Espagne : la crise politique est terminée, Mariano Rajoy est réélu

Mariano Rajoy a obtenu à la majorité relative et grâce à l'abstention des Socialistes l'investiture pour former un gouvernement ce samedi soir. La fin d'une crise de 315 jours qui aura donné lieu à trois tentatives d'investiture et à un nouveau scrutin.
Mariano Rajoy va rester président du gouvernement espagnol

Samedi 29 octobre, la plus longue crise gouvernementale espagnole a pris fin. Au deuxième tour de scrutin, où la seule majorité relative suffit, le Conservateur Mariano Rajoy, a été nommé par le Congrès des députés, chambre basse des Cortes (parlement), président du gouvernement. Il a obtenu 170 voix contre 111 et 68 abstentions. Ceci mettra fin à 315 jours de période intérimaire depuis les élections du 20 décembre 2015, date à laquelle Mariano Rajoy, élu après les élections de 2011, avait perdu sa majorité parlementaire.

Deux élections et un bipartisme moribond

Ces élections du 20 décembre 2015 avaient signé l'arrêt de mort officiel du bipartisme espagnol, système en place depuis le début des années 1980. L'effondrement des deux grands partis, PP conservateur et PSOE socialiste, s'était accompagné de l'émergence de deux nouvelles forces : Podemos à gauche et Ciudadanos à droite, ainsi que du renforcement des forces nationalistes basques et catalanes. Dans ces conditions, et malgré un second scrutin le 26 juin 2016 où le PP se renforçait nettement mais insuffisamment, la constitution d'alliances s'est avérée très difficile.

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L'échec de Pedro Sánchez en mars 2016

Durant ces dix mois de crise, il y aura eu en effet deux débats d'investiture qui n'auront pas permis de dégager de majorités, ni relatives, ni absolues. En février 2016, le chef de file des Socialistes, Pedro Sánchez avait passé un pacte avec Ciudadanos pour constituer une alternative à Mariano Rajoy. Mais début mars, sa tentative échouait sur le refus de Podemos de le soutenir. Le parti issu du mouvement des Indignados rejetait le contenu économique du pacte PSOE-Ciudadanos et le refus de ces deux partis de tout référendum d'autodétermination en Catalogne ont motivé ce refus.

Le premier échec de Mariano Rajoy

Après les élections du 26 juin qui ont renforcé le PP, Mariano Rajoy passe à son tour un accord avec Ciudadanos et l'unique député des régionalistes canariens de la Coalition des Canaries (CC). Mais il lui manque encore 6 voix pour obtenir la majorité absolue. De son côté, Pedro Sánchez refuse toujours tout soutien indirect ou direct à Mariano Rajoy. Sa devise est alors « non, c'est non ». Le PSOE décide donc de voter contre l'investiture du chef de gouvernement sortant qui échoue en août. De troisièmes élections générales semblent alors possibles tant la situation est bloquée, puisque le problème catalan empêche tout accord entre le PSOE, Podemos et les nationalistes régionaux.

Le PSOE choisit finalement l'abstention

Le déblocage intervient le 1er octobre. Mis en minorité sur la question mineure de la convocation d'un congrès, Pedro Sánchez démissionne de son poste de secrétaire général du PSOE. La droite du parti prend alors le pouvoir et, sous l'impulsion de la présidente andalouse Susana Díaz, de l'ancien président du gouvernement Felipe González et des milieux intellectuels menés par le quotidien El País, impose une abstention au second tour qui ouvre de nouveaux la voie à la confirmation de Mariano Rajoy à al Moncloa, le Matignon espagnol.

Divergence au PSOE

Cette décision est loin de faire l'unanimité. Ce samedi soir, 18 députés socialistes sur 86 ont à nouveau contre Mariano Rajoy. Cela a notamment été le cas de ceux du Parti socialiste de Cataogne (PSC) qui voit dans ce ralliement indirect un rejet de l'option fédéraliste du parti, mais aussi des plus proches de Pedro Sánchez. Ce dernier a d'ailleurs annoncé samedi matin qu'il démissionnait de son poste de député pour ne pas rompre la discipline de parti et ne pas participer au maintien de Mariano Rajoy. Un cinquième des députés du PSOE ont cependant décidé de ne pas suivre la consigne du parti, une première dans une formation d'ordinaire très disciplinée. Mais pas assez pour empêcher la nomination de Mariano Rajoy.

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Fragile soutien

Ce dernier devrait ainsi obtenir sa nomination officielle par le Roi Philippe VI dès dimanche 30 octobre au palais de la Zarzuela. Le gouvernement sera annoncé jeudi. Le plus difficile commencera alors pour lui, car sa coalition sera fragile. Ciudadanos a promis d'être très vigilant sur les pratiques et le programme du gouvernement Rajoy, tandis que le PSOE, lui, assure ne pas donner de « chèque en blanc » au président du gouvernement et promet d'ores et déjà de se battre sur le budget. Gouvernement minoritaire, l'exécutif de Mariano Rajoy sera forcément fragile, même s'il bénéficie d'un atout majeur : de nouvelles élections semble favoriser avant tout le PP et n'est donc dans l'intérêt de personne. Pour le moment, du moins.

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Commentaires 16
à écrit le 01/11/2016 à 7:05
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...executif forcement fragile ...dites nous ; pas si sur : Rajoy a entre les mains un excellente arme , la dissolution ? non ? d'autre part , le PSOE est " dessoudé " , c'est le moins que l'on puisse dire ; leur fossoyeur ( Sanchez ) à réussi à le de...

à écrit le 31/10/2016 à 16:49
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@Jacques : "Diviser pour régner voilà ce qui va permettre à Rajoy de gouverner. Il compte sur la division de l'opposition pour pouvoir réussir à faire passer ses projets de loi." Désolé, ce genre de gouvernement ne tient plus la route depuis un cert...

à écrit le 31/10/2016 à 9:13
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La crise politique est terminée, l'europe peut de nouveau régner, tout va bien.

à écrit le 30/10/2016 à 14:46
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Désolé monsieur Godin. Il n'est pas sûr qu'en cas d'élections le PP l'emporte. De plus que pourra faire Rajoy ? Rien ! C'est à dire pas plus que les mois précédents sans gouvernement. A la moindre incartade (projet de loi libéral) cette pseudo coalit...

le 31/10/2016 à 5:26
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Si l'on croit les sondages récents, en cas de nouvelles élections, il y a de fortes chances que le PP puisse avoir la majorité avec Ciudadanos. En cas de nouvelles élections, l'abstention sera probablement plus forte et cela profitera au PP qui a un ...

à écrit le 30/10/2016 à 8:31
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Le PSOE, comme le PS français sont devenus des partis de centre-droit tels que les démocrates américains, les socio-démocrates depuis l'époque de Schroeder et les travaillistes anglais au moins depuis l'époque de Tony Blair. Actuellement, la democr...

à écrit le 29/10/2016 à 16:11
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"de nouvelles élections semblent favoriser avant tout le PP et ne sont donc dans l'intérêt de personne." Ben si, du PP qui pourrait ainsi se rapprocher voire atteindre la majorité absolue. De toutes façons cette crise gouvernementale est un peu artif...

le 29/10/2016 à 16:57
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Joli cantique à la gloire du PP. On voit que le franquisme n'est pas mort, ainsi que la culture de la force brute. L'Espagne n'a pas la culture des coalitions ? c'est le moins qu'on puisse dire, ils ne savent même pas ce que c'est que la négociation...

le 29/10/2016 à 17:25
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Les catalans ne vont pas se calmer au contraire face à Rajoy.lespagne est maintenant divisée en quatre tendances plus les independantistes catalans et basques et peut être Valenciennes bientôt...Rajoy avait intérêt à des troisièmes élections pour qui...

le 30/10/2016 à 14:51
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"Hors bipartisme strict, l'Espagne, qui na pas la culture des coalitions à l'allemande " Ah Ah Ah ! Il est vrai que l'Allemagne a une longue très longue culture de coalitions........... Perso je pense que l'Espagne devrait revenir à sa culture de fie...

le 30/10/2016 à 19:09
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@Parabellum : Juppé n'est pas idiot : il sait très bien que s'il emporte la primaire, il aura besoin du ralliement de la frange droitière des Républicains pour gagner la présidentielle puis les législatives. On peut donc parier qu'il droitisera son p...

le 31/10/2016 à 5:54
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"Joli cantique à la gloire du PP. On voit que le franquisme n'est pas mort, ainsi que la culture de la force brute" Heu, je vois pas où vous voyez un cantique à la gloire du PP dans le commentaire de bruno_bd. Il s'agit d'une critique du scrutin prop...

le 31/10/2016 à 5:57
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A Timbaler del Bruc. J'avoue ne pas comprendre le rapport avec le franquisme. Le régime franquiste n'avait pas d'élections. Donc pas de scrutin majoritaire. Vouloir la stabilité politique ne signifie pas être franquiste

le 31/10/2016 à 9:14
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@jacques : comme tous les militants indépendantistes catalans à cours d'arguments objectifs pour justifier leur cause (l'indépendantisme catalan n'a pas d'autre moteur réel que le même égoïsme qui pousse lombards et flamands à revendiquer l'indépenda...

le 31/10/2016 à 9:24
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@jacques :quant à la proportionnelle, je ne trouve pas très démocratique non plus un système où ce sont les partis, via la constitution des listes, et non les électeurs qui choisissent les élus. Une proportionnelle plus démocratique (mais elle serai...

le 31/10/2016 à 16:14
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Les idées franquistes sont sous-jacentes dans ces propos qui prônent la stabilité, célèbrent le retour au pouvoir de Rajoy et dans la suite des commentaires où on accepte que les Catalans râlent à condition qu'ils restent calmes et à leur place. Je...

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