Royaume-Uni : Brexit, sécurité, économie... les 10 enjeux de l'élection générale

A la veille de l'élection générale britannique du 8 juin, les différents partis ont publié et défendu leurs programmes. Leurs propositions se concentrent principalement sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, la sécurité du pays et et le futur de l'économie britannique.
Les différents partis britanniques publient leurs programmes depuis le vendredi 26 mai. Ils proposent chacun leurs solutions concernant le Brexit et le redressement économique du Royaume-Uni.

A la veille de leurs élections législatives, les Britanniques se penchent encore sur les différents programmes et font preuve d'une indécision croissante. Alors que les Tories restent en tête depuis le début de la campagne, les travaillistes dirigés par Jeremy Corbyn les talonnent désormais dans les sondages. Aujourd'hui, les conservateurs devancent le Labour de 8,7 points en moyenne, contre 17,8 points lors de l'annonce de l'élection générale le 18 avril.

Les Britanniques, si sûrs il y a six semaines, sont-ils pris de doutes quant à la personne la mieux placée pour les sortir (ou non) de l'Union européenne ? Cette élection générale anticipée est en effet d'une importance primordiale puisqu'elle aura un impact direct sur la manière dont sera mise en place la procédure du Brexit, votée lors du référendum du 23 juin 2016.

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■ Le Brexit

Tout au long de la campagne, le parti conservateur a défendu un "hard" Brexit en vue de négocier plus tard un "partenariat spécial et renforcé" avec l'Union européenne. Le but : garder des avantages commerciaux, tout en quittant le marché commun et l'union douanière.

Dans leur manifeste, les Tories promettent de transposer les lois européennes dans les textes législatifs à travers la "Great Repeal Bil" (la loi de grande abrogation), avant de pouvoir les amender ou les abroger..

Une nouvelle loi que le Labour rejette. D'après le parti Travailliste, le Royaume-Uni a besoin de l'Union européenne pour survivre économiquement. La "Great Repeal Bill" est donc inenvisageable pour le Labour qui souhaite garder une relation très proche avec l'Europe.

Là où les deux partis en tête s'entendent le moins: la question du "no deal". Pour le Labour, un manque d'accord avec l'Union européenne serait le pire scénario possible, alors que les conservateurs eux s'entêtent à ne pas vouloir faire de compromis sur leurs demandes:

"L'absence d'accord est meilleure qu'un mauvais accord pour le Royaume-Uni"

Du côté du UKIP , le Brexit serait un réel soulagement, et le 23 juin (le jour du référendum sur la sortie de l'Europe) deviendrait "la Journée de l'Indépendance". Ils refusent aussi catégoriquement de payer une facture de divorce à l'Union européenne.

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De l'autre côté du spectre, les Lib Dems (les libéraux-démocrates) et le Green Party (parti écologiste) veulent protéger la place des Britanniques en Europe.

Les libéraux-démocrates s'opposent même au Brexit en proposant un nouveau référendum à l'issue des négociations donnant aux électeurs le choix de rester dans l'Union.

■ L'immigration

Les Tories voudraient réduire l'immigration qui s'élève aujourd'hui à 273.000 immigrés par an, à quelques dizaines de milliers. Les visas seront donc plus difficiles à obtenir, et employer un immigré coûtera beaucoup plus cher.

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Le Labour veut se battre pour la liberté de mouvement entre les pays européens en créant le "Migrant Impact Fund" (un fond pour l'impact de l'immigration) pour venir en aide aux communautés qui accueillent un grand nombre d'étrangers.

Le UKIP (le Parti d'indépendance du Royaume Uni) se présente dans la lignée des Tories, mais promet des démarches pour une rupture radicale avec une réduction à zéro du nombre d'immigrés et l'interdiction d'accès aux réfugiés.

En accord avec le Labour, les Lib Dems et le Green Party ajoutent à leurs programmes des mesures pour accueillir 50.000 réfugiés syriens.

■ L'économie

En matière d'économie, le parti de Theresa May a l'intention de baisser et de simplifier le système des taxes. L'économie façon conservateurs s'intéressera notamment à l'innovation et aux nouvelles technologies, en insistant sur des mesures de sécurité sur Internet. Les Tories veulent en outre en finir avec le déficit d'ici à 2025.

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Les LibDems et les Verts et le Labour proposent des démarches similaires : une fin progressive de la dette sur cinq ans, et encourager financièrement les startups et les petits business.

Pour l'UKIP, il sera nécessaire d'emprunter 500 milliards de livres à la Banque d'Investissement National pour aider le Royaume-Uni à se relever après le Brexit.

■ Les entreprises et les salariés

Un autre gros point de la campagne : les salariés et les entreprises.

Les conservateurs voudraient augmenter les allocations personnelles des Britanniques de 12.500 livres d'ici 2020 et assurer une égalité homme-femme au sein des entreprises. Ils s'engagent à baisser à terme l'impôt sur les sociétés à 17% pour améliorer la compétitivité.

Dans la même lignée, le UKIP  voudrait voir une augmentation plus rapide des allocations personnelles (jusqu'à 13.500 livres). Paul Nuttall, le leader de l'UKIP, imposera aux entreprises de proposer des emplois aux citoyens britanniques avant de les offrir à des ressortissants étrangers.

A l'opposé des Tories, le Labour propose de concentrer la plus grande partie des impôts sur les plus riches, en pénalisant les individus et les entreprises tentées par l'évasion fiscale. Résultat : ceux qui gagnent plus de 80.000 livres par an verront leurs impôts augmenter.

Les Lib Dems et les Verts se mettent d'accord avec le Labour sur l'alourdissement des taxes sur les entreprises et de l'impôt de succession. Le parti écologiste rajoute un impôt sur la fortune aux 1% les plus riches.

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■ Le salaire minimum

En trois ans, les Conservateurs comptent augmenter le salaire minimum national pour les plus de 25 ans à 60% du salaire médian.

En tant que grand défenseur des droits des travailleurs, le parti de Jeremy Corbyn espère mettre en place un ministère du travail pour lutter contre les injustices comme les inégalités salariales. Le Labour et les LibDems et les Verts indexeront le niveau du salaire minimum sur le coût de vie au Royaume-Uni.

■ La NHS et la protection sociale

La dégradation inquiétante de la NHS, le système de santé nationale au Royaume-Uni, alarme les partis britanniques. Une inquiétude qui se reflète dans leurs programmes.

Les Conservateurs proposent d'augmenter le budget de la NHS d'un minimum de 8 milliards de livres au cours des cinq prochaines années alors que le Labour prévoit 6 milliards de livres en plus pour financer la santé, et 8 milliards de livres investies pour améliorer l'aide sociale, afin de créer un "National Care Service" (un service de soin national), qui s'occupera de la rendre accessible à tous.

La Première ministre voudrait de son côté modifier l'aide sociale destinée aux personnes retraitées,  afin que celle-ci soit attribuée en fonction des moyens de chaque individu, pour atténuer les coûts pour l'Etat. Des avantages tel que l'allocation pour le fuel en hiver, seront de plus en plus limités.

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Les Lib Dems, bien que dans la lignée du Labour, ne proposent pas des chiffres aussi impressionnants. Optant pour une augmentation de milliards de livres du budget de la NHS, le parti de Tim Farron se concentre sur la création d'une taxe spécifique à la santé et à l'aide sociale. Ils envisagent aussi d'ajouter 3,6 milliards de livres au budget des "National Insurance Contributions", l'équivalent des contributions à la sécurité sociale. S'opposant catégoriquement au programme des Tories, les libéraux démocrates s'engagent à protéger la loi "triple lock" de David Cameron, qui consiste à assurer l'augmentation les retraites de 2,5% par an minimum.

Le Green Party et l'UKIP insistent sur l'importance de rendre le système de santé publique et voudraient faire de la santé mentale une partie intégrante du système de santé présent.

■ La sécurité

Ces dernières semaines, la sécurité est devenue un thème central dans les campagnes des différents partis. Du côté des Conservateurs, la lutte contre le terrorisme se fait désormais sur Internet, et Theresa May insiste sur l'importance de la mise en place d'une protection sur les réseaux sociaux, ainsi que sur l'intégration des communautés divisées du Royaume-Uni, à travers l'éducation. L'UKIP aussi compte mettre fin à l'extrémisme dans les écoles.

Cependant, les autres partis, notamment le Labour, s'opposent à Theresa May sur sa politique passée en tant que Ministre de l'Intérieur qui a réduit de 20.000 policiers les forces de l'ordre britanniques. Le Labour, les Lib Dems, l'UKIP et les Verts prévoient donc de remplir le trou laissé par la Première ministre. Le parti travailliste propose aussi de réformer le programme de prévention anti-terroriste.

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■ Le logement

D'autres mesures telles que l'intention de construire un million de logements supplémentaires d'ici 2020, s'ajoutent au projet proposé par les Tories.

Les Lib Dems et UKIP insistent quant à eux sur l'arrêt de la "bedroom tax" (la taxe sur la chambre à coucher vide), à l'origine de l'accélération de la pauvreté. Cette taxe affecte injustement les personnes handicapées qui ont besoin d'une chambre supplémentaire pour des besoins de mobilité ou de matériel médical.

Le UKIP, les Verts et le Labour prévoient aussi de financer la construction de 100.000 logements supplémentaires à petit prix pour les jeunes.

Les Travaillistes concentrent par ailleurs leur programme en la matière sur les sans-abris en investissant dans 4.000 logements pour les accueillir.

■ L'éducation

Du côté de l'éducation, les Tories envisagent d'augmenter le budget total des écoles en Angleterre de 4 milliards de livres, et d'introduire des écoles secondaires sélectives, les Grammar schools. Les Lib Dems, eux, comptent investir davantage dans l'éducation, soit 7 milliards de livres.

Le Labour et le UKIP s'engagent envers les jeunes pour abolir les frais de scolarité des universités, en introduisant des bourses. Le UKIP prévoit même de mettre un terme au financement des programmes universitaires dont deux tiers des étudiants diplômés ne trouvent pas de travail.

■ L'Ecosse

Le parti national écossais (SNP) se concentre principalement sur l'indépendance de l'Ecosse afin que celle-ci puisse poursuivre avec l'Union Européenne. L'Ecosse, qui bénéficie grandement de l'immigration et du marché commun, prévoit d'organiser un deuxième référendum sur son indépendance, une fois la procédure du Brexit terminée. La demande d'organisation d'un nouveau scrutin transmise par Nicola Sturgeon, Première ministre écossaise, à Theresa May fin mars avait été rejetée.

Commentaires 2
à écrit le 07/06/2017 à 14:23
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La sortie démocrate du Royaume Uni ..de la nébuleuse de ( l' union européenne , des > eurocrates et technocrates < , est un acte historique de lucidité économique et politique ...

à écrit le 07/06/2017 à 10:40
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Merci pour cet incroyable article. Ce pays s'est fait dévaster par le néolibéralisme et l'avidité de la city, pays dans lequel la misère a explosé, tandis que le monde médiatico-politico-affairiste s'indignait que les anglais aient voté pour le brexi...

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