Italie : et maintenant ?

Le "non" à la réforme constitutionnelle de Matteo Renzi et la démission de ce dernier ouvrent une nouvelle crise politique en Italie. Avec quelles sorties possibles ?
Qui pour gouverner l'Italie à présent ?

Le résultat du référendum est sans appel : 59,11 % des 65,41 % des Italiens qui ont voté ont rejeté la réforme constitutionnelle italienne proposée par Matteo Renzi. Ce dernier a immédiatement démissionné de la présidence du conseil, mettant fin au quatrième plus long gouvernement de l'après-guerre en Italie. Ce « non » place désormais la Péninsule dans une situation de nouvelle crise politique. Désormais, la main passe au président de la République Sergio Matarella qui doit décider entre plusieurs options. Que peut-il désormais se passer ? Revue des scénarios possibles.

  • Un gouvernement Renzi II

Avant l'élection, la possibilité d'une confirmation, malgré tout, de Matteo Renzi au Palais Chigi existait. L'ampleur de sa défaite rend désormais cette option pratiquement impossible. Le rejet de Matteo Renzi a été clair et le « oui » ne l'emporte que dans trois des vingt régions italiennes, dont deux bastions historiques du PD, la Toscane et L'Emilie-Romagne (et dans cette dernière d'un cheveu). Le coup est donc rude pour le chef du gouvernement. Cette option a d'ailleurs été exclue par l'ancien maire de Florence lui-même. La politique italienne est cependant pleine de surprise et Matteo Renzi pourrait, si aucune autre possibilité ne se présente, reprendre la tête d'un gouvernement destiné à préparer les élections de 2018, ainsi qu'une nouvelle loi électorale pour le Sénat, voire pour la Chambre, si la Cour constitutionnelle sanctionne l'italicum, la loi électorale entrée en vigueur pour les députés le 1er juillet. L'idée serait de « réparer » les conséquences d'un vote fortement personnalisé et donc d'assumer ses responsabilités jusqu'au bout. Il faudra cependant s'assurer que ce gouvernement Renzi II dispose encore d'une majorité. L'opposition interne au parti démocrate aura du mal à soutenir à nouveau Matteo Renzi qui devra alors s'appuyer sur une majorité élargie au parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia. Rien ne serait alors moins simple.

  • Des élections rapides

Le président de la République pourrait décider de dissoudre les chambres et d'appeler à de nouvelles élections rapides. C'est ce que demandent les partis d'opposition, Ligue du Nord et Mouvement 5 Etoiles (M5S). Le problème qui se pose immédiatement est celle des lois électorales. L'italicum pour la chambre est en sursis, on l'a vu, et la loi électorale qui s'appliquerait au Sénat est une proportionnelle simple. Les sondages donnent pour le moment le Parti démocrate (PD) en tête de peu devant le M5S, mais avec un peu plus de 30 % des voix, donc sans majorité. Le risque serait une victoire du M5S avec le risque d'une alliance eurosceptique, d'une invalidation du scrutin et une ingouvernabilité du pays. Le M5S lui-même demande une nouvelle loi électorale « en cinq jours », ce qui semble très problématique. En réalité, cette option ne semble pas immédiatement d'actualité. Le Quirinal, siège de la présidence de la République, pourrait donc ne pas prendre le risque de nouvelles élections, d'autant que les partis de la majorité parlementaire actuelle, pas davantage que ceux du centre-droit, n'y sont favorables. Sergio Matarella pourrait préférer une option qui donne une chance aux partis de gouvernement de remporter le scrutin de 2018.

  • Un gouvernement technique

L'Italie a l'habitude des crises politiques. Lorsque le blocage persiste, on a recours à des personnages « neutres », souvent des économistes, pour former un gouvernement « technique » avec des buts précis et une majorité de principe sur ces buts au parlement. Ce fut le cas en 1993 de Carlo Azeglio Ciampi et en 1995 de Lorenzo Dini. Une telle option permettrait de régler les problèmes les plus urgents : budget, crise bancaire et loi électorale, voire nouvelle réforme constitutionnelle. Elle réglerait aussi le problème de la majorité parlementaire puisque Forza Italia aurait moins de difficulté à soutenir un président du Conseil « neutre » qu'un chef de gouvernement issu du parti démocrate (PD). Le problème, c'est que ce type de solution pourrait empêcher un gouvernement « de combat » en vue de l'élection de février 2018. Elle pourrait cependant donner plus d'initiative et de liberté au PD.

C'est une option possible à condition de trouver le « bon » technicien. L'actuel ministre des Finances, Pier Carlo Padoan, est un candidat possible, mais est-il assez « neutre » ? Et le veut-il vraiment ? On pourrait lui préférer une option plus institutionnelle comme Pietro Grasso, l'actuel président du Sénat et procureur anti-mafia reconnu qui sera sans doute plus « consensuel ». Aujourd'hui, c'est entre ces deux figures que devrait se situer le prochain locataire du palais Chigi.

Commentaire 1
à écrit le 05/12/2016 à 13:03
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Comment Matteo Renzi à réussi son coup de génie en 3 points. pour le reste les explications sont celle pour François Hollande.

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