Allemagne : un sondage confirme un nouveau plus haut d'AfD

Selon l'enquête Infratest-Dimap réalisée pour ARD, le parti xénophobe et eurosceptique Alternative für Deutschland recueillerait 16 % des intentions de vote. La CDU/CSU de la chancelière Angela Merkel serait encore en baisse.
AfD est au plus haut dans les sondages allemands.

Après deux défaites électorales retentissantes de la CDU chrétienne-démocrate, dans le Mecklembourg-Poméranie Occidentale et à Berlin et la confirmation de la force politique du parti xénophobe et eurosceptique Alternative für Deutschland (AfD), un sondage paru ce vendredi 23 septembre va encore causer bien des soucis à Angela Merkel. Selon l'institut Infratest-Dimap pour ARD, AfD obtiendrait 16% des voix en cas d'élections au Bundestag ce dimanche. Jamais ce parti n'avait obtenu un tel score dans un sondage de cet institut - ni, du reste, d'aucun autre.

La poussée d'AfD se confirme

Ce sondage a été réalisé du 19 au 21 septembre, c'est-à-dire après le résultat des élections berlinoises où AfD a obtenu 14,2% des suffrages exprimés. Il semblerait donc qu'AfD bénéficie donc d'une dynamique positive s'appuyant sur ses résultats électoraux et que la réponse de la chancelière n'ait pas immédiatement pu briser cette dynamique. Les deux succès électoraux d'AfD ont ainsi permis d'effacer le « trou d'air » créé en juin par la querelle interne au parti après sa scission en Bade-Wurtemberg. AfD gagne en effet deux points en trois semaines. Le point le plus inquiétant réside dans le fait que cette querelle avait porté sur la question très sensible de l'antisémitisme. Une partie des élus régionaux d'AfD avait fondé un nouveau groupe après le refus de la direction nationale d'exclure un élu accusé d'antisémitisme. Voici quelques années, ceci aurait sans doute conduit à un effondrement du parti. Ce n'est plus le cas désormais puisqu'il semblerait que la popularité d'AfD demeure croissante. Certes, les sondages Infratest-Dimap ont tendance à surévaluer par rapport à d'autres instituts, les scores d'AfD, mais la tendance n'en est pas moins significative.

L'enquête Infratest-Dimap a, par ailleurs, été réalisé après le Mea Culpa d'Angela Merkel sur la gestion de la crise migratoire et son ébauche de rapprochement vers sa droite, notamment vers la CSU bavaroise. Depuis quelques jours, les signaux envoyés par la CSU et la CDU sont ceux de l'unité. Un programme commun, incluant la question des réfugiés, serait en préparation et Jürgen Spahn, membre de la direction de la CDU, a réclamé un nouveau durcissement du droit d'asile. Ce changement stratégique ne semble pas, là non plus, avoir porté ses fruits. Selon le sondage cité, la CDU/CSU est créditée de 32%, son plus bas niveau, dans les enquêtes de cet institut depuis le 28 octobre 2011 et dix points de moins que son niveau de début septembre 2015.

Recul de la gauche

Mais, plus généralement, ce sondage souligne la fragmentation en cours de la vie politique allemande. Pour la première fois depuis 1953, le Bundestag qui sera élu en septembre 2017 pourrait compter sept partis. Le sondage cité attribue en effet 6% des intentions de vote aux Libéraux de la FDP qui confirmeraient ainsi leur retour au parlement fédéral. A sept, le jeu des coalitions risque de devenir complexe. D'autant que la gauche s'affaiblit globalement : la SPD ne profite pas de la baisse de la CDU et est donnée à 22% d'intentions de vote contre 23% en début de mois. Die Linke, malgré son bon score à Berlin, recule aussi d'un point à 8%. Seuls les Verts progressent un peu à 12% contre 11%, mais l'écart avec AfD pour la troisième place se creuse et on est encore loin des 14% attribués aux Écologistes à la mi-juin. Les deux derniers scrutins régionaux ont, du reste, montré, que les sondages avaient tendance à surévaluer le score des Verts. Donnés à 18% avant l'élection berlinoise, ils ont obtenu 15,2%, perdant du terrain par rapport à 2011 et se faisant dépasser par Die Linke.

La gageure de la coalition après 2017

Dans un tel contexte, constituer une coalition relèvera de la gageure. Certes, il est délicat de tirer des conclusions de sondages sur ce plan compte tenu de la loi électorale qui avantage légèrement les grands partis. En 2013, la CDU/CSU avec 42,5% des voix a obtenu 49,3% des sièges. Mais l'écart est moindre en excluant les 11% d'électeurs de partis non représentés à la chambre : la CDU/CSU dispose alors de 46,6% des voix attribués aux partis représentés. Surtout, un élément nouveau émerge. Le système électoral allemand est double : la moitié des députés est élue à la proportionnelle, l'autre au scrutin uninominal à un tour (conformément au système britannique). La force des Chrétiens-démocrates a toujours été leur succès à ce second scrutin. Or, l'émergence de l'AfD menace cette force, car les élections régionales ont montré qu'il était capable de s'ancrer suffisamment fortement pour remporter des circonscriptions, y compris à l'ouest. La CDU/CSU ne peut donc pas compter sur un « bonus » aussi important qu'auparavant d'autant que la loi a changé pour rendre plus représentatif le Bundestag.

La grande coalition encore majoritaire

En partant du sondage Infratest-Dimap de ce vendredi, il semble que les coalitions traditionnelles CDU/CSU-FDP et Verts-SPD ne soient plus en mesure de gouverner avec seulement 38% et 34% des voix respectivement. Rien de nouveau ici, c'est le cas depuis 2009. Si la « grande coalition » continue à obtenir la majorité (54% des intentions de vote), elle est désormais politiquement quasiment impossible, compte tenu de son prix élevé sur le plan électoral (ce qui confirme le résultat des élections de 2009 où CDU/CSU et SPD avaient perdu du terrain et obtenu 57% des voix, son plus bas historique). Mais l'absence de coalition avec AfD et la fragmentation de l'électorat va obliger à avoir recours à de nouvelles solutions, plus instables. Quelle alliance alternative alors ? Angela Merkel caresse l'idée d'une alliance avec les Verts. Une telle coalition regrouperait 44% des voix, ce qui laisse une chance assez mince de majorité. Si les Verts préfèrent soutenir une alliance de gauche « rouge-rouge-verte » avec Die Linke et la SPD, formule qui devrait gouverner Berlin et devient à la mode, le soutien n'atteindra pas 42 % des voix, ce qui rend difficile la formation d'une majorité.

Quelle coalition avec les Verts ?

Si la « grande coalition » reste une solution impossible, Angela Merkel devra se résoudre à construire une coalition à trois en invitant les Libéraux et les Verts et la CDU/CSU. Cette coalition « Jamaïque » aux couleurs du drapeau de l'île caribéenne (rouge-jaune-noire) disposerait de 50 % des voix et sans doute de la majorité au Bundestag. Tentée en Sarre au niveau régional pendant un peu plus de deux ans, elle s'était révélée très instable. Il en sera sans doute de même ici : la FDP sera hautement méfiante vis-à-vis de la CDU/CSU après le désastre de la dernière coalition (2009-2013) où il était passé de 14,9% à 4,8% des voix. Elle sera donc fort exigeante. Il n'est pas certain que ceci permette de trouver un terrain d'entente avec les Verts. D'autant que l'affaiblissement de la CDU/CSU va renforcer la très conservatrice CSU bavaroise dont les points communs avec les Verts sont très peu nombreux. Du reste, le glissement à droite opéré par Angela Merkel sur la question migratoire pourrait lui aliéner durant la campagne des soutiens sur sa gauche, rendant les négociations très délicates. Le casse-tête de la chancelière ne sera pas terminé avec l'élection de 2017.

Commentaires 5
à écrit le 24/09/2016 à 11:48
Signaler
Qui sème le vent récolte l'extrème droite ici ou là

à écrit le 24/09/2016 à 1:27
Signaler
Vous avez oublié "populiste" dans le début de l'article.. - La traditionnelle série des qualificatifs spéciaux 'diabolisation' -

à écrit le 23/09/2016 à 15:30
Signaler
Comment voulez-vous que les partis d'exrèmes droites ne montent pas? Merkel veut un quatrième mandat, shauble pas loin de 80ans voudrait bien prendre sa place. En France Sarkosy, à qui il faudrait un psychiatre NKM qui n' a pas l'air bien aussi quand...

à écrit le 23/09/2016 à 14:11
Signaler
L'oligarchie préfèrera toujours l'extrême droite car sachant qu'elle pourra s'arranger financièrement avec que l'extrême gauche qui remettrait tous leurs nombreux privilèges dont les citoyens européens souffrent un peu plus chaque jour en question. ...

à écrit le 23/09/2016 à 14:01
Signaler
on ne voit pas en quoi AfD et Pegida sont xenophobes, mais bon....... pour le reste, faire n'importe quoi c'est effectivement le meilleur moyen de finir avec un hitler, et pas seulement en allemagne

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.