Bruxelles prépare une riposte en trois volets contre le plan protectionniste des Etats-Unis (IRA)

Ce mardi, Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur a annoncé qu’il travaillait sur des mesures de subventions européennes en réponse à l’inflation reduction act annoncé par Joe Biden. l’IRA devrait soutenir massivement l’économie américaine au détriment des entreprises européennes exposées au marché européen, ce qui provoque la colère des Vingt-Sept.
Thierry Breton travaille actuellement sur un texte de soutien aux entreprises européennes en réponse à l'Inflation reduction act américain
Thierry Breton travaille actuellement sur un texte de soutien aux entreprises européennes en réponse à l'Inflation reduction act américain (Crédits : YVES HERMAN)

La riposte européenne arrive. Ce mardi, lors d'une rencontre économique à Madrid, le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a assuré « travailler » sur des mesures « comparables » aux subventions américaines massives du plan climat de Joe Biden, afin de protéger l'industrie européenne face au risque de « distorsion » de concurrence. « Nous devons réagir, nous ne pouvons pas rester inactifs (...) Il n'est pas trop tard. Nous devons envoyer un message fort à notre industrie », a-t-il déclaré.

Le commissaire a précisé « travailler dur pour proposer quelque chose qui puisse être comparable » au plan américain. Ces propositions seront présentées « très rapidement », a-t-il insisté. Ce plan prévoit entre autres des réformes et des subventions favorisant les entreprises implantées aux Etats-Unis, notamment dans les secteurs des véhicules électriques ou des énergies renouvelables.

Les Européens vent debout contre l'Inflation reduction act

A l'origine de ces mesures en gestation au sein de la commission européenne, l'inquiétude des Européens depuis plusieurs mois des effets de l'Inflation Reduction Act (IRA), un plan largement consacré au climat de 420 milliards de dollars annoncé cet été par le président américain Joe Biden. L'Union européenne réclame plus de « coordination » et craint une fuite de ses entreprises outre-Atlantique. « Chaque jour, on me rapporte des exemples » d'entreprises ayant renoncé à « investir en Europe », a reconnu mardi Thierry Breton.

L'un des principaux points de crispation porte, selon lui, sur la subvention allant jusqu'à 7.500 dollars accordée pour l'achat d'un véhicule électrique fabriqué aux Etats-Unis, au Canada ou au Mexique. Une subvention qui exclut de fait les constructeurs européens qui pourraient être fortement désavantagés pour vendre leurs véhicules sur le marché américain. « Cela va créer une barrière » commerciale « inacceptable » et contraire aux « règles de l'Organisation mondiale du commerce », a jugé Thierry Breton, en rappelant que des discussions étaient en cours avec Washington sur ce sujet. « C'est dans notre intérêt mutuel de trouver rapidement un terrain d'entente », à l'heure où l'Europe et les Etats-Unis « coopèrent pour faire face à la guerre de la Russie contre l'Ukraine », estimaient aussi les ministres français et allemand de l'Economie, Bruno Le Maire et Robert Habeck, lors de la présentation d'un document conjoint sur l'IRA le 19 décembre. Le sujet des subventions nationales avait d'ailleurs été abordé lors de la visite d'Etat d'Emmanuel Macron début décembre, et la délégation française s'était montrée optimiste quant à une possible extension des aides aux véhicules fabriqués en Europe.

Au final, le 30 décembre, face à la vindicte des pays européens, le ministère américain des Finances a précisé dans une publication avoir retardé l'annonce des conditions finales de l'IRA pour laisser le temps aux entreprises européennes de s'organiser face à la perte de compétitivité qu'elles vont subir outre-Atlantique.  « Les conditions publiées aujourd'hui réaffirment que les entreprises européennes peuvent bénéficier » des subventions prévues dans le cadre de l'IRA a jugé la Commission européenne dans un communiqué publié suite à l'annonce de report américaine. Un communiqué qui « salue ces conditions, fruit d'un engagement constructif » de part et d'autre de l'Atlantique.

Une réponse européenne à l'IRA, en trois volets

Dans le détail, la réponse présentée par la Commission à l'IRA comportera « trois volets », a précisé le Commissaire européen, ce mardi. Un volet réglementaire, destiné à accélérer l'essor de la « green tech » (économie verte) européenne; un volet financier, afin que l'ensemble des Etats membres aient accès aux ressources nécessaires pour soutenir ce secteur; et la création d'un « fonds souverain » capable d'investir dans des projets industriels européens. Les deux premiers volets seront présentés lors du Conseil européen du 9 février et le troisième « pourrait être défini plutôt au cours du second semestre », selon Thierry Breton.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait estimé début décembre que l'UE devait prendre des mesures de « rééquilibrage » pour aplanir les « distorsions » de concurrence causées par le plan américain. Les Européens sont cependant divisés sur la réponse à apporter à l'IRA, Paris plaidant par exemple pour un financement commun européen tandis que Berlin prône davantage de dialogue avec Washington.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 10/01/2023 à 19:40
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Les blocages viennent encore une fois de l'Allemagne.

à écrit le 10/01/2023 à 17:34
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Nous savons que les actes contrediront les dires et les excuses sont en voie de constructions !

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