BCE : dernière étape avant la baisse des taux dans la zone euro

La Banque centrale européenne devrait afficher jeudi une plus grande confiance dans la baisse de l'inflation en zone euro, préparant le terrain à une première baisse des taux en juin.
Le siège de la BCE, à Francfort.
Le siège de la BCE, à Francfort. (Crédits : Wolfgang Rattay)

Alors que l'accélération de l'inflation aux Etats-Unis ne va pas pousser la Réserve fédérale américaine (Fed) à baisser ses taux rapidement, la Banque centrale européenne (BCE), confortée par le ralentissement de l'inflation plus fort que prévu, devrait au contraire baliser le terrain ce jeudi pour une baisse des taux d'intérêt. En effet, si Christine Lagarde, la présidente de l'institution monétaire, avait dit en mars que les gardiens de l'euro n'étaient « pas suffisamment confiants » pour envisager de lâcher du lest, elle peut être désormais plus rassurée : avec le fort ralentissement de l'inflation observé en mars (+ 2,4% en mars en glissement annuel, soit 0,2 point de moins qu'en février), la hausse des prix se rapproche de l'objectif de 2% à moyen terme.

Réuni ce jeudi, le Conseil des gouverneurs devrait une nouvelle fois laisser les taux inchangés (autour de 4% pour le taux sur les dépôts, qui fait référence) mais la réunion « sera le prélude d'un nouveau tournant dans la politique monétaire de la zone euro : la dernière étape avant la baisse », avancent les stratégistes d'ING. Même son de cloche pour Gilles Moec, chef économiste chez Axa. Dans un entretien à l'AFP, il estime en effet que la BCE va faire part d'une « plus grande confiance dans la désinflation » et ainsi mettre « le doigt sur la gâchette pour baisser les taux à partir de juin ».

Les réponses de Christine Lagarde sur la possibilité pour la BCE d'entamer son cycle de baisse des taux avant sa grande-sœur américaine, la Réserve fédérale (Fed), seront scrutés de près par les investisseurs. Si la BCE prend trop d'avance sur la Fed pour les baisses de taux, l'euro pourrait en effet perdre de la valeur face au dollar, ce qui renchérirait les importations européennes et potentiellement relancerait l'inflation.

Accélération de l'inflation aux Etats-Unis

Problème néanmoins, si la BCE comptait baissait ses taux en juin en espérant que la Fed suive comme l'indiquait la semaine dernière le gouverneur de la banque centrale autrichienne, Robert Holzmann, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, la question du délai entre les deux annonces se pose avec l'accélération de l'inflation outre-Atlantique qui ne pousse pas à baisser les taux trop tôt. En mars, les prix ont augmenté de 3,2%.

L'ensemble des membres de la Fed s'accordent cependant pour considérer qu'il « ne serait pas approprié de réduire les taux tant qu'ils n'ont pas une meilleure confiance dans le fait que l'inflation se dirige durablement vers (la cible de) 2% », selon le compte-rendu de la dernière réunion qui s'est tenue en mars, publié mercredi. D'autant que « certains participants pointent les risques géopolitiques qui pourraient créer de nouveaux goulots d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement et une hausse des coûts de livraison », qui viendraient renforcer la dynamique des prix.

Les Etats-Unis peuvent se permettre d'attendre. La consommation des ménages « reste « solide », même si plusieurs membres ont souligné que les ventes au détail ralentissaient. Une consommation qui tient notamment par « une hausse des dépenses via les cartes de crédit » mais aussi une « hausse de l'immigration, qui vient soutenir la croissance de la consommation et la demande de logements ».

Néanmoins « quasi tous les participants estiment qu'il serait approprié de se diriger vers une politique moins restrictive à un moment dans l'année, si l'économie évolue globalement comme ils l'anticipent », notamment car « l'inflation continue à suivre la tendance attendue, même si c'est de manière inégale ».

Les analystes attendent cependant une première baisse des taux lors de la réunion prévue en septembre, la dernière avant les élections présidentielles de novembre, selon l'agrégateur FedWatch de CME Group. La prochaine réunion de la Fed, prévue le 30 avril et le 1er mai, devrait donc de nouveau se solder par un statu quo sur le front des taux.

Commentaires 4
à écrit le 11/04/2024 à 10:13
Signaler
Pour l’instant, les prévisions ont été démenties, et ce n’est pas avec ce qui s’est passé hier (CPI.. et remontée du dollar contre toutes monnaies), que l’on peut imaginer une baisse de taux en Europe avant, a minima, le mois de juin. Tout est probab...

à écrit le 11/04/2024 à 9:51
Signaler
La Fed n'assouplira pas ses taux directeurs avant les élections américaines (en plus d'une mauvaise direction de l'IPC) et la BCE n'assumera le risque de prendre la Fed à revers, alors même qu'un recul macroéconomique quant à la décrue de l'inflation...

à écrit le 11/04/2024 à 9:32
Signaler
Il n'y a jamais de baisse de l'inflation, elle ne peut être que freinée ou arrêtée. Les prix ne reviennent jamais à leur point de départ, surtout au prix de l'énergie qui s'envole sur les marchés. La dette de nos clowns politiques que nos arrière arr...

à écrit le 11/04/2024 à 8:51
Signaler
Ce que riche veut riche obtient en UERSS empire prévu pour durer mille ans. Mais que c'est long bon sang ! 88 ans déjà...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.