À Ivry-Sur-Seine (Val-de-Marne), dans le fief de Mathilde Panot, députée La France insoumise (LFI) et présidente du groupe à l'Assemblée nationale, les habitants ont bravé le mauvais temps vendredi matin pour se rendre au marché du centre-ville. Au premier tour des législatives 2022, Solange* avait choisi le candidat écologiste Bernard Chappellier. Un an plus tard, cette femme de gauche suit de très près la polémique qui embrase son camp depuis l'offensive meurtrière contre Israël, il y a quinze jours, et le refus de Jean-Luc Mélenchon de condamner clairement les actes du Hamas. « Il faut appeler un chat un chat, le Hamas est un groupe terroriste », s'emporte la presque septuagénaire devant le stand d'un traiteur grec. « Israël n'est pas tout blanc non plus, mais il faut reconnaître les choses », ajoute-t-elle. Interrogée sur le sujet, Mathilde Panot a préféré couper court à une conférence de presse. De son côté, Danièle Obono, autre figure du groupe à l'Assemblée, est allée jusqu'à reconnaître au Hamas les qualités d'un « mouvement de résistance » lors d'une interview à la radio.
54 % des sympathisants LFI pour une condamnation explicite de l'attaque du Hamas
Gérald Darmanin a porté plainte contre la députée pour « apologie du terrorisme ». Pour cet autre Gérald, habitant du quartier parisien Marx-Dormoy et soutien de la députée, l'offensive juridique du ministre de l'Intérieur n'est rien de moins qu'un abus de pouvoir. Mais il concède que qualifier le Hamas de groupe de résistance « est un peu rapide ». Gérald déplore surtout l'appui apporté en creux par Jean-Luc Mélenchon au mouvement islamiste armé. « C'est une erreur politique », concède cet informaticien quinquagénaire, attablé en terrasse du café qui fait office de QG à la députée, dans le quartier populaire de la Chapelle, au cœur d'une circonscription qui a réélu la députée Obono dès le premier tour en juin 2022. Un sondage effectué par Elabe montre à quel point les sympathisants LFI sont divisés sur la question. 54 % d'entre eux estiment que leur ex-candidat à la présidentielle aurait dû condamner explicitement l'attaque du Hamas sur Israël.
Dans le nord de Paris, les habitants n'ont pas trop envie de donner leur avis sur cette question brûlante. Les électeurs opposent aux questions des « je n'y connais rien » ou « je n'ai pas suivi ». Les associations préfèrent ne pas s'exprimer non plus et même l'opposition, d'ordinaire volubile, décline. Même chape de plomb dans le Val-de-Marne. Contacté, Clément Parque, porte-parole des Jeunes avec Macron du département, est resté mutique. Abrité sous les bâches du marché d'Ivry-sur-Seine, Michel prend pour sa part la défense de Mathilde Panot. Selon lui, elle n'a pas d'autre choix que de suivre Jean-Luc Mélenchon. L'ancien cadre technique se désole : « J'espère que la Nupes ne va pas s'effondrer avec cette polémique. » ■
*Le prénom a été modifié.