Brexit : "Pour éviter la crise, les banques centrales doivent endiguer la panique"

Le Royaume-Uni a finalement choisi de mettre fin à quarante-trois années d’appartenance à l’Union européenne (UE). Le camp du Brexit gagne la bataille du non avec 51,9% des voix, selon les résultats définitifs. Trois questions à Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank, sur les conséquences de cette situation inédite.
Sarah Belhadi
Après l'annonce du résultat du référendum, les marchés sont dans le rouge.

La Tribune : comment les marchés ont-il réagi ?

Christopher Dembik : Les principaux indices européens dégringolent, avec, quelques minutes après leur ouverture, une chute de  -7,10% pour le CAC 40, et de 7,47% pour FTSE 100 britannique. On peut donc parler d'un mouvement de panique des investisseurs suite au résultat du scrutin britannique. L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a plongé de 7,92% vendredi à la clôture. Ce matin, la livre sterling a atteint son plus bas depuis 1985, alors même qu'elle ne cesse de chuter depuis le début de l'année. Dans nos dernières prévisions, nous avions indiqué que cette baisse pourrait rappeler l'effondrement de 1992.

C'est le pire scénario. Personne ne s'attendait à ce résultat ! Les derniers sondages dont celui de Goldman Sachs, à minuit, donnait le camp du "Remain" vainqueur. La situation que nous vivons ces dernières heures rappelle le contexte de faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008. Les investisseurs sont hébétés et se débarrassent massivement de leurs actifs estimant que l'Union européenne est déstabilisée. Ils s'orientent naturellement vers les valeurs refuges car ils veulent avoir une visibilité sur le long terme avec l'or, les obligations allemandes ou le yen. Ce qui est problématique car la banque centrale japonaise n'a pas vraiment intérêt  à avoir un yen trop fort, car cela risque de pénaliser les exportations du pays.

Saxo Bank économiste

Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank.

Quel est le scénario à court terme ?

Pour éviter une nouvelle crise financière, les banques centrales doivent endiguer la panique. Une action rapide et concertée des banques centrales devrait survenir. Au minimum, elle réunira la Banque d Angleterre, la Banque Centrale Européenne, la FED et la Banque Nationale Suisse. Dans un premier temps, cette action pourrait consister à racheter des livres sterling sur le marché afin de stopper la chute de la monnaie.

Si la panique perdure, des mesures plus décisives vont certainement être envisagées avec une baisse des taux d'intérêt ou un rachat d'actifs. Dans un tel cas de figure, le gros risque c'est bien évidemment l'impact macroéconomique. Si la Banque d'Angleterre augmente son taux directeur, cela va pénaliser la dynamique de croissance. Plus largement, on peut craindre une baisse des investissements, un ralentissement de l'activité des entreprises, et donc de l'activité économique.

Quelles sont les conséquences sur le long terme ?

Il y a deux éléments que nous allons devoir suivre, et auxquels les investisseurs vont être particulièrement sensibles. Le premier concerne le nouvel accord d'association entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. Il doit être négocié dans un délai de deux ans comme le prévoit le traité de Lisbonne, sauf qu'il devra être ratifié par les 27. Cela pourrait donc être plus long que prévu. Deuxièmement, le Brexit a ouvert la voie à  d'autres départs possibles de l'UE, et une multitude de référendums est d'ores et déjà prévue en Hongrie (sur les quotas de migrants) ou en Ecosse (nouveau référendum d'autodétermination), ce qui pourrait être un nouveau coup dur dans un contexte de déconstruction de l'Union européenne.

Sarah Belhadi
Commentaires 2
à écrit le 24/06/2016 à 17:21
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43 ans a tirer les marrons du feux et a imposer leurs 4 volontés a des états mous du genou! Si l'Europe n’était pas basée sur les magouilles et un régimes a 2 vitesses alors les Anglais ne seraient jamais venus! Ne vous inquiétez pas les spéculateurs...

à écrit le 24/06/2016 à 14:36
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Les Anglais sont seuls responsables de la chienlit avec M Cameron comme chef d'orchestre. N'oublions pas que la baisse de la livre entraîne notre euro aussi. Alors au lieu de se soucier de la livre, la BCE ferait mieux de faire remonter l'euro qui es...

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