, on avait le vent dans le dos. Aujourd'hui, on a un vent brun de face », résume un conseiller de Marie Toussaint.

En 2019, les sondages donnaient jusque dans les derniers jours Yannick Jadot autour des 7%, et il avait finalement recueilli presque le double des voix. Cet exemple laisse aux Écologistes tous les espoirs possibles. Mais à ce moment-là, des marches pour le climat avaient lieu partout dans le monde. À ce moment-là aussi, la question etait toujours posée au candidat : « Puisque tout le monde est devenu écologiste, pourquoi faudrait-il voter écologiste ? » Une question qui semble rester pour l'heure sans réponse.

Commentaires 22
à écrit le 28/05/2024 à 0:41
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Facile de critiquer les "ecolos " puisqu'ils bousculent nos certitudes et nos habitudes dont nous ne voulons pas en changer. Sauf que sur le moyen/long terme ils ont raison sur tout. Certains sujets semblent plus anodins et souvent tournés en ridicu...

à écrit le 27/05/2024 à 18:35
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pas grave les ecolos on s'en passe sans probleme a part pondre des absurdites j'en sort une seule la vegetalisation des cimetieres un beau chantier a present on y trouve des pisenlits des chardons etc.. tout cela se resseme a vue d'oeil avec la...

à écrit le 27/05/2024 à 9:36
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Les écologistes ne reçoivent plus les votes des mécontents qui souhaitaient le faire savoir. Aujourd’hui, c’est le RN qui reçoit cet électorat. Les écolos sont vus comme des fauteurs de troubles, des personnes qui clivent notre société, des personnes...

le 27/05/2024 à 10:48
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Le RN dans la France périurbaine saignée à blanc par la flambée des prix à la pompe et LFI dans la France des grandes métropoles saignée à blanc par la flambée des loyers...

le 28/05/2024 à 0:25
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@BH - Font "ch.r" les ecolos?...sauf qu,ils ont raison sur TOUS les sujets que vous évoquez et bien d'autres encore. Oui, se remettre en question ça fait "ch.r" parce que ça bouscule nos habitudes, notre petit confort personnel, mais si vous regard...

à écrit le 26/05/2024 à 19:29
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Bonjour, dire que le l'écologiste ne représente personne ... S'est souvent le vote par dépit... La choix politique est tellement diluer dans cette élection.... N'importe comment, ce partie politique a totalement trahis la volonté du peuple français...

le 28/05/2024 à 0:27
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@ Rogger - Pfffff!

à écrit le 26/05/2024 à 18:54
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Ces soit-disant écologistes non aucune colonne vertébrale, nous permettant de nous identifier ! Comme par exemple: "l'interdiction de toute publicité pour sortir de ce monde de la consommation, de la jouissance de court termes" ! Ils ne font que rama...

à écrit le 26/05/2024 à 17:30
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"Européennes : les Écologistes, espèce menacée" Bien au contraire les écoterro pastèques sont surtout menaçant...

à écrit le 26/05/2024 à 12:42
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Par leurs positionnement extrémistes, principalement idéologiques, bien éloignés des priorités des français, LFI, EELV et PC sont rabougris. A l'évidence, le venin, la désinformation et l'agressivité, utilisés continuellement, ne paient pas.

le 26/05/2024 à 13:52
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les verts sont pour une grande partie responsable du chomage en france avec leur norme de pollution mais préfère importer le produits fini que de permettre a des personnes un emploi stable la chine vas produires des moto pour les vendre au monde sau...

à écrit le 26/05/2024 à 12:05
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Les verts pastèques sont passés de mode et européistes comme les autres traîtres à la nation. Et je n'ai toujours pas vu d'article sur Asselineau et l'UPR dans vos colonnes, donc les pleureuses, elles peuvent aller direct se rhabiller. Merci pour vos...

à écrit le 26/05/2024 à 11:54
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L’écologie oui mais les donneurs de leçons bobos gauchos ont s’en passent

à écrit le 26/05/2024 à 11:38
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Ils étaient assis sur un tas d'or, ils devraient, à l'heure actuelle gouverner. Avec des thèmes comme le réchauffement climatique, la fin ( rêvé) des énergies fossiles, ect, on est vraiment dans leur fond de commerce avec cette décennie écologique . ...

à écrit le 26/05/2024 à 9:34
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L'obsession des écologistes pour le réchauffement climatique dessert les écologistes, étant donné qu'on ne peut rien faire contre le réchauffement. Il y a d'autres sujets écologiques, qui ont leur importance aussi. De plus, ces partis écologistes son...

à écrit le 26/05/2024 à 9:11
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Non mais quand vous voyez leurs représentants il faut vraiment être dans le déni pour croire que voter vert c'est défendre la nature. Pour les allemands aux esprits simplistes oui ça fonctionne mais pas pour nous autres français repus à nous méfier d...

à écrit le 26/05/2024 à 8:08
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Les écologistes n'ont jamais démontré qu'ils soient utiles !

à écrit le 26/05/2024 à 8:06
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Quelle bonne nouvelle !! la seule depuis longtemps. Des emm****eurs de première. Jamais contents. Tu plantes des arbres.. il ne fallait pas, tu les arraches... fallait pas, les milieux humides ah c'est pas bon, les nappes "ah mon dieu il ne va plus y...

à écrit le 26/05/2024 à 7:41
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Les écolos donc bienveillants car de gauche ont montré leurs compétences dans les villes qu'ils gèrent, en les demolissant comme il faut...leur pb, c'est pas l'écologie, c'est le burkini pour toutes à la piscine, la miction sociale avec leur élector...

le 27/05/2024 à 11:20
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"Miction" sociale ? C'était au temps de l'empereur Vespasien !

le 28/05/2024 à 0:30
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@Qubik - 😃🤭 - 👍

à écrit le 26/05/2024 à 7:38
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Pourquoi passer son temps à éluder les sujets? Les écolos sont dans le mur parce que leurs actions sont guidées par les verts allemands et donc par les producteurs de gaz du Kremlin. Qui a envie de voter pour un parti qui permet à la Russie d’acheter...

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