L'activité des marchés de capitaux européens décroche en 2022

Les financements obtenus par des entreprises sur les marchés financiers européens ont fortement reculé au premier semestre 2022. Ils restent sous leur niveau pré-Covid et bien loin de ceux, records, de 2021. De quoi rouvrir le débat sur le projet d'union des marchés de capitaux que le gouverneur de la Banque de France et le président de la Bundesbank ont justement appelé à relancer en début de semaine.
Selon l'AFME, la part du financement issu des marchés de l'Union européenne pour les entreprises a atteint 9,4% au premier semestre 2022, contre 14,1% en 2021 et 11,3% en 2019.
Selon l'AFME, la part du financement issu des marchés de l'Union européenne pour les entreprises a atteint 9,4% au premier semestre 2022, contre 14,1% en 2021 et 11,3% en 2019. (Crédits : Kai Pfaffenbach)

Entre la guerre en Ukraine, une inflation élevée, un resserrement des politiques monétaires des banques centrales et des craintes de récession, le contexte morose du début 2022 a dégradé les conditions de financement sur les marchés des entreprises européennes.

« Les évolutions socio-économiques et géopolitiques ont provoqué un retournement majeur de l'activité des marchés de capitaux en 2022 alors que les niveaux de financement de marché avaient atteint des gains record les deux années précédentes », explique le rapport de l'Association des marchés financiers en Europe (AFME) publié ce jeudi 17 novembre.

Selon cette association qui regroupe les plus grandes institutions financières du continent, la part du financement issu des marchés de l'Union européenne pour les entreprises a atteint 9,4% au premier semestre 2022. Ils étaient de 14,1% en 2021 - où des volumes records avaient été enregistrés - et 11,3% en 2019.

Au total le montant des émissions de dette et d'actions du premier semestre 2022 a chuté de 32% sur les marchés par rapport à l'année passée.

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L'union des marchés des capitaux refait surface

L'association profite de ces chiffres pour défendre un serpent de mer dont on parle depuis 2014. À savoir l'union des marchés de capitaux (UMC). Pour rappel, il s'agit d'un projet de marché unique européen des capitaux destiné à favoriser leur circulation entre les pays membres pour financer plus largement les entreprises et tout particulièrement les startup et les PME.

Ce projet est, selon Adam Farkas, directeur général de l'AFME cité dans le communiqué, « essentiel pour accélérer le financement de l'économie ». Mais sa construction souffre d' « absence de progrès » considère l'AFME.

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Ce sujet était déjà revenu sur le devant de la scène en début de semaine. Le gouverneur de la Banque de France et le président de la Deutsche Bundesbank ont en effet rappelé, dans une tribune publiée ce lundi, l'urgence « d'une véritable union des marchés de capitaux » en Europe.

François Villeroy de Galhau et Joachim Nagel écrivent que « pour stimuler la croissance, tout en assurant les transformations verte et numérique, nous devons renforcer notre attractivité pour les investisseurs tant domestiques qu'étrangers ». Concrètement, cela signifie « l'établissement d'un point d'accès unique européen (European single access point, ESAP) comme plateforme d'information pour les investisseurs internationaux ». L'UMC devrait aussi offrir « une opportunité d'améliorer significativement la situation financière » des « jeunes pousses ». « S'agissant de l'accès aux marchés de capitaux, les petites et moyennes entreprises (PME), en particulier, doivent effectuer un rattrapage ».

Tous deux demandent à leur pays respectif de ne pas tomber dans le piège de la division alors que la crise « de la guerre russe en Ukraine, de l'énergie, de l'inflation » plombent l'environnement des entreprises. « Notre unité en devient plus difficile, mais encore plus indispensable. Et ce qui vaut pour toute l'Europe vaut d'abord et surtout pour le couple franco-allemand : nous diviser, ce serait nous condamner », écrivent-ils.

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(Avec AFP)

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