Rachida Dati tisse sa toile entre LR et la Macronie

La nouvelle ministre de la Culture veut s’imposer à la tête d’un large rassemblement anti-Hidalgo.
Ludovic Vigogne
Rachida Dati à son bureau au Ministère de la Culture.
Rachida Dati à son bureau au Ministère de la Culture. (Crédits : © LTD / Alain Guizard/ABACAPRESS.COM)

Jeudi, après son audition à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête sur l'attribution des fréquences de la TNT, Rachida Dati est allée inaugurer une fromagerie rue de Varenne. La ministre de la Culture ne manque jamais une occasion d'être aux petits soins de son fief. Tous les jours, malgré ses nouvelles fonctions, elle continue à lire le courrier qu'elle reçoit à la mairie du 7ᵉ arrondissement. Là-bas, son équipe n'a pas changé ; cela facilite les choses.

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Le 11 janvier, la patronne de la droite parisienne a choisi de renverser la table. En acceptant la proposition d'Emmanuel Macron d'entrer au gouvernement de Gabriel Attal, Rachida Dati a opéré un renversement stratégique majeur qui a pris de court tous les acteurs de la capitale, à deux ans des prochaines échéances municipales. « Elle a fusionné avant le premier tour », sourit Xavier Bertrand.

L'éternelle sarkozyste

En ralliant le président, l'éternelle sarkozyste a décidé de tenter de s'imposer dès maintenant comme la candidate d'un large rassemblement anti-Hidalgo, allant de la Macronie aux Républicains. Elle tirait là les leçons des élections de 2020. Au second tour, ses listes s'étaient retrouvées face à celles d'En marche, pourtant distancées au premier. Le chef de l'État avait refusé tout mariage. Par la suite, Rachida Dati avait beaucoup répété que le locataire de l'Élysée et Alexis Kohler, le secrétaire général du Palais, n'avaient pas tenu la promesse qu'ils lui avaient faite quelques mois plus tôt en cas de pareil scénario.

Pas de deal, selon Macron

Ces dernières semaines, à son propos, le chef de l'État en a démenti une autre. Dès le lendemain de la promotion de Rachida Dati Rue de Valois, il a affirmé à tous ses interlocuteurs parisiens que son arrivée n'incluait aucun deal en vue des municipales de 2026. « Le président ne l'a pas nommée pour Paris, mais pour emmerder LR », confie Clément Beaune, qui s'intéresse lui aussi de près à ce scrutin.

Président de la fédération Renaissance de la capitale, Sylvain Maillard rappelle depuis les règles du jeu qu'il entend faire respecter : ce sont les adhérents de son parti, du MoDem et d'Horizons qui désigneront leur champion. Il les a précisées à la ministre de la Culture, qu'il a rencontrée le 4 mars, comme l'a rapporté L'Express. Pour l'instant, la perspective d'une primaire fermée ne séduit guère cette dernière. Pour l'éviter, Rachida Dati compte s'imposer comme la candidate naturelle. « Elle est pragmatique. Nous sommes pragmatiques, croit un membre du gouvernement. Il faut bâtir les conditions de l'alternance et n'avoir qu'un seul candidat. Notre électorat, comme celui de LR, veut gagner Paris et veut un candidat qui l'emporte. »

En attendant, celle qui ambitionne de faire tomber Anne Hidalgo tisse sa toile. D'abord, il y a l'acquis. Si la direction nationale des Républicains a, sitôt son entrée au gouvernement, précisé qu'elle n'avait plus rien à faire chez eux, elle a gardé la main sur le groupe LR de l'Hôtel de Ville. Le 30 janvier, elle en a cédé la présidence à Catherine Dumas, qui était sa candidate.

Elle est en contact régulier avec Jean-Pierre Lecoq, Philippe Goujon et Geoffroy Boulard, les maires LR des 6ᵉ, 15ᵉ et 17ᵉ arrondissements. Au Conseil de Paris, elle continue à beaucoup s'appuyer sur Nelly Garnier, élue LR du 11ᵉ. Au sein de son cabinet Rue de Valois, Emmanuelle Dauvergne, sa conseillère, veille au grain parisien en permanence. Ces prochains jours, la ministre de la Culture pourrait néanmoins connaître de premières défections. Francis Szpiner menace de quitter le groupe LR au Conseil de Paris afin de former le sien. Le sénateur, encouragé par Éric Ciotti, veut marquer le coup après la présence de Rachida Dati au premier rang du meeting de lancement de campagne de Renaissance pour les élections européennes, à Lille, le 9 mars.

Aucun contact avec Clément Beaune

Maintenant, il y a ce qui est à construire. Avec la Macronie parisienne, la nouvelle ministre de la Culture développe ses relations. En la matière, elle ne partait pas de rien. De longue date, elle s'entend bien avec les deux ministres qui en sont issus : Stanislas Guerini et Olivia Grégoire (« J'ai essayé de la détester, je n'ai pas réussi. J'aime les femmes de caractère », dit la ministre déléguée chargée des Entreprises). Rachida Dati échange donc désormais régulièrement avec Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale.

Par contre, elle n'a aucun contact avec Clément Beaune. Le député a noté un vrai trouble chez les militants locaux de Renaissance après l'arrivée d'une ancienne adversaire si rugueuse avec eux et mise en examen pour « corruption passive ». Avec deux autres élus de la majorité, cela relève encore d'un autre registre. La maire du 7ᵉ a des relations haineuses avec Gilles LeGendre, député de son arrondissement, et Pierre-Yves Bournazel, déjà en campagne en vue de 2026 pour le compte d'Horizons, qui le lui rendent bien.

« A-t-elle fait un bon calcul ? s'interrogeait récemment François Hollande. Elle peut aussi payer le bilan du gouvernement. » La ministre de la Culture compte, elle, sur son portefeuille pour lisser tout autant que lester son image et investir des sujets auxquels les Parisiens sont plus sensibles que d'autres. Pour cela, elle sait aussi que le temps lui est compté. « Elle devra partir à l'été 2025, maximum », estime Valérie Pécresse.

Ludovic Vigogne
Commentaires 4
à écrit le 24/03/2024 à 17:31
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Il n'ont pas trouvé mieux ?

à écrit le 24/03/2024 à 10:31
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Une toilé déjà tissée entre tous les partis politiques qui mangent tous à la même gamelle hein. Les souris votent pour le chats. "La folie est rare chez l'individu, elle est al règle pour les groupes, les partis, les peuples, les péoques" Nietzsche

à écrit le 24/03/2024 à 10:29
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Dati ? Parvenue arriviste dont les dents rayent le parquet ! Au fait ses frères en prison pour trafic de drogue en sont ils sortis ?!

à écrit le 24/03/2024 à 10:19
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Pendant ce temps: "Rachida Dati tisse sa toile entre LR et la Macronie" Essayiste, Malika Sorel-Sutter a été membre du Haut Conseil à l'intégration et de sa mission laïcité.Il y a quelques années," j'ai fait le constat de la décomposition franç...

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