C'est un décompte encore partiel, mais déjà élevé. D'après la Commission européenne, les pays de l'UE ont gelé 29,5 milliards d'euros d'avoirs russes et biélorusses dans le cadre des sanctions adoptées contre la guerre menée en Ukraine. Dont 6,7 milliards d'euros d'actifs incluant des bateaux, des hélicoptères, des biens immobiliers ou encore des œuvres d'art.
Cette évaluation « est toujours en cours », a précisé la Commission dans un communiqué publié vendredi 8 avril. Bruxelles a demandé aux États membres de partager leurs informations et, pour l'instant, « plus de la moitié d'entre eux » ont communiqué le bilan de leurs mesures.
Le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, a invité « instamment tous les États membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour appliquer les sanctions et ceux qui ne l'ont pas encore fait à faire rapport à la Commission sans délai ». Et d'ajouter : « Adopter des sanctions ne suffit pas. Il est également important de les mettre en pratique et de suivre nos progrès ».
Cinquième salve de sanctions prise par l'UE
L'UE a approuvé jeudi 7 avril un cinquième paquet de sanctions contre Moscou à la suite d'allégations de massacres de civils commis par les troupes russes dans la région de Kiev. L'une des plus emblématiques : l'embargo sur le charbon russe dès le mois d'août, alors que cette ressource représente 45% de ses importations totales de charbon. En matière d'énergie, les 27 avaient déjà prévu de réduire de deux tiers leurs importations de gaz russe d'ici la fin de l'année, et ils interdisent désormais aux Européens de faire de nouveaux investissements dans ce secteur essentiel pour la Russie.
L'Union européenne a également annoncé fermer ses ports aux navires russes. Les transporteurs routiers russes et biélorusses ont en outre été frappés d'une interdiction d'opérer dans l'UE. À noter du côté de l'industrie aéronautique : l'interdiction d'exportations d'avions, de pièces de rechange ou d'équipements, l'arrêt de la maintenance des appareils immatriculés en Russie par Airbus et Boeing et l'accès interdit aux services d'assurance et réassurance à Londres.
Le cinquième paquet de sanctions européen prévoit aussi l'interdiction d'exportations vers la Russie, notamment de biens de haute technologie, à hauteur de 10 milliards d'euros. La liste des produits russes interdits d'importation dans l'UE a également été élargie à certaines « matières premières et matériaux critiques » pour une valeur estimée de 5,5 milliards d'euros par an.
Enfin, l'UE a étendu sa liste noire à 18 entités et plus de 200 personnalités supplémentaires, désormais sanctionnées par une interdiction d'entrée dans l'UE et un gel de leurs avoirs. Vladimir Poutine lui-même était déjà visé par des sanctions, comme son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko ou Igor Setchine, le patron du pétrolier Rosneft.
Les États-Unis excluent la Russie et la Biélorussie de leur système de libre-échange commercial
La Russie, de même que la Biélorussie, sont désormais exclus du principe de réciprocité de libre-échange avec les États-Unis. Ils rejoignent ainsi le cercle très fermé des pays au statut commercial révoqué, comme Cuba et la Corée du Nord. Une mesure attendue puisqu'annoncée par le président américain le mois dernier, officiellement actée par un vote au Congrès, et qui ouvre la voie à des tarifs douaniers punitifs.
En parallèle, Washington continue de sanctionner les entreprises et personnalités russes, notamment les deux filles du président russe, ce qui pourrait faire perdre 15 ans de progrès économiques à la Russie, selon Joe Biden. Deux nouvelles entreprises contrôlées par l'État russe ont ainsi été visées ce jeudi 7 avril. L'exécutif américain va par ailleurs imposer les contraintes les plus sévères qui soient à l'incontournable banque publique Sberbank et à la plus grande banque privée du pays, Alfa Bank. À noter également que tous les nouveaux investissements en Russie sont désormais interdits.
Le Japon prend aussi des sanctions contre la Russie
Le Japon a annoncé ce vendredi 8 avril qu'il allait renoncer à se procurer du charbon russe afin de réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. En 2021, 11% des importations japonaises de charbon provenaient de Russie, selon des données du ministère nippon des Finances. L'archipel nippon, qui importe massivement ses énergies fossiles, était en 2019 le troisième plus gros pays importateur de charbon au monde derrière la Chine et l'Inde, selon l'Agence internationale de l'Energie.
« Les troupes russes ont tué des civils et attaqué des installations nucléaires, ce qui constitue une grave violation du droit humanitaire international. Ce sont des crimes de guerre impardonnables », a déclaré le Premier ministre nippon Fumio Kishida lors d'une intervention retransmise à la télévision.
Le Premier ministre japonais a aussi déclaré que son pays, à l'instar des autres nations industrialisées du G7, allait s'efforcer de réduire sa dépendance à l'égard d'autres hydrocarbures russes, notamment le pétrole et le gaz, mais il n'a pas donné de calendrier.
Fumio Kishida a aussi annoncé d'autres sanctions, dont des gels d'avoirs et des interdictions d'importation de machines industrielles russes et de vodka, et assuré que Tokyo soutiendrait l'effort international pour que les actes de la Russie fassent l'objet d'une enquête de la Cour pénale internationale.
Le ministère japonais des Affaires étrangères avait annoncé un peu plus tôt vendredi l'expulsion de huit diplomates et fonctionnaires de la représentation commerciale russe au Japon, précisant que cela ne concernait pas l'ambassadeur de Russie à Tokyo, Mikhail Galuzin.
(Avec AFP)