
Le constat est sans appel : la crise a mis un terme à deux décennies de rattrapage salarial en Europe centrale et orientale. Les piètres performances des salariés hongrois, polonais ou tchèques n'y seraient pour rien. Selon les chiffres établis par l'économiste Bela Galgoczi, la productivité du travail aurait continué à y augmenter, au point de raviver la concurrence sociale avec l'Ouest et d'enfermer le centre de l'Europe, malgré lui, dans un modèle à bas coût.
Son étude intitulée "Pourquoi l'Europe centrale et orientale a besoin d'une augmentation de salaire" publiée par la Confédération européenne des syndicats pointe du doigt les erreurs de politique économique commises après la crise qui ont abouti à relancer une concurrence sociale qui était pourtant en train de se réduire progressivement.
Salaire moyen dans les PECO en comparaison du salaire moyen allemand
"Entre le milieu des années 1990 et 2008, la convergence des salaires a été spectaculaire mais à partir de la crise, la convergence soit s'est arrêtée soit à substantiellement ralenti", explique l'économiste hongrois.
Des recommandations politiques erronées
Jusqu'à 2008, le rattrapage salarial a été soutenu par l'intensité des investissements directs dans ces pays et par l'émigration, deux facteurs qui ont contribué à raréfier la main-d'oeuvre et à faire monter les salaires. Cette dynamique aurait pris fin avec la crise. Mais elle aurait été aggravée, selon l'économiste, par l'intervention européenne.
"Les politiques de gestion de la crise européenne ont directement interféré dans les mécanismes de fixation des salaires dans un certain nombre de pays (Lettonie, Hongrie et Roumanie, placés sous assistance financière, ndlr) mais les effets de la modération salariale se sont étendus à toute la région", écrit-il.
La Commission européenne aurait identifié à tort les fortes augmentations des salaires des années pré-crise comme des problèmes centraux et plaidé - quand ce n'est pas imposé - une modération salariale sans établir de lien valable avec les facteurs de compétitivité de ces pays.
"La plupart des pays d'Europe centrale et orientale n'ont pas de problème fondamental de compétitivité prix", écrit l'auteur, rappelant que la part des salaires dans le PIB est de 7% inférieure dans les pays d'Europe centrale et orientale que ce qu'elle est à l'Ouest.
Une importante "réserve de productivité" qui ne profite pas aux salaires
En Pologne et en République tchèque, qui n'ont pas pas connu de problème particulier de déficit ou d'endettement public, la "réserve de productivité", autrement dit l'écart salarial qui pourrait être comblé sans nuire à la compétitivité, varie entre 20 et 40%. La productivité y est en effet très supérieure, dans l'industrie manufacturière, à ce qu'elle est en Allemagne. Or, en Pologne, seule la moitié des gains de productivité ont été réinvestis dans les salaires entre 2008 et 2015.
"Les salaires ne sont pas seulement plus bas qu'en Europe de l'Ouest mais... tendent aussi à être plus bas que le potentiel économique de ces pays permettrait", estime l'économiste.
L'Europe centrale et orientale n'avait pourtant pas vocation à suivre une stratégie de dumping social qui "maintient la région dans un rôle de subordination et de dépendance dans la division internationale du travail", écrit Bela Galgoczi. Elle devrait au contraire se remettre sur une trajectoire de rattrapage salarial avec l'Ouest, un horizon vers lequel avançaient les décideurs politiques en Hongrie, en République tchèque ou en Pologne jusqu'au milieu des années 2000.
L'économie ce sont aussi des cycles, les arbres ne montent pas jusqu'au ciel en continu.
On est dedans c'est dur pour eux et pour nous à certains égards, mais à long terme la prospérité partout en Europe est tout à la fois gage de paix et de progrès sociaux économiques pour tous.
J'ajoute que du haut de notre arrogance européenne occidentale, on oublie tous les brillants intellectuels, artistes et scientifiques venus d'Europe central et orientale qui ont jalonné l'Histoire de notre continent et on les prend pour des quiches. Ils sont pas plus idiots que nous et ils ont les mêmes objectifs de longs termes.
Simple, clair, ...et bon moyen pour augmenter les prestations sociales des pays d'Europe de l'est !
Étienne Vauchez, entrepreneur, son entreprise réalise 80 % de son activité à l’export. Il est le fondateur du principal think-tank sur ce sujet (la Fabrique de l’Exportation).
Président de la fédération OSCI (Opérateurs Spécialistes du Commerce International).
Livre : « L’export est l’avenir de la France »
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MOCI (Moniteur du Commerce International)
"ni l’euro fort, ni un coût du travail trop élevé ne sont à l’origine de nos contre-performances à l’exportation. Les causes ? Des approches dépassées de la pratique de l’exportation. Or, l’export est indispensable à la réussite de tout plan de soutien à l’industrie ou aux services."
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Étienne Vauchez. Cet attrait pour le protectionnisme c’est la conséquence des raisonnements simplistes sur les causes de nos difficultés à l’export, que j’évoque dans mon livre : on entend dire partout que si on ne réussit pas à l’export, c’est à cause de l’euro ou du coût du travail, parce qu’on a des salaires et des charges élevés par rapport à la moyenne du reste du monde ; on laisse se développer une logique où l’on associe baisse des salaires et mondialisation ; comme personne ne souhaite que les salaires baissent en France, la réponse c’est qu’il faudrait se réfugier dans le protectionnisme. Tout ceci est complètement faux mais il y a une cohérence apparente qui apparemment suffit dans le débat politique.
Bien sûr qu’on peut tout à fait réussir à l’export et profiter de la mondialisation avec des salaires élevés et une devise forte. Prenons le seul exemple de la Suisse : les salaires y sont une fois et demie à deux fois plus élevés qu’en France mais cela n’empêche pas la Suisse d’être un très grand pays exportateur avec un excédent commercial colossal de l’ordre d’une cinquantaine de milliards. On peut réussir nous aussi, en s’y prenant mieux et en utilisant nos propres forces (...)
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Un exemplaire du livre avait été adressé à chacun des 11 candidats avant le premier tour de la présidentielle.
Excellent livre !
Quels son les biens sur lequel la suisse s'est spécialisée et combien d’années a-t-il fallu pour mettre en place le tissu d'activité qui en est le responsable (on pourrait également mettre en avant les particularités fiscales de cet Etat)
On a a ce niveau pas le choix, il faut etre capable de vendre des choses complexes. C est vrai que ca pose des pb :
- capacite des entrepreneurs francais a innover et pas a se contenter d une rente (et pleurer dans les jupes de maman etat quand ca va mal). Il y a qu a voir l attitude de Gattaz (un heritier !) pour voir que c est pas vraiment ca
- capacite de la population a se former (faut pas rever, avec des bac -5 on pourra jamais avoir une economie high tech)
- fiscalite encourageant le risque et pas la rente (y a qu a voir comment on subventionne l immobilier et comment les actions sont diabolisees pour voir qu il y a du boulot)
- arret du lapinisme. Si on veut avoir des gens bien formes il faut mettre le paquet sur l ecole. Ce qui veut dire que non seulement ca va couter cher mais les parents devront plus s occuper de leurs enfants. Incompatible avec les familles nombreuses
Et comme d'habitude, l'Union européenne a bon dos. Il me semble que c'est la commission européenne qui est prépondérante par rapport au parlement, or elle est composée des représentants des nations. Critiquer l'Union européenne, c'est critiquer les gouvernements qui la composent. Des analyses que j'ai lues, j'en retiens que ces administrations, les représentants de l'état, sont facilement sujets à quelques tractactions de lobbys industriels..., même s'ils sont payés par la population pour faire le bien public.
Quand l'EFSA aura des conseillers exempts de conflits d'intérêts, ou quand l'UE interdira le glyphosate au nom du principe de précaution, je recommencerai à croire en l'UE.
La plupart des administrations (Et l'Europe et nos gouvernements en sont une) fonctionnent avec des idéologie.
Si vous ne rentrez pas dans le moule vous serez exclus des postes décisionnaires. Au niveau économique il existe une idéologie qui fait que le mot policy mix est un gros mot.
La banque mondiale et le FMI pourtant peut réputés socialistes avertissent réguliérement, via leur départment de recherche économique que les multiplicateurs sont largement sous évalué dans les calculs de politiques de modérations salariales et de réduction des déficits. Qu'est-ce que cela change? Rien parce que ca contredit le "bon sens des décideurs".
Malheureusement la science sociale n'a pas encore trouvé comment manager une organisation en la protégeant de ce genre d'effets.
Alors maintenant, vous n'avez plus besoins de conflit d'intêrêt, l'europe couvre parce ce qui favorise la modération salariale est la "bonne" décision. C'est vrai au niveau d'une entreprise pas au niveau de l'europe, mais pas grave. Et nous avons bien exporté le logiciel à l'est. Merci.
Vive Macron la garantie que nous allons encore un peu continuer.
Les GOPE Belges sont les mêmes que chez vous en France. Elles portent juste un autre nom. Même chose pour les soins de santé
Mr ASSELINEAU a tout compris. Avant de le découvrir, je ne savais rien de tout ça . J'ai 60 ans, j'habite à Bruxelles. J'ai honte de moi. Merci Monsieur ASSELINEAU. Mille fois merci, vous aviez encore une fois raison ....
Et quand on entend tout ces dirigeants européistes néolibéraux nous affirmer que l'europe c'est génial que tout va bien, eux on se demande s'ils l'aiment vraiment l'europe pour autant mentir sur elle ouvertement.
C'est ce genre d'article qui peut redonner foi en l'europe, c'est pas les négationnistes néolibéraux et leurs sempiternelles et insipides messes. Et elle en a des critiques à écouter notre UE, plein.
Encore merci.
Macron s’apprête à violenter les habitats de Nd des Landes et des environs qui ont voté à plus de 70% contre un aéroport inutile!
N'hésitez pas à les dénoncer, ils sont aussi d'immondes socialistes!
PS: Un minimum de culture sur l'histoire de l'Amérique centrale et du sud vous aiderait à comprendre que la barbarie n'est ni de gauche ni de droite. Mais la vérité vous intéresse t-elle?
4 mots me suffisent pour ne pas lire le reste et signaler votre commentaire comme trollage évident.
Les obsessions c'est pas bon pour la réflexion, sortez prendre l'air de temps en temps et épargnez nous vos commentaires d'une médiocrité affligeante svp, merci.
L' année dernière 180 000 emplois marchands créés, marge des entreprises repassées au dessus de 30%, utilisation à plus de 80% de nos capacités de production (jamais vu depuis la crise), in fine taux de chômage équivalent entre le début et la fin du quinquennat (après avoir plongé).
Année à venir? Unanimisme des révisionnistes nos perspectives sont positives, j'espère comme vous que cela se traduira sur les chiffres de l'emploi et au vue de l'utilisation de nos capacités, cela doit entrainer investissement et embauches.
Contexte mondial aussi plus porteurs, dès lors on peut estimer que la stimulation de la demande viendra déjà de l'extérieur. A mon sens bonne occasion de continuer sur l'offre et appuyer sur la demande de façon limitée.