Le montant des avoirs russes gelés dans l'Union européennes continue de gonfler. Quelque 17,5 milliards d'euros d'avoirs d'oligarques et entités russes ont été gelés dans l'Union européenne, à travers sept Etats membres, suite aux sanctions contre la Russie en réponse à la guerre en Ukraine, a annoncé samedi le commissaire européen à la Justice Didier Reynders. Ce montant était de 14,5 milliards d'euros en septembre et de 13,8 milliards en juillet.
Au total, et depuis l'invasion de la Crimée en 2014, 1.236 individus, dont le président russe Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, mais aussi les membres de la Douma et des oligarques comme Roman Abramovitch, Mikhaïl Fridman ou Petr Aven, et 115 entités sont soumis à des gels d'avoirs et des interdictions d'entrer dans l'UE.
Sept Etats membres actifs
«Jusqu'ici, les avoirs de 90 personnes ont été gelés, soit plus de 17 milliards d'euros dans sept Etats membres, dont 2,2 milliards en Allemagne», a déclaré le commissaire européen dans un entretien aux médias du groupe allemand Funke, dont le quotidien Westdeutsche Allgemeine Zeitung.
Ces sommes, qui totalisent 17,5 milliards d'euros, ont été pour l'essentiel gelés par l'Autriche, la Belgique, l'Allemagne, la France, le Luxembourg, l'Irlande et l'Italie, a précisé à l'AFP une porte-parole de la Commission européenne, sans autres détails.
En août dernier, Guillaume Valette-Valla le patron de Tracfin, le très discret service de renseignement à Bercy, avait indiqué que le montant des avoirs russes gelés en France s'élevait à 1,2 milliard d'euros.
Inaction de la Hongrie épinglée
En septembre, Didier Reynders avait épinglé l'inaction de la Hongrie. «On doit faire une pression très forte» sur la Hongrie, car «on peut supposer que (s)es liens très proches avec la Russie, l'empêchent peut-être d'agir», avait-il déclaré dans une interview à la chaîne de télévision LCI. La Hongrie a gelé «un peu plus de 3.000 euros» d'avoirs russes, avait-il précisé.
Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban a tissé ces dernières années des liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine et cette collaboration a été maintenue malgré l'invasion russe de l'Ukraine. Budapest a ainsi annoncé fin août un accord avec le géant russe Gazprom pour recevoir des livraisons supplémentaires, au moment où les autres pays Européens sont confrontés à une forte réduction des quantités fournies.
Un fonds de compensation pour la reconstruction de l'Ukraine
Dans l'entretien publié ce samedi 29 octobre, le commissaire européen a estimé que les avoirs gelés, «s'il s'agit d'argent criminel confisqué par l'UE», pourraient « être transférés à un fonds de compensation pour l'Ukraine». Des responsables ukrainiens réclament qu'ils soient utilisés pour reconstruire leur pays après la guerre. «Cependant, cette somme est loin d'être suffisante pour financer la reconstruction», a averti Didier Reynders.
Les sanctions occidentales ont également entraîné «le gel de 300 milliards d'euros» de réserves de change de la Banque centrale russe dans le monde, une somme qui pourrait être utilisée comme «caution», a estimé le commissaire. «L'Ukraine veut aussi utiliser cet argent pour la reconstruction. De mon point de vue, il est au moins possible de garder ces 300 milliards d'euros comme garantie jusqu'à ce que la Russie participe volontairement à la reconstruction de l'Ukraine», a souligné Didier Reynders.
(Avec AFP)