Italie : à la tête d’une coalition fragilisée, Mario Draghi a présenté sa démission, refusée par le président

Alors que le parti M5S de Giuseppe Conte a refusé de voter un texte de loi sur de nouvelles mesures de protection des ménages contre l'inflation à hauteur de 23 milliards d'euros, le Premier ministre italien Mario Draghi a remis sa démission au président de la République Sergio Mattarella. Dans un contexte politique et économique très incertain, ce dernier l'a refusé. Un vote de confiance devrait avoir lieu au Parlement dans les prochains jours.
Mario Draghi au G7 en Bavière fin juin 2021.
Mario Draghi au G7 en Bavière fin juin 2021. (Crédits : LEONHARD FOEGER)

L'annonce a surpris tant Mario Draghi semblait installé dans le paysage politique italien et européen depuis son retour aux affaires début 2021. Le premier ministre italien et ancien président de la Banque centrale européenne  (2011 à 2019), a remis la démission de son gouvernement jeudi soir au président de la République, Sergio Mattarella. Ce dernier l'a refusée « invité à se présenter devant le Parlement (...) afin qu'ait lieu une évaluation de la situation », a annoncé la présidence dans la soirée.

« La majorité d'unité nationale qui a soutenu ce gouvernement depuis sa création n'existe plus. Le pacte de confiance fondant l'action de ce gouvernement a disparu », a publiquement regretté Mario Draghi qui déplore la défection du parti M5S de la grande coalition qui l'avait porté au pouvoir, rassemblant les principales forces politiques du pays à l'exception du parti Fratelli d'Italia.

Au Parlement, le parti M5S de Giuseppe Conte - le prédécesseur de Mario Draghi à la tête du gouvernement - a refusé de voter un décret-loi de nouvelles mesures de protection des ménages contre l'inflation à hauteur de 23 milliards d'euros. Giuseppe Conte demandait au gouvernement de faire davantage pour s'attaquer aux problèmes sociaux de la troisième économie de la zone euro et aider les familles à faire face à la flambée des prix, provoquée en partie par la guerre en Ukraine.

Lire aussiHausse des taux de la BCE : l'Italie, le cauchemar de la zone euro

Coalition fragilisée mais suffisante pour gouverner

Sans l'appui des M5S, avec qui les frictions ont été multiples ces derniers mois, Mario Draghi a lui estimé que son gouvernement devenait « politique » et qu'il n'avait pas été mandaté pour diriger un gouvernement de cette nature. Pour faire adopté son texte, il n'avait pas besoin des voix des M5S, ni à la Chambre des députés, ni au Sénat. Et le texte boycotté par les M5S a bien été voté. Mais Mario Draghi avait prévenu qu'il ne gouvernerait pas sans le M5S, devenu la première force politique du Parlement.

« Depuis mon discours d'investiture au parlement j'ai toujours dit que ce gouvernement aurait continué seulement s'il avait une perspective claire de réaliser le programme de gouvernement sur lequel les forces politiques avaient voté la confiance (...) Ces conditions n'existent plus aujourd'hui », a-t-il affirmé.

Ancien président de la Banque centrale européenne de 2011 à 2019, période qui l'avait vu géré la crise des dettes souveraines, Mario Draghi est une figure respectée en Italie et en Europe aussi bien dans les milieux politiques qu'économiques. Un voté de confiance doit avoir lieu mercredi au Parlement pour relégitimer le gouvernement. Le refus de Sergio Mattarella de laisser Mario Draghi quitter le pouvoir tient à la crainte que le pays ne replonge dans une période d'instabilité alors que les crises énergétiques et inflationnistes se conjuguent et que le spectre d'une récession resurgit.

Quel est le bilan de Draghi ?

A 74 ans, l'ancien banquier central à Francfort, qui n'a jamais sollicité de mandat électif et ne veut pas être entraîné dans les jeux traditionnels de la politique italienne, a en effet été investi sur son nom, pour éviter à l'Italie de vivre « un cauchemar grec » après la pandémie qui a fait plonger le PIB de la troisième économie de la zone euro et privé des millions de travailleurs de revenus.

Pour maintenir l'Italie à flot, il est parvenu à négocier auprès de ses partenaires européens un peu moins de 200 milliards d'euros entre 2021 et 2026. Aucun autre pays n'a reçu autant. Bruxelles a déjà décaissé 45,9 milliards, à mesure que les réformes exigées en contrepartie ont été engagées, par exemple celle de la justice, une des plus lentes et inefficaces d'Europe.

« Mais beaucoup des réformes les plus délicates et politiquement controversées sont en attente », constate Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien. « Il aurait dû trouver le plus petit dénominateur commun pour faire au moins les réformes prévues par le plan de relance et considérées comme assez neutres. Mais mettre ensemble des forces (politiques, ndlr) aussi diverses est une mission presque impossible ».

(Avec AFP et Reuters)

Commentaires 2
à écrit le 15/07/2022 à 18:58
Signaler
C'est compréhensible! Autant d'argent pour que "le ruisselement" soit inversé, sans que cela soit une solution pérenne pour les moins nantis, n'est pas une solution mais une escroquerie!!

à écrit le 15/07/2022 à 18:57
Signaler
C'est compréhensible! Autant d'argent pour que "le ruisselement" soit inverser, sans que cela soit une solution pérenne pour les moins nantis, n'est pas une solution mais une escroquerie!!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.