Julien Aubert : « La bataille de LR doit être celle de la souveraineté »

ENTRETIEN - L’ex-député du Vaucluse veut peser dans la campagne de François-Xavier Bellamy, bloqué à 7% dans les sondages.
Julien Aubert, en septembre 2022.
Julien Aubert, en septembre 2022. (Crédits : © LTD / P3 PRESS/MAXPPP)

LA TRIBUNE DIMANCHE - Les intentions de vote pour LR aux élections européennes continuent de baisser. Qu'est-ce qui coince ?

JULIEN AUBERT - Les Français ne sont pas encore dans la campagne. Lorsqu'ils le seront, ils comprendront l'intérêt de voter Les Républicains plutôt que pour les listes portées par Emmanuel Macron et Marine Le Pen. On est dans un jeu où le président de la République invoque tous les sujets qui lui permettent de colmater son socle, notamment la guerre en Ukraine. Il l'avait déjà instrumentalisée en 2022 comme il avait instrumentalisé l'euthanasie en 2019. À côté de cette approche manichéenne, pour un parti qui manie autre chose que le blanc ou le noir, c'est forcément plus compliqué. Je pense que le sérieux finit toujours par triompher.

Lire aussiNotre sondage exclusif pour les européennes : Bardella engrange, la Macronie stoppe l'hémorragie

Vous souhaitez participer de manière active à cette campagne et être en position éligible sur la liste de François-Xavier Bellamy. Qu'en dit votre président de parti, Éric Ciotti ?

Éric et moi sommes de la même Région. Nous avons eu des batailles communes, aux primaires ou aux régionales contre Renaud Muselier. Il connaît mes qualités et mes défauts. Il doit composer une liste dans un contexte compliqué. C'est comme au football : vous avez plein de bons joueurs et il faut choisir le meilleur dispositif à l'instant T. La désignation de François-Xavier Bellamy, qui a toujours été clair dans ses convictions, a donné le la d'un combat dans lequel je me sens très à l'aise. Sans vouloir dramatiser, nous ne jouons pas n'importe quel match. C'est un test de « criticité » après une présidentielle et des législatives compliquées. In fine, il nous faut la liste la plus offensive, la plus cohérente.

Quel message devrait porter la droite dans cette campagne européenne ?

Comme je le fais à la tête du mouvement Oser la France, il faut défendre une alternative radicale à l'Europe actuelle, entre Frexit et fédéralisme. Si on n'est pas content du mandat d'Ursula von der Leyen [présidente de la Commission européenne, issue de la droite allemande] ou de l'Union européenne telle qu'elle est, il n'y a que le vote LR qui permettra de changer les choses. Le RN a remporté tous les scrutins européens depuis dix ans, mais pour quel résultat ? Il n'a pas d'alliés hormis des infréquentables, comme l'AfD en Allemagne. Notre bataille doit être celle de la souveraineté de la France. Emmanuel Macron veut fédéraliser l'UE sans le dire, en préparant la dette commune ou la fin de l'unanimité. Les Français aiment l'Europe, mais font le même constat que Philippe Séguin : la technocratie nous a menés au bord du gouffre.

Ces messages ne semblent pas entendus par vos électeurs...

François-Xavier Bellamy a été très clair lors de son meeting à Aubervilliers. Certains, plus à droite que nous, laissent entendre que nous serions des sociaux-traîtres car nous appartenons au Parti populaire européen. Sauf que, en disant qu'on peut réformer l'Europe en restant en dehors des grands partis européens, le RN ment aux Français. S'agissant de la souveraineté, j'ai constaté que Nicolas Dupont-Aignan ne présenterait pas de liste. Or nous partageons ce combat pour la France. LR a beaucoup évolué sur cette question, comme le démontre le vote décisif contre le Ceta [accord de libre-échange entre l'UE et le Canada] assumé par Bruno Retailleau et son groupe au Sénat. Nous avons opéré une mue idéologique sur l'ouverture au libre-échange et le colbertisme. Ces combats sont parfois rendus invisibles par la communication omniprésente et mensongère d'Emmanuel Macron : c'est le moment de les assumer.

Pourquoi LR n'arrive pas à distancer la liste conduite par Marion Maréchal ?

Ce n'est pas notre sujet, le peuple tranchera. Éric Zemmour, qui voulait tuer le RN et unifier la droite, a rendu un service à Marine Le Pen en la recentrant. Il a cassé en partie l'implantation de LR en contribuant à la défaite de gens comme moi, alors qu'à l'origine il se disait en phase. Nous avons tous des inquiétudes sur les questions identitaires, mais la présidentielle a montré qu'une inquiétude ne faisait pas un projet politique et qu'une obsession ne faisait pas une vision.

Commentaires 5
à écrit le 02/04/2024 à 10:35
Signaler
Pas facile d'être crédible pour les partis politiques français sur la question de souveraineté après nous avoir imposé en force le traité de Lisbonne. Qu'ils assument nos partis politiques qu'ils arrêtent au moins de nous raconter des bobards sur cet...

à écrit le 31/03/2024 à 19:55
Signaler
Dire que Zemmour serait un "nazi" hum c'est ridicule il est juif. Non Zemmour est un fervent défenseur de la France, comme De Gaulle. Idem pour le RN et LR, alors qu'est ce qu'ils attendent ?

à écrit le 31/03/2024 à 19:40
Signaler
La "bataille" de LR ne serait-elle pas plutôt celle de la survie?

à écrit le 31/03/2024 à 13:15
Signaler
Si il n'y a pas une alliance entre LR,RN et Zemmour la France est cuite.

le 31/03/2024 à 16:26
Signaler
Cette alliance est peu probable car la sociologie de électorat de Zemmour et des LR est bien plus proche de l'électorat de Macron que de celui du RN... Et puis il n'est pas exagéré de qualifier le mouvement de Zemmour de bagage oublié de l'occupant a...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.