Gaz et énergies renouvelables loin devant le charbon... d'ici 25 ans

Au centre de nombre des engagements pris pour la mise en oeuvre de l'Accord de Paris, la production d'électricité solaire et éolienne est notamment destinée à croître, souligne le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie. La demande en charbon de nombreux pays, en revanche, doit significativement baisser.
Giulietta Gamberini
En 2040 par ailleurs, "la majorité de la production" issue de ces nouvelles sources sera "compétitive sans besoin de subventions", précise l'agence.

Les dernières sources d'énergie sont destinées à devenir les premières dans le mix énergétique mondial. Fatih Birol, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'affirme clairement dans le communiqué publié mercredi 16 novembre à l'occasion de la parution de son rapport annuel phare, le World Energy Outlook (WEO):

"Nous distinguons des gagnants indiscutables pendant les 25 prochaines années : le gaz naturel, mais surtout l'éolien et le solaire, qui remplaceront le champion des 25 années précédentes, le charbon."

"Le secteur électrique est le centre de nombre des engagements pris pour la mise en oeuvre de l'Accord de Paris", observe en effet le rapport de l'AIE, qui, pour élaborer ses prévisions, a analysé les "contributions déterminées au niveau national" (Nationally determined contributions, NDC) présentées par les divers pays en amont de la COP21. Or, "environ 60% de toute la nouvelle capacité de production d'énergie électrique en 2040 dans notre scénario principal provient des renouvelables", dont la moitié de l'éolien et du photovoltaïque, souligne-t-il.

La demande de charbon chinoise destinée à baisser de 15%

En 2040 par ailleurs, "la majorité de la production" issue de ces nouvelles sources sera "compétitive sans besoin de subventions", précise l'agence. Et selon le même scénario, "dans les quatre principaux marchés de l'énergie (la Chine, les Etats-Unis, l'Union européenne et l'Inde), les diverses renouvelables deviennent la plus large source de production, vers 2030 en Europe et vers 2035 dans les trois autres pays", prévoit le rapport.

Dans un contexte de demande énergétique croissante, néanmoins, "le gaz naturel continue à élargir son rôle", notamment en Chine et au Moyen-Orient, grâce à un marché mondial plus flexible et à l'essor du gaz liquéfié. En revanche, et même si "l'époque des énergies fossiles est loin d'être terminée", "les parts de marché du charbon et du pétrole baissent", relève l'AIE. Si la demande de pétrole devrait continuer de croître jusqu'en 2040, notamment à cause de l'absence d'alternatives simples dans les secteurs du transport routier, de l'aviation et de l'industrie pétrochimique, le poids des voitures électriques et des biocarburants en effet augmente. La demande de charbon est quant à elle destinée à diminuer de 60% en Europe, 40% aux Etats-Unis et 15% en Chine.

En 2100, la température pourrait avoir augmenté de... 2,7°C

Cependant, pour lutter contre le réchauffement climatique, il va falloir aller encore au-delà de ces projections, tant en termes de décarbonisation que de performance énergétique, souligne l'AIE.

"Mettre en oeuvre les promesses internationales actuelles ne ferait en effet que ralentir l'augmentation prévue des émissions de carbone liée à l'énergie, d'une moyenne de 650 millions de tonnes par an depuis 2000 à environ 150 millions de tonnes par an en 2040": ce qui permettrait seulement de contenir la hausse des températures en dessous de 2,7 degrés en 2100.

Or, pour atteindre l'objectif de 2°C fixé par l'Accord de Paris -insuffisant d'ailleurs selon nombre d'experts-, "les émissions de carbone devraient atteindre leur pic dans les prochaines années et l'économie mondiale devenir neutre en carbone avant la fin du siècle".

Des politiques favorisant les technologies peu carbonées et la performance énergétique s'imposent donc dans tous les secteurs, souligne l'AIE. "Par exemple, dans le scénario à 2°C du WEO-2016, le nombre de voitures électriques devrait dépasser les 700 millions avant 2040, en remplaçant plus de 6 millions de barils par jour de demande de pétrole". Les progrès des renouvelables "restent en effet largement limités à la production d'électricité", déplore Fatih Birol, qui observe:

"La prochaine frontière dans l'histoire des renouvelables est l'élargissement de leur utilisation aux secteurs de l'industrie, de la construction et des transports, où existe un énorme potentiel de croissance."

Giulietta Gamberini

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Commentaire 1
à écrit le 17/11/2016 à 9:46
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"En 2100, la température pourrait avoir augmenté de... 2,7°C" Ne rêvons pas, avec nos décideurs économiques hypocrites actuels et leurs serviteurs politiciens ce sera forcément bien plus.

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