Des entreprises européennes réclament des objectifs nationaux pour les renouvelables

Alors que Bruxelles s’apprête à publier son nouveau plan pour l’énergie, une dizaine d’entreprises européennes réclament des objectifs contraignants pays par pays en matière d’énergies renouvelables. Un article de notre partenaire Euractiv.
Ikea fait partie des entreprises appelant l'UE à plus d'ambition.

Jamais contents ! Alors que la Commission publie mercredi 30 novembre un ensemble de 800 pages de nouvelle réglementation sur l'énergie, une dizaine de grandes entreprises européennes dénoncent le manque d'ambition de l'Europe en matière climatique.

Dans un rapport compilé par le groupe « entrepreneurs » réuni autour du Prince de Galles, (The Prince of Wale's Corporate Leaders Group), des business aussi variés que l'ameublement, les télécoms, la chimie ou le bricolage appellent à mieux coordonner l'effort en faveur des renouvelables en Europe.

Frustration face au manque de contrainte pour 2030

Les dirigeants interrogés regrettent que l'objectif de 27% de renouvelables, fixé pour 2030 à l'échelle européenne, ne soit pas précisément réparti entre les États membres, comme ce fut le cas pour les objectifs 2020. « Un objectif européen est sans effet. Les différences régionales entre pays sont un cauchemar », estime Alejandro Castro Perez, responsable du solaire chez Ikea, qui développe une offre spécifique pour les particuliers, et plaide sérieusement pour des objectifs nationaux de renouvelables.

Selon les fuites consultées par EurActiv, la Commission européenne va développer un discours mettant le consommateur au centre du jeu, en lui permettant d'être aussi producteur d'énergie. Mais le manque d'ambition de l'objectif et de la contrainte en général invalide en partie ce projet, selon le rapport. Pour les pays les plus avancés dans le développement des renouvelables, l'absence de répartition de l'effort risque de s'avérer démotivante.

« Le manque d'application de la contrainte en UE est une vraie frustration : les objectifs de renouvelables ne sont pas entièrement utilisés par l'UE pour pousser les Etats membres à coopérer », regrette le responsable développement durable de Kingfischer.

« Nous avons voulu faire un tour d'horizon de l'expérience des entreprises européennes. Le message fort qui en ressort, c'est qu'il faut être plus ambitieux ; ne pas l'être n'est pas un atout », pour les perspectives entrepreneuriales résume Jill Duggan, présidente du groupe « entrepreneurs » de la fondation du Prince de Galles.

Des investissements en berne

Pour le président de Windeurope, Giles Dickson, le lobby des éoliennes, l'enjeu de l'investissement est crucial. Seuls 7 pays membres sur 28 se sont fixés des objectifs de renouvelables après 2020. « Les nouvelles installations éoliennes étaient en recul de 9 % au premier semestre 2016 », regrette le responsable. Quant à Marco Mensink, directeur général de Cefic, il juge que l'industrie a besoin de plus de visibilité, sur longue période, et non pas sur des périodes allant de 5 à 20 ans.

Les spécialistes s'inquiètent enfin du manque de cohérence des politiques énergétiques. Koen Noyens, chez Eurelectric, estime que l'expansion massive des énergies renouvelables dans un système peu efficace a entraîné des distorsions dans les investissements, qui auraient pu être évités si les systèmes d'aides aux renouvelables étaient mieux coordonnés.

Les charmes multiples des renouvelables

Les dirigeants interrogés sont pour la plupart de fervents défenseurs des renouvelables, pour des raisons diverses. Chez British Telecom, Rob Williams, le responsable des achats souligne l'importance d'être perçu comme « vert » ou socialement responsable. « Il a des fonds qui se retirent d'investissements comme le charbon », rappelle le Britannique, qui estime qu'être perçu comme écolo a une vraie valeur de marché.

Chez le brasseur Kingfischer, le passage aux renouvelables a aussi permis se protéger de facto de la volatilité des prix du marché de l'électricité, mais aussi de donner de la visibilité de long terme, ce qui est toujours séduisant pour les directeurs financiers.

« Il y a encore cette perception, parfois, en Europe, qu'une forte ambition sur le climat risque de peser sur la croissance. Mais les entreprises reflètent une réalité inverse : c'est le fait de reposer sur des énergies fossiles qui est le moins ambitieux », conclut Jill Duggan.

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Par Aline Robert, EurActiv.fr

(Article publié le mercredi 30 novembre 2016)

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Euractiv

Commentaire 1
à écrit le 01/12/2016 à 9:51
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Oui mais c'est sans compter l'influence magistralement néfaste du lobby fossile sur l'économie mondiale, c'est que ça fait un sacré moment qu'il est confortablement installé au sein du pouvoir dans le monde entier.

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