Brexit : Bruxelles refuse d'évoquer un allongement des négociations

L’issue des élections britanniques fait planer le doute sur la date d’ouverture des négociations, tout en renforçant la position de négociation européenne.
Florence Autret
Le négociateur européen Michel Barnier a déclaré vendredi vouloir commencer les négociations "quand le RU sera prêt", ajoutant : "le calendrier et les positions de l'UE sont clairs".

A l'annonce des résultats de l'élection britannique, les dirigeants européens ont acté la suspension de facto du calendrier de négociation du Brexit. « Nous ne savons pas quand les négociations commencent. Nous savons quand elles doivent finir », a tweeté vendredi matin le président du Conseil européen Donald Tusk suite à la défaite électorale de la Première ministre conservatrice Theresa May.

Celles-ci auraient dû être lancées le 19 ou le 20 juin, quelques jours avant le Conseil européen des 22 et 23 juin.

Mais cette séquence est désormais très incertaine.

Le commissaire européen Günther Oettinger a pour sa part estimé vendredi matin dans un entretien à la télévision allemande ARD que le raccourcissement du délai de négociations compromettait les chances du Royaume-Uni de sceller un accord à temps.

 « Spéculations » sur un report du Brexit

Alors que l'hypothèse d'une démission de Theresa May est évoquée, malgré la constitution d'un gouvernement avec ses alliés nord-irlandais du DUP vendredi après-midi, Londres pourrait se trouver en effet privé à la fois d'une stratégie et d'une équipe de négociation. D'où l'idée qu'il faudrait se donner plus de temps.

L'article 50 du traité sur l'Union européenne prévoit la possibilité d'un prolongement de la période de deux ans de négociation, sur décision des chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept, à l'unanimité. Cette hypothèse est toutefois pour l'instant écartée.

Teasé par les correspondants de la presse britannique au sujet d'un possible report de la date du Brexit, fixée le 29 mars 2019, soit deux ans après la notification de la demande de sortie, le porte-parole de la Commission Alexander Winterstein a répété à plusieurs reprises qu'il "ne ressentait aucune raison d'entrer de telles spéculations". "Nous avons une lettre, une notification, le calendrier est clair", a-t-il expliqué.

"Avant de parler de prolonger les négociations avec nos amis, il faudrait qu'elles commencent", a déclaré plus tard dans la journée le président Juncker depuis Prague où il participait à une conférence sur la défense.

Des effets incertains sur le déroulement des discussions

Alors que, côté européen, la liste des priorités et la séquence des discussions a peu de chance de varier, le vote surprise de jeudi jette un doute sur les demandes qui seront celles du Royaume-Uni. De nombreux commentateurs voient dans la gifle infligée aux conservateurs et l'éviction des souverainistes de UKIP, des raisons que le camp des "Remainers" et des partisans d'un "soft Brexit" se renforce.

"Quelque soit le résultat (des discussions qui s'engagent à Londres pour former un nouveau gouvernement), la position de négociation de l'Union européenne en ressortira renforcée", estiment pour leur part les experts FTI consulting, qui a créé une équipe dédiée à la préparation et au suivi des négociations.

Les responsables européens se gardent de tirer la même conclusion, conscients que le chaos actuel, qui prolonge l'impression d'improvisation donnée depuis un an par les autorités britanniques, ne fait qu'accroître la pression qui s'exerce sur les négociateurs des deux côtés de la Manche.

Pour l'homme du Brexit au Parlement européen, le président du groupe libéral Guy Verhofstadt, le vote de jeudi va avant tout "rendre des négociations complexes encore plus compliquées".

Une chose est sûre pour l'instant : vu de Bruxelles, la balle est plus que jamais dans le camp britannique.

"C'est aux personnes en charge à Londres" de revenir vers "nous", a expliqué vendredi le porte-parole de la Commission.

Vendredi, le site Politico assurait que des proches de Theresa May avaient en réalité déjà contacté le matin même le chef de cabinet du président de la Commission, Martin Selmayr, en laissant entendre que Londres s'en tiendrait  bien au calendrier prévu, ce qui avait suscité une certaine stupéfaction dans l'entourage de Jean-Claude Juncker.

Florence Autret
Commentaires 4
à écrit le 09/06/2017 à 22:06
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l'attelage Tusk -Juncker n'est pas le plus légitime pour parler au nom de l'Union Européenne . l'un biberonné à plus de 60 ans de communisme dans un pays qui n'attend que des subventions et des passe-droits économiques de ses autres partenaires , l'a...

le 10/06/2017 à 8:06
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Bah, avec l'attelage May-Johnson désavoué par les urnes (à un point tel que si les travaillistes avaient eu un candidat correct style Macron et un programme raisonnable, ils auraient sans doute largement remporté cette élection), ça fait la paire.

à écrit le 09/06/2017 à 20:46
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l'attelage Tusk -Juncker n'est pas le plus légitime pour parler au nom de l'Union Européenne . l'un biberonné à plus de 60 ans de communisme dans un pays qui n'attend que des subventions et des passe-droits économiques de ses autres partenaires , l'a...

le 09/06/2017 à 22:02
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Pour le moment le Royaume-Uni est bien plus affecté par le brexit que l'UE, qui souhaite manifestement maintenant s'en débarrasser au plus vite.

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